Le gouvernement centrafricain a lancé dans ses programmes des réformes des finances publiques le contrôle des fonctionnaires de l’Etat et la révision du fichier de ces fonctionnaires et agents de l’Etat. La première phase a été lancée de juin à décembre 2022. Le gouvernement lancera très bientôt la deuxième phase dans les villes de provinces. Le ministre de la fonction publique et des réformes administratives Marcel Djimassé a présenté la semaine dernière les résultats à mi-parcours de ces opérations devant les conseillers économiques et sociales à Bangui, à l’issu desquels il soutient que l’Etat pourra disposer de plus de 1.800.000.000 de FCFA et de 3000 postes qui seront libérés et permettront d’intégrer les jeunes en quête de l’emploi.

Ci-après la synthèse de la présentation du ministre Marcel Djimassé fait par le membre du gouvernement à Oubangui Médias à la sortie de cette rencontre présidée par Alfred Tainga Poloko, président du Conseil économique et social.

« L’exercice de cet après-midi vise à expliquer en quoi consiste le contrôle physique des fonctionnaires de l’Etat. Pour le commun de mortel, c’est vérifier la présence physique des fonctionnaires. Mais derrière ça il y a tout un tas de travail que nous sommes en train de faire pour la fiabilisation de l’ensemble de la chaine de traitement de salaire. Cela passe par la vérification des éléments des salaires sur chaque bulletin, cela passe par l’authentification de tous les actes…Mais il y a aussi l’ossature d’un tableau de bord que nous sommes en train de mettre en place d’une manière à ce que la gestion prévisionnelle des ressources humaines de l’Etat se prépare dès maintenant et que les enseignements que nous allons tirer à travers ce contrôle-là puissent ne pas nous prendre au dépourvu et qu’on se prépare dès maintenant à l’après contrôle.

Les chiffres sont clairs. Nous avons 21.410 fonctionnaires qui étaient convoqués pour le contrôle. Il en a 13.395 fonctionnaires qui sont venus au contrôle et 7590 ne se sont pas présentés. Et nous avons réparti cette liste aux différents départements ministériels pour demander aux ministres de nous confirmer s’il en a ceux qui sont dans les fichiers électroniques de leurs départements puisqu’ils ne se sont pas présentés aux contrôles. Cette vérification a été faite par ces ministères et aujourd’hui, nous avons un reliquat  de 3890 personnes qui ne sont pas venus et qui ne sont non plus reconnus par leurs départements.

Nous avons par ailleurs aussi fait un travail de revue documentaire qui a permis de détecter que dans nos fichiers, il y avait 280 retraités qui continuent à être payés par le Trésor Public. Nous avons eu 80 fonctionnaires décédés qui continuent à être payés. Tout cela, nous avons évalué l’impact.

Aujourd’hui, nous sommes en mesure de dire que très possiblement, il va y avoir 4.222 personnes qui n’ont pas leurs places dans ce fichier et qui donc pour nous sont des gens qui perçoivent indument l’argent de l’Etat. Cet argent qu’ils perçoivent indument, nous l’avons évalué à 1.800.000.000 FCFA.

Lorsque je dis que nous avons  3890 qui ne sont pas reconnus par les départements, c’est-à-dire que les départements ont reconnu environ 3700 personnes. Nous avons demandé à nos directeurs régionaux de nous envoyer la liste des fonctionnaires qui sont dans leurs régions. Tenez-vous bien, lorsqu’on fait le total, nous sommes à 2800 personnes que nos directeurs régionaux, les responsables de la fonction publique qui sont dans les régions ont confirmé. 2800 que mes directeurs reconnaissent, 3700 que les directeurs des ressources disent reconnaitre. Il y a donc 900 personnes en trop sur lesquelles il faudrait que le sort soit décidé. C’est le sens du 2e volet de travail qu’on va faire, en allant dans les provinces pour vérifier effectivement qui dit la vérité. Nous avons reçu le financement de la Banque mondiale pour la suite des opérations. Mais en tout cas, il y a déjà un stock de plus de 3000 personnes qui ne sont pas venus au contrôle et qui ne sont pas reconnus par les départements ministériels.

Déjà, c’est une immense opportunité pour le gouvernement centrafricain car la Banque mondiale, attirée par ces opérations  et les résultats envisage supporter une partie des salaires de sept ministères sociaux à savoir : le ministre de l’éducation nationale; le ministère de l’enseignement supérieur; le Ministère de la santé publique et de la population, le ministère de l’agriculture et du développement rural ; le ministère de l’élevage et de la santé animale, le ministre de la promotion de la femme et de la famille et le ministère de l’action humanitaire et de la solidarité nationale.

Nous sommes dans un pays qui malheureusement connait des tensions de trésorerie. 27,7 milliards de FCFA sur l’année, cela correspond à 2,3 milliards FCFA par mois. Or, l’ensemble de salaire du personnel civil avoisine 3,3 milliards de FCFA. Donc, c’est les 2/3 du personnel civil qui pourraient être supportés par cet appui.  Dans tout le cas, lorsque quelqu’un vient prendre en charge une partie des dépenses du foyer par exemple, c’est toujours une bénédiction parce qu’il ne te restera qu’une partie des dépenses à supporter par tes propres moyens » FIN.

Fridolin Ngoulou