Elodie (prénom d’emprunt) est une jeune fille de 27 ans et habitante de Mongoumba dans la Lobaye, localité située à environ 180 km de Bangui. Après ses échecs en relation conjugale, cette mère des 3 enfants vit en concubinage depuis plus de 9 mois avec  Paulin  (prénom d’emprunt). Malheureusement, cette nouvelle aventure amoureuse ne donne pas la vie rose à cette jeune dame.

Le calvaire de la vie conjugale d’Elodie

Elodie se fait torturer tout le temps par Paulin comme bon lui semble. Mais, le dernier cas a failli coûter la vie  à cette jeune dame: « Nous étions au campement de pèche. Une nuit, il m’a demandé d’honorer mon devoir conjugal. Chose que j’ai refusé car nous partageons la même hutte avec ses parents qui sont mes beaux-parents. C’est impossible de passer un rapport sexuel sous une hutte en présence de ma belle-famille. Mon éducation ne me le permet pas », a expliqué Elodie.

Le refus d’Elodie est alors mal digéré par Paulin qui considère cela comme la pilule la plus amère à avaler et décide de rendre la monnaie. « Il m’a alors dit, comme j’ai refusé, il va aller chez sa copine qui est dans un autre campement non loin du nôtre. Je lui ai dit de ne pas bouger mais il a quitté la hutte. Je sortais derrière pour l’empêcher de partir. Alors, il commençait à me taper de manière la plus sauvage. Il a saisi mon cou et j’ai perdu totalement de force. Heureusement que certains campeurs sont venus me libérer. En tout cas, je suis devenue son tam-tam », a-t-elle témoigné.

Les conséquences sur sa situation sanitaire

Cette torture a du coup impacté négativement sur la santé d’Elodie qui témoigne: « La nuit même, j’ai commencé à saigner par voie intime et je vomissais du sang aussi. Cela m’inquiétait car je suis enceinte de 2 mois. Le lendemain, j’avais trop mal au ventre. Je suis allée me soulager et là, une boule de sang m’était venue. Du coup, j’ai su que c’était l’avortement forcé suite à la torture que j’ai subi».

« Ma santé se dégradait, alors j’ai décidé de quitter le campement et revenir en ville. Le bon monsieur est alors sorti derrière moi pour dire à mes parents qu’il veut mettre fin à notre relation. Que c’est moi qui la trompe avec un autre garçon c’est pourquoi j’ai refusé de le satisfaire au lit. J’ai alors accepté sa décision. Je m’étais rendue chez lui à la maison pour prendre mes bagages. Il m’a suivi là-bas et voulait me frapper encore. J’ai fui pour être chez les voisins. Il a alors pris mes bagages disant qu’il va les bruler. Il a aussi confisqué mes 22 000 F CFA » a-t-elle poursuivit.

Selon les termes d’Elodie, son conjoint est un vrai « gigolo ». C’est elle qui s’occupe de la famille à travers ses petits fonds de commerce avec lesquels Paulin déguste allègrement le vin de palmier. Devant cette triste réalité, Elodie a saisi le commissariat de Mongoumba qui a finalement arrêté Paulin. « Les cas d’agressions et violences faites sur les femmes sont fréquents ici mais les victimes ne veulent pas souvent dénoncer leurs bourreaux. Pour celui-là, il sera en garde-à-vue en attendant le procès », a déclaré Stanislas Richard Semagovo, Commissaire spécial de police de Mongoumba.

Par manque d’un centre d’écoute sur les VGB dans la ville de Mongoumba, il est difficile de disposer des données sur cette pratique.

Les violences basées sur le genre, les agressions sexuelles et les féminicides ont pris de l’ampleur ces dernières années en Centrafrique. Les conflits armés que traverse le pays ont accentué le pourcentage. Le gouvernement, les organisations de défense des droits de l’Homme et les acteurs de lutte contre les VBG multiplient les actions pour y faire face mais la tâche s’annonce difficile et compliquée. Notons que selon le commissaire de la police de Mongoumba, justice sera faite pour Elodie afin que cela serve de leçon aux autres.

Alors que le gouvernement dispose d’une Stratégie Nationale de lutte contre les VBG 2019-2023, ces pratiques ont pris une proportion effrayante en Centrafrique.

Brice Ledoux Saramalet