Créée par la loi n°22.006 du 20 mai 2022 la Chambre d’Agriculture et du Tourisme (CAT) est un organe de l’Etat qui bénéficie de la subvention via le budget du ministère du développement de l’Agriculture. La signature du décret n°23.013 portant adoption des statuts de cette Chambre l’a rendu opérationnelle avec des misions biens précises. Mais à ce jour, cette chambre éprouve d’énormes difficultés pour bien remplir sa mission. Oubangui Médias s’est intéressé à ce sujet.
La modernisation du secteur agricole, est une solution durable pour éradiquer la pauvreté en République Centrafricaine (RCA). Ce pays qui dispose des potentiels en agriculture veut repositionner le secteur de l’agriculture dans le développement économique et social. Les organes et agences qui contribuent à cette mission devraient être mieux traités pour parvenir à une productivité nettement supérieure à l’importation des produits alimentaires d’ailleurs.
Le gouvernement a fait du secteur de l’agriculture l’un des leviers du développement économique et social. Mais que se passe-t-il à la Chambre d’Agriculture et du Tourisme ?
La Chambre d’Agriculture et du Tourisme est constituée actuellement de deux fonctionnaires de l’Etat (Président et Contrôleur financier) et plusieurs autres travailleurs contractuels. Compte tenu de la tension de trésorerie, le gouvernement n’est plus en mesure de décaisser chaque trimestre le fonds de fonctionnement qui sert à payer les salaires des contractuels.
Mais, un trimestre vient de passer sans que l’argent ne soit décaissé. Le personnel vient de totaliser 4 mois d’arriéré de salaire, malgré les démarches administratives entreprises et l’accord du Ministre des Finances pour que les alaires soient payés directement par le Trésor Public, cette situation n’est pas encore régularisée.
Selon les informations de l’Oubangui Médias, les engagements initiés par la Direction Générale du Budget ne sont pas encore signés par le Ministre des Finances compte tenu de ses récents déplacements.
Mais quelles sont les conséquences?
En plus de la conséquence sociale que subit le personnel, depuis trois mois, les activités sont bloquées. Après la loi n°22.006 du 20 mai 2022 portant création de la Chambre d’Agriculture et du Tourisme, les autorités centrafricaines lui ont désigné comme autorité administrative chargée de la tenue du Registre des Sociétés Coopératives en RCA conformément aux exigences de l’Acte Uniforme OHADA sur le droit des Sociétés Coopératives.
Un comité technique avait été mis en place par le Ministre de l’Agriculture afin de mener des réflexions en faveur de la réalisation de cette activité importante qui s’inscrit dans la ligne droite des réformes entreprises par le gouvernement en ce qui concerne la création des Sociétés des Coopératives.
Aussi, la Chambre d’Agriculture et de Tourisme est chargée de mettre en place les sept (7) chambres régionales et la restauration de sa crédibilité, à travers l’organisation des élections consulaires d’une part, et d’autre part, le développement de l’entreprenariat en milieu rural, à travers les sociétés coopératives conformément à l’Acte Uniforme AHADA relatif au droit des Sociétés Coopératives (AUSCOOP). Là encore, un arrêté du ministre est attendu et compte tenu du retard de paiement, cette activité risque d’avoir un coup.
Cette Chambre, bénéficie ponctuellement des appuis des Projets qui sont sous tutelles du ministère de l’agriculture (PREPAS, PADECA, PAPEUR+…) et un projet de l’Agence Belge de Développement (ENABEL). Mais ces appuis ne vont pas dans le fonctionnement surtout le paiement des salaires.
RCA, un potentiel agricole sous exploité !
En effet, selon la Banque mondiale, près de 75 % des Centrafricains, en particulier les femmes, vivent de l’agriculture, essentiellement avec des emplois informels. Cependant, le secteur a été freiné au cours des dernières années par le manque d’investissement et de modernisation, ainsi que par la faiblesse des infrastructures, comme constate le rapport intitulé « Se garantir face aux risques croissants ».
La Banque mondiale note aussi bien que la RCA dispose d’abondantes terres arables et d’un climat favorable à l’agriculture et à l’élevage. Dans les années 2000 et 2010, un cycle d’instabilité politique a contribué à faire perdre au secteur une part de sa contribution à la croissance du PIB, passant de 55 % en 2011 à 32 % en 2020, alors que les récoltes, l’élevage, la foresterie, et la pêche enregistraient un déclin général de leurs productions.
Sur près de 15 millions d’hectares de terres arables, seulement 600 000 à 700 000 ha sont mis en culture chaque année, soit environ 1 % du territoire national et 4,4 % de la superficie arable.
Le pays mise sur l’entreprenariat agricole pour repositionner l’agriculture dans le PIB national. L’appui de la Chambre d’Agriculture et du Tourisme s’avère capital dans la réalisation de cette vision.
Fridolin Ngoulou
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