Lors du dialogue républicain tenu en fin mars dernier à Bangui, la question de modification de la Constitution a été mise sur la table de discussion par certains proches du pouvoir de Bangui. Cependant, après des vifs débats, le présidium s’était déclaré incompétent face à ce sujet et l’a renvoyé à la compétence de l’Exécutif et de l’Assemblée Nationale. Mais, à ce jour, cette problématique continue son chemin par le biais du mouvement le Front Républicain qui a lancé une pétition afin d’aboutir à cette modification.

La problématique de la modification de la Constitution a été sujet polémique et sensible qui a occasionné même des crises en Centrafrique. Si, ceux qui sont des adversaires au pouvoir du président Touadera et certains défenseurs des valeurs démocratiques ont toujours opposé à cette idée de modification de la Constitution, c’est tout le contraire chez les amis du pouvoir de Bangui qui pensent que cette Constitution est pleine de vide juridique qu’il faut combler.

Le Front Républicain de Héritier Doneng mène le combat

C’est ainsi qu’après l’échec suite à la première tentative lors du dialogue républicain, le Front Républicain que dirige Héritier Doneng, directeur de cabinet au ministère de la promotion de la jeunesse, a initié une pétition visant à servir de voix demandant aux élus de la nation d’organiser une consultation républicaine en faisant allusion à un referendum qui conduira à la modification ou non de la « la Loi mère » de la République centrafricaine.

« Je vous confirme que 8 centrafricains sur 10 n’ont pas lu la Constitution du 30 mars 2016 alors que celle-ci est pleine de vide juridique à l’exemple de l’article 154 qui fait toujours références et donnes encore une valeur juridique  aux institutions de transition alors que nous avons déjà un chef de l’Etat démocratique élu », a expliqué Héritier Doneng, président du mouvement Front Républicain.

Il a aussi ajouté : « Nous avons alors lancé une compagne dénommée 30 jours d’activisme pendant laquelle, nous avons effectué des déplacements à l’intérieur du pays et aujourd’hui nous avons pu recueillir plus de 600 milles signatures. Ce qui est avantageux est que nous tenons à ce que certains aspects tels que la loi sur les minorités, le concept genre, les droits des enfants, l’autonomisation des jeunes soient pris en compte car cela ne figure pas dans l’actuelle Constitution.  Nous allons les remettre aux députés ce vendredi 29 avril et il revient d’apprécier ».

Sinon à la question de savoir qui est en train de soutenir cette initiative, si n’est pas le pouvoir de Bangui, Héritier Doneng a répondu : « le Front Républicain ne bénéficie du soutien d’aucune personne et la dire cette modification de la Constitution va permettre au président Touadera de briguer un 3èm mandat, nous ne pouvons pas répondre à cela car c’est Touadera seul qui peut prendre une telle décision ».  il veut par-là dire qu’il se dédouane de toute insinuation visant à pérenniser le pouvoir de Touadera.

Des avis contradictoires

Toutefois, ces arguments ne tiennent pas debout devant certains centrafricains qui les rejette en bloc : « Ils peuvent duper qui dans ce pays ? Nous avons tous qu’ils sont financés par le pouvoir en place qui ne veut rien lâcher. Ce ne sont pas eux qui appellent le président Touadera leur Champion ? » S’interroge Gatien, étudiant en Droit à l’Université de Bangui.

Quant à Prudence, aussi étudiante en Droit,  elle se dit inquiète de cette initiative : « Notre pays a connu des crises à chaque fois quand on parle de modification de la Constitution. Je suis certaine que nous connaitrons une nouvelle crise s’ils tiennent vraiment à ce projet. Que la sagesse guide toutes les entités démocratiques et que chaque partie pense à la souffrance du peuple ».

Les regards sont alors braqués vers les élus de la nation qui sont appelés à se prononcer au nom des 5 millions de Centrafricains. Certains observateurs pensent déjà que l’Assemblée nationale risquerait fort bien de valider cette proposition du moment où le parti au pouvoir contrôle déjà la majorité. Cependant, on doit s’attendre aussi à une réaction vive de la société civile qui s’était opposée farouchement à ce sujet lors du dialogue républicain.

A suivre…

Brice Ledoux Saramalet