L’Etat centrafricain  intensifie  des campagnes de sensibilisation des parents et des communautés en faveur de l’enregistrement des enfants à l’Etat Civil.  Pour ce mois de mars et avril 2023, la campagne est axée sur la sensibilisation des parents, les chefs des quartiers, les responsables de formation médicales et les responsables de l’enseignement fondamentale pour leur implication dans les activités d’identification des enfants scolarisés et ne disposant pas d’actes de naissance.

Le recensement de ces enfants se fait dans un premier temps dans les établissements scolaires publics de Bangui, Bimbo et Bégoua et permet de préparer les dossiers de ces enfants afin de bénéficier des jugements supplétifs permettant à chacun d’eux de disposer par la suite,  d’un acte de naissance et de poursuivre normalement la scolarisation notamment pour l’inscription à l’école secondaire. L’école Préfectorale de Bimbo a servi le samedi 18 mars dernier, de cadre pour la première étape de cette sensibilisation qui découle du plan de communication du Projet Pilote Européen d’Appui à la Modernisation de l’État-Civil en République Centrafricaine.

Promouvoir les droits humains et respecter les standards Internationaux

Cette campagne de sensibilisation, prévue dans le plan de communication du projet intervient dans un contexte où le gouvernement et le partenaire européen à travers CIVIPOL-RCA viennent de procéder à une pré-validation technique du rapport de diagnostic stratégique et d’orientation de l’élaboration de la politique nationale de l’Etat-Civil. Le document de la politique nationale d’Etat Civil (PNEC) viendra donner des orientations claires aux acteurs du secteur afin d’améliorer la situation.

Ce projet européen financé sur le 11ème Fonds Européens de Développement (11ème FED) est un atout important pour la modernisation de l’Etat-Civil en Centrafrique. Il s’agit d’un projet qui vise aussi à matérialiser l’engagement de l’Etat  Centrafricain à promouvoir les droits humains et à conduire le pays à se conformer  aux standards internationaux en matière de d’Etat Civil.

Agir vite  et susciter la participation de tous pour améliorer la situation  

Le pays accuse  un grand déficit en ce qui concerne la mise en place et la pratique d’administration des faits d’Etat Civil dans le respect de ses propres lois et des standards internationaux auxquels il adhère. Dans les écoles publiques ciblées par ce projet pilote, plus de la moitié de 12.000  élèves régulièrement inscrits ne disposent pas d’acte de naissance. Une menace pour leurs droits fondamentaux car, l’acte de naissance est le premier document de reconnaissance d’un citoyen, un document qui ouvre les portes à d’autres pièces administratives et à la jouissance des autres droits fondamentaux.

C’est ainsi qu’après cinq semaines de la campagne d’identification des enfants scolarisés sans actes de naissance lancée dans les écoles de Bimbo, de Nzila et de M’Poko Bac, un faible taux a été constaté. A l’école de Bimbo, l’équipe des assistants terrain de CIVIPOL-RCA avait distribué aux enfants inscrits, au moins 4000 fiches afin de recueillir les données nécessaires pour la préparation de leurs dossiers qui serviront de soubassements pour la demande des jugements supplétifs. Seulement 438 fiches sont retournées. Un gap important du manque d’information sur la situation de ces enfants reste à combler. Une forte implication des parents, des chefs des quartiers, des professionnels de santé et des responsables des écoles s’est révèle très nécessaire pour combler ce gap pour la réussite de ce processus d’identification et de préparation des dossiers de ces enfants pour les jugements supplétifs. 

Jessica Bengué, assistante terrain regrette que l’équipe ne dispose pas assez d’informations concrètes pour remplir la base des données. « C’est pour cela que nous sommes en train de faire cette sensibilisation pour informer les parents parce qu’on s’est rendu compte que les parents ne sont pas au courant et que les enfants ont pour la plupart perdu les fiches d’identification qui leurs ont été distribuées. Nous serons ici à l’école préfectorale de Bimbo pendant un mois parce que nous devons remplir toutes les informations. Avec cette sensibilisation, nous espérons que les parents vont réagir positivement. Ceux qui ne savent pas lire et écrire, nous les avons encouragé à se rapprocher des responsables de l’école, nous sommes aussi là pour les aider », a-t-elle fait savoir.

Un changement des comportements pour une nouvelle culture d’Etat Civil 

Un projet qui vient à point nommé, selon les parents d’élèves. Madame Bonnet Sylvie Parfaite, un parent d’élève, habitant le quartier Balapa 1 dans la commune de Bimbo revient sur l’importance de cette sensibilisation : « Nous sommes très contentes quand nous avons suivi les nouvelles pour l’établissement des actes de naissance des enfants. La majorité des enfants qui sont là n’ont pas d’acte de naissance, surtout que les évènements militaro-politiques ont fait perdre à de nombreuses familles leurs documents administratifs. Aussi, il y a des parents qui ne veulent pas déclarer la naissance de leurs enfants, surtout les femmes qui accouchent en dehors des services de santé. Pour de nombreuses personnes, c’est soit le manque d’information, soit le manque d’argent pour payer les frais car les préposés d’état civil  continuent d’exiger de l’argent même pour des cas devant bénéficier de la gratuité offerte par le gouvernement.  Les parents doivent saisir cette occasion offerte par ce projet pour régulariser la situation de leurs enfants », lance-t-elle.

Ce processus d’identification est une première étape de délivrance des actes de naissance aux enfants qui n’en disposent pas. Après le remplissage de la fiche de renseignement, un travail sera fait pour la délivrance des jugements supplétifs aux enfants qui n’ont pas d’acte de naissance afin de faciliter l’obtention de ce document. Le recensement des enfants scolarisés sans acte de naissance est donc une phase importante de la reconnaissance des droits humains particulièrement de l’enfant. Cette campagne devrait interpeler chaque citoyen centrafricain à son niveau, afin d’agir positivement et changer le comportement pour permettre au pays de disposer des statistiques correctes et réelles de sa population afin de mieux planifier son développement, grâce à une bonne administration des faits d’Etat Civil.

Zarambaud Mamadou