Nous, webjournalistes, blogueurs, influenceurs et autres parties prenantes réunis du 26 au 29 avril 2022 à Bangui, en République centrafricaine (RCA) dans le cadre du « Forum régional de sensibilisation, de partage d’expériences et de renforcement des capacités des médias numériques sur la prévention des conflits liés aux discours de haine et la lutte contre ce phénomène en Afrique centrale » ;

Prenant profondément conscience de l’importance de ce Forum et des enjeux de la formation dans la production et la diffusion d’une information de qualité dans les médias numériques ; 

Prenant également conscience du fait que la haine se nourrit souvent d’informations erronées ou falsifiées, en particulier dans les Etats en proie aux conflits armés, aux crises violentes ou à des processus électoraux tendus ;

Tenant par ailleurs compte des dangers de la manipulation des médias et de l’utilisation des discours de haine comme arme par de nombreux protagonistes ;

Considérant notre rôle crucial dans la promotion des médias numériques pour la paix, la tolérance, la non-discrimination et la sécurité dans la sous-région ;

Ayant à l’esprit les conclusions du premier Forum organisé à Douala (Cameroun), du 26 au 29 octobre 2021, et notamment la Déclaration créant la « Plateforme des organisations des professionnels des médias pour la paix et le développement durable en Afrique centrale » (PROMEDAC) ;

Notant avec intérêt les missions de ladite Plateforme prévoyant en bonne place « les actions visant à éviter, à freiner et à combattre vigoureusement la montée des discours de la haine dans les médias et sur les réseaux sociaux » ;

1. Saluons la tenue du Forum de Bangui et exprimons notre gratitude à la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) et au Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA) qui en sont les initiateurs ;

2. Exprimons également notre profonde gratitude aux institutions et partenaires qui ont contribué à la mise en œuvre de cette activité, notamment le gouvernement centrafricain, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RCA (MINUSCA), la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), le Centre des Nations Unies pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique centrale, le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme en RDC, le Bureau de l’UNESCO pour l’Afrique centrale et le Bureau de la Conseillère spéciale du Secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide et la responsabilité de protéger (OSAPG) ;

Dans le même esprit, tenons à remercier le Haut conseil de la communication (HCC) de la RCA et la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (HAMA) du Tchad pour leurs contributions au succès de ce Forum ;

3. Exprimons notre entière satisfaction pour la démarche pédagogique privilégiant l’interactivité, la richesse des expériences pratiques, la qualité des enseignements et des discussions ainsi que la pertinence et la profondeur des interventions des experts, en particulier celles du formateur principal, le Professeur Charly Gabriel Mbock ; 

4. Convenons de faire bon usage des expériences et des connaissances reçues, y compris la nécessité impérieuse de combattre sans réserve les « fake news » et tous les usages irresponsables des réseaux sociaux, en procédant systématiquement à la critique rigoureuse des sources et à la vérification des faits avant leur diffusion et, de manière générale, en exerçant notre métier dans le respect strict de l’éthique et de la déontologie du journalisme ;

5. Affirmons notre détermination à œuvrer partout où cela est nécessaire, pour la sauvegarde de la paix sociale, la cohésion et l’unité nationales, en ne relayant que des informations dont l’origine, la véracité et l’exactitude sont établies, tout en nous interdisant la calomnie, la diffamation, l’injure, les accusations sans fondement, la discrimination raciale, les arguments basés sur la région, l’ethnie et la religion ainsi que des propos mensongers ou ceux incitant à la haine, à la violence et à l’hostilité ;

6. Reconnaissons que la PROMEDAC peut servir de cadre de concertation et d’action sur ces questions fondamentales et décidons d’y adhérer individuellement et collectivement, à travers nos associations respectives, afin de mutualiser les efforts pour barrer la voie aux anti-valeurs professionnelles, et en particulier aux discours et aux messages incitatifs à la haine dans les médias, dans les réseaux sociaux et dans tous les autres supports de communication de masse ;

7. Soutenons tous les projets en faveur de cette cause, y compris le Forum à l’intention des régulateurs de la communication et des médias prévu à N’Djamena (Tchad) ainsi que celui envisagé à Kinshasa (RDC) avec toutes les parties prenantes en vue de l’adoption d’une stratégie régionale de prévention et de lutte contre les discours de haine en Afrique centrale.

8. A cet égard, accueillons avec satisfaction l’idée émise lors de la cérémonie d’ouverture par le Ministre centrafricain de la Communication et des Médias relative à la nécessité d’organiser également un Forum réunissant ses pairs de la sous-région pour définir un cadre juridique approprié devant permettre de combattre les discours de haine de manière concertée et collective ;  

9. Réaffirmons notre attachement à la liberté de la presse et nous réjouissons des échanges qui ont eu lieu sur le thème 2022 de la Journée internationale qui y est dédiée (3 mai), à savoir « le journalisme sous l’emprise du numérique » ;

10. Saisissons cette occasion pour plaider afin que les différentes parties prenantes concernées prennent des mesures urgentes pour renforcer la protection de cette liberté d’expression et pour résoudre le problème de la précarité des acteurs des médias et des réseaux sociaux ;

11. Insistons sur cette problématique en rapport avec le développement économique des médias, dans la mesure où la précarité en question est à l’origine des tares comme la corruption et la manipulation, phénomènes généralement accentués en période électorale et qui contribuent à la promotion inacceptable d’un journalisme de la haine au détriment d’un journalisme de paix que nous appelons de tous nos vœux ;

12. Sollicitons le soutien des partenaires nationaux, régionaux et internationaux en général et ceux des organisateurs du Forum de Bangui en particulier, pour la mise en œuvre de nos conclusions de nos travaux ainsi que des engagements contenus dans la présente Déclaration. Dans cette perspective, les encourageons à voir dans quelle mesure associer les entreprises en charge des réseaux sociaux à la dynamique en cours, notamment Facebook, Twitter, Youtube, TikTok, etc. 

Fait à Bangui, le 29 avril 2022

Les participant (e)s