L’avenir politique du Président Faustin Archange Touadéra est à rude épreuve. Il est émaillé par des évènements nationaux et conflits géopolitiques qui risquent d’impacter sur son mandat et ses projets des réformes constitutionnelles.

Si au plan national le Président Centrafricain Faustin Archange Touadéra doit faire face à de nombreux défis économiques, sociaux ou sécuritaires, l’actualité internationale ne dégage pas une bonne odeur pour le Professeur mathématicien qui résout actuellement des équations à plusieurs inconnus pour sortir son pays de l’ornière.

Silencieux, parfois très discret dans ses actions, le Président Faustin Archange Touadéra pousse une diplomatie offensive silencieuse à son actif et au bénéfice de son peuple, qui sort enfin d’une longue année des crises militaro-politiques qui ont détruit le tissu économique et social du pays.

Mais, son avenir politique reste incertain, voire incompris. Incertain tout simplement à cause de nombreuses crises latentes dans le pays.

Une crise politique prête à dégénérer

La crise politique est ouverte entre le régime et une partie de l’opposition qui s’oppose farouchement à son projet des réformes constitutionnelles, plébiscité à un haut niveau de la diplomatie internationale.

L’opposition projette le pire au cas où le Président Faustin Archange Touadéra tiendrait à son projet. Elle promet que le pays sera « ramassé en lambeau ». Une confusion d’ailleurs règne entre l’opposition politique et armée puisque les deux tiennent le même langage de va-t’en guerre.

Ce projet des réformes constitutionnelles, faut-il le souligner a déjà atteint un niveau de non-retour. Un rétropédalage semble être impossible à ce niveau. Là où le régime est arrivé, aucun président centrafricain qui avait l’intention de modifier la constitution en est arrivé.

Convoqué pour le 30 juillet 2023, le referendum constitutionnel est dans sa phase de pré campagne. La Direction nationale de Campagne multiplie les actions pour couvrir le pays tout entier afin de favoriser la victoire du OUI à la nouvelle constitution.

Au niveau interne dans son clan, le Président Touadéra devra encore et encore se méfier de son entourage. Selon des observateurs de la vie politique centrafricaine, ils sont nombreux à convoiter le fauteuil présidentiel car, nombreux sont aussi ceux qui n’ont pas accepté le projet des réformes constitutionnelles en espérant la fin du 2e mandat du président Touadéra pour se positionner comme dauphin.

Une crise sociale qui risque de tout chambouler

Depuis une année, le gouvernement a pu obtenir une trêve sociale. Les centrales syndicales ont pour la grande majorité suspendu les grognes sociales à cause des conséquences de la crise ukrainienne qui impacte l’économie mondiale et la suspension de l’aide budgétaire par les partenaires financiers internationaux. Même si certaines partenaires ont pu lever les verrous, les conséquences de cette suspension depuis 2019 sont encore palpables sur la vie économique et sociale du pays.

Le pays manque de carburant dont les prix ont été sensiblement augmentés à la pompe. Les conséquences sont énormes sur les ménages, car les denrées alimentaires ont connu une hausse vertigineuse. La vie devient chère.

En plus du carburant et ses retombées, la télécommunication a été taxée de 7% dans la loi des finances, créant ainsi un remous dans la société.

Le président Faustin Archange Touadéra est finalement assis sur un volcan déjà bien chauffé. Une mauvaise équation risque de créer un embrasement total du pays.

Et la crise interne en Russie ?

Cette crise interne déclenchée le week-end dernier en Russie entre Kremlin et le groupe paramilitaire Wagner met le président Faustin Archange Touadéra entre le marteau et l’enclume.

Ce groupe est allié au gouvernement centrafricain depuis 2017. Son apport a permis de mettre hors d’état de nuire les rebelles et autres groupes armés dans le pays. Conseillé au président Touadéra par son homologue russe Vladimir Poutine, le groupe Wagner, reconnu être un instrument militaire d’influence russe est entré en rébellion contre Vladimir Poutine. Son patron direct Evguéni Prigojine aussi bien introduit à Bangui dit vouloir tout faire pour épingler Poutine dont son armée avait bombardé ses troupes.

Alors, ceci se présente comme un conflit que le président Touadéra doit bien gérer son positionnement sinon, son avenir politique risque facilement de basculer.

Le président Touadéra doit être plus que jamais en face d’une situation complexe. De la crise politique interne en passant par des conflits géopolitiques mondiaux, son avenir politique fait face à une dure épreuve. S’il s’en sort bien de ces zones du turbulence, il sera le grand gagnant. Mais quelle formule mathématique appliquera-t-il pour sortir de ces crises ?

Fridolin Ngoulou