L’histoire de la République Centrafricaine est émaillée de multiples et diverses crises militaro-politiques depuis plusieurs décennies. Tout se passe comme si la rébellion est institutionnalisée dans ce pays très riche mais avec une population très pauvre.

En effet, tous les régimes qui se sont succédés à la tête de la magistrature suprême de l’Etat en République Centrafricaine ne cessent de faire de multiples victimes à cause de la mauvaise gestion du patrimoine commun et des biens publics. Ces victimes, à leur tour, seront obligées de rentrer dans la brousse pour créer la rébellion avec le soutien et la bénédiction des mains invisibles si le régime commence à devenir une menace pour les intérêts des uns et des autres.

La République Centrafricaine est connue dans le monde entier pour ces multiples coups d’Etat échoués et réussis que les politiques font contre le régime démocratiquement installé. C’est ainsi que les analystes sérieux de la vie politique du pays ne cessent d’affirmer qu’en Centrafrique, les coups d’Etat sont des moyens ordinaires d’accéder au pouvoir, mais rarement par les élections, socle de la démocratie dans un pays qui se respecte.

Si l’on réfléchit à tête froide sur la vie politique de la République Centrafricaine depuis l’indépendance jusqu’aujourd’hui, l’on dirait que la prise de pouvoir par la force est le mode ordinaire et légitime d’alternance du pouvoir dans le pays ou d’être associé dans la gestion des affaires de l’Etat. C’est ainsi que le pays a connu 5 coups d’Etat réussis qui ont contribué à la constante instabilité de la République Centrafricaine depuis plus de 60 ans.

Pour rappel, après la mort accidentelle du premier Président, Barthélémy Boganda, David Dacko, devenu président à l’indépendance, fut renversé le 1er janvier 1966 par Jean-Bedel Bokassa. Le 20 septembre 1979, un commando français renversa Bokassa et permit le retour au pouvoir de David Dacko. Ce dernier sera de nouveau renversé le 1er septembre 1981, cette fois-ci par le Général d’armée André Kolingba. Après cette période agitée, suite à l’élection le 22 août 1993, d’Ange Félix Patassé, l’enchainement des coups d’Etat connut une accalmie. Dix ans après, Ange Félix Patassé a été chassé de son fauteuil présidentiel par son ancien chef d’État-major, le Général François Bozizé le 15 mars 2003 qui a été renversé par la coalition Séléka le 24 mars 2013, 10 ans plus tard.

Pour mémoire, la Séléka a été créée en août 2012. Elle fédère les cinq groupes armés suivants : l’Union des Forces démocratiques pour le Rassemblement (UFDR) dirigée par Michel Djotodia ; la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP) dirigée par Nourredine Adam; le Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) dirigé par Martin Koumtamadji alias Abdoulaye Miskine ; la Convention patriotique du salut du Kodro (CPSK) dirigée par Mohamed-Moussa Dhaffane; et le Mouvement pour la renaissance et la refondation/Mouvement politique alternatif en RCA (M2R) dirigé par Salvador Edjezekan.

Durant cette crise militaro-politique centrafricaine de 2012, les groupes armés se sont stratégiquement partagés le territoire national pour mieux contrôler et piller le sous-sol du pays. Ces groupes armés exploitent illicitement l’or et le diamant centrafricains au su et au vu de tout le monde. C’est ce qui leur a permis de s’approvisionner en armes et munitions de guerre.

Aujourd’hui, le République Centrafricaine est classée et considérée comme un pays sous-développé à cause de l’instabilité que le pays ne cesse d’enregistrer chaque décennie, due à la rébellion. Les initiateurs de ces rébellions, pour justifier et légitimer leurs actes anti-démocratiques et anticonstitutionnels, se disent victimes des régimes en place.

D’emblée, ces rébellions qui visent à prendre le pouvoir la force, trouvent des prétextes pour rendre justice en évinçant le président de la République. La CPC s’inscrit également dans cette logique pour rendre justice au peuple centrafricain alors que le peuple, fatigué des rébellions, affirme bel et bien qu’il n’est victime d’une injustice sociale.

Alors Touadera doit éviter les erreurs politiques commises par ses prédécesseurs pour un Centrafrique sans rébellion.

Joseh Nzah