Quatre  militaires assimilés aux casques bleus français de la Minusca ont été interpellés  par les forces de l’ordre centrafricaines avec des effets militaires lundi 21 février 2021. Les suspects se trouvaient dans un véhicule blindé. L’incident s’était produit 30 minutes avant l’atterrissage de l’avion à bord duquel se trouvait le président centrafricain.

Un jour après leur interpellation et après les réactions de l’Ambassade de France à Bangui et de la Minusca, le parquet de Bangui fait une déclaration et annonce l’ouverture d’une enquête régulière.

Déclaration du Parquet de Bangui

« Le mardi 21 février 2022, alors que les Forces de sécurité étaient mobilisées à l’aéroport international de Bangui M’ Poko, par rapport au retour du président de la République du Sommet de Bruxelles, elles ont remarqué la présence d’un véhicule suspect, moteur en marche avec des passagers à bord et s’y sont intéressés.

Il s’agit d’un véhicule suivi par les services de renseignement de la police depuis deux mois et qui se trouvait  sur le parking civil à moins de 30 mètres du passage du cortège présidentiel. Au moment de la vérification, on trouverait à bord, quatre militaires de race blanche, habillés en trehis, sans coiffure et lourdement armés. Ces derniers ont été conduits à la section de recherche et d’investigation pour besoin d’enquête.

Les premiers éléments de l’enquête  ont révélé que les quatre militaires seraient des légionnaires de nationalité française, italienne, bulgare et roumaine. Lesquels affirment qu’ils sont des éléments de la Minusca mais, curieusement, au lieu d’utiliser un véhicule estampie UN, appartenant à la Minusca, ils ont choisi d’utiliser un véhicule banalisé marque Toyota, V8 blindé, vitre fumée qu’ils auraient pris en location.

Au cours  de cette opération, il a été trouvé sur les suspects, quatre pistolets automatiques avec 10 chargeurs. Trois HK 416 avec 15 chargeurs, une arme collective mini mitrailleuse avec quatre boitiers, des grenades offensives et divers  effets militaires.

Fort de tout ce qui précède, le Parquet de la République près le Tribunal de Grande Instance de Bangui a décidé de l’ouverture d’une enquête régulière pour faire la lumière sur les faits. Etant entendu que la RCA est un Etat de droit, le Parquet demande à tout un chacun  d’observer le calme en entendant l’issue de la procédure en cours.

Fait à Bangui, le 22 février 2022

Le Procureur de la République,

Laurent Lengande. »

Communiqué de l’Ambassade de France en RCA

« L’équipe de protection rapprochée du général Marchenoir, chef d’état-major de la Force de la Minusca, composée de quatre militaires français, a été arrêtée cet après-midi à l’aéroport de Bangui. Ces quatre officiers de sécurité escortaient le Chef d’état-major de la Force de la Minusca pour prendre le vol Air France, avec leur équipement professionnel.

L’ambassade de France regrette vivement cet incident. Elle condamne son instrumentalisation immédiate sur certains réseaux malveillants et la désinformation grossière à laquelle elle donne lieu ».

Réactions de la Minusca

« Quatre membres du personnel de la MINUSCA chargés de la protection rapprochée du Chef d’état-major de la Force de la MINUSCA ont été arrêtés lundi après-midi devant les installations de l’aéroport international de Bangui-M’poko.

Ces derniers venaient d’accompagner le Chef d’état-major en partance pour la France.

La MINUSCA regrette cet incident et condamne vivement son instrumentalisation sur les réseaux sociaux, dans une tentative de manipulation de l’opinion publique. Elle rejette catégoriquement les accusations d’atteinte à la sureté de l’Etat.

Dans le cadre de leur dialogue permanent, le leadership de la MINUSCA est en contact avec les plus hautes autorités centrafricaines pour trouver une issue dans les meilleurs délais ».

En effet, cette arrestation intervient dans un contexte de tension diplomatique entre les autorités centrafricaines et françaises mais aussi entre les autorités centrafricaines et la Minusca, sur fond de la montée en puissance des paramilitaires russes à Bangui et de la suspension de l’aide budgétaire de la France à la Centrafrique. Cette suspension avait entraîné le retrait des conseillers militaires français, la suspension de la formation des FACA par l’EUTM-RCA dont la France fait partie.

Cette affaire vient s’ajouter à celle du français Juan Rémy Quignolo, arrêté en mai 2021 à Bangui et accusé de tentative d’assassinat du Président Touadera. 

Fridolin Ngoulou