Le cardinal Dieudonné Nzapalainga

En tournée dans le diocèse de Berbérati, dans l’ouest de la Centrafrique où il a été invité par l’évêque Mgr Dennis Kofi Agbenyadzi, le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui s’est entretenu avec La Croix Africa.

La Croix Africa : Pourquoi avez-vous entamé une tournée dans le diocèse de Berberati ?

Cardinal Dieudonné Nzapalainga : Après ma création comme cardinal en 2016, les évêques centrafricains m’ont invité à faire le tour de tous les diocèses. Cette année, je suis reçu par Mgr Dennis Kofi Agbenyadzi, évêque de Berberati. Dans ce diocèse comme partout en Centrafrique, le peuple a besoin de réconfort et ce type de visite pastorale le rassure. À toutes les étapes que nous avons jusque-là effectuées (Carnot, Bayanga, Gamboula etc.) les gens se déplacent par milliers pour nous accueillir. Parfois la foule tient sur 5 km. Certaines personnes montent sur les arbres rien que pour nous apercevoir.

Nous apportons un message de paix. Nous rencontrons les responsables des autres confessions religieuses pour promouvoir le dialogue interreligieux. Dans l’une des localités de la tournée où il n’y a pas de téléphonie et où les voies de communication sont impraticables, une femme d’un certain âge s’est jetée dans mes bras disant « je ne savais pas qu’un homme de Dieu pouvait venir à nous ».

C’est une image forte qui marquera cette tournée qui en même temps exprime la souffrance de ce peuple. Toute cette foule en liesse à chaque localité nous rappelle que nous les hommes de Dieu, nous ne devons pas décevoir. À Belemboke et à Monasao, deux localités de ce diocèse, c’était un plaisir de voir des Pygmées, jadis stigmatisés, à la chorale et à l’animation des activités pastorales.

Cette tournée intervient à quelques jours de l’élection présidentielle du 27 décembre.Quelle parole pouvez-vous délivrer à vos compatriotes à la veille de cette échéance ?

Ce peuple a assez souffert. Les jeunes ont besoin d’aller à l’école et les adultes de vaquer à leurs occupations quotidiennes pour subvenir aux besoins de leurs familles. « Je demande aux hommes en armes de les déposer car ils font peur. Que les urnes parlent et qu’on laisse les citoyens aller voter calmement et librement. »

Lorsqu’il y a des conflits armés, les premières victimes sont les faibles. Les riches, eux prennent bien soin d’envoyer leurs proches loin des balles. Il faut donc que les uns et les autres privilégient le dialogue.

L’on doit arrêter de sacrifier la vie des pauvres.

Avez-vous un message de Noël pour ceux qui vivent des moments difficiles ?

 L’on croit à tort que Noël est seulement une période de joie et de fête, oubliant que Jésus est venu au monde dans une crèche. Il est donc né dans une extrême indigence. Et c’est dans les moments difficiles que le Seigneur vient à notre rencontre pour nous redonner la force et l’espérance. Le monde traverse une période compliquée marquée par les guerres dans certains pays, la pauvreté dans d’autres et les maladies, dont le Covid-19. Mais nous savons que la vie appartient à Dieu et il inspirera des gens pour trouver une solution à la crise sanitaire mondiale.

Lucie Sarr

La Croix Africa.