Chose promise, chose due, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont décidé dans la journée du 09 janvier de voter des sanctions contre la junte militaire au pouvoir depuis 2020 au Mali et qui a présenté un nouveau chronogramme de la transition qui court jusqu’en 2025. Ces sanctions sont:

    1. la fermeture des frontières entre le Mali et les pays membres de la CEDEAO,

    2. le gel des actifs maliens au sein de la Banque Centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest,

    3. la suspension des transactions sauf pour les produits de première nécessité et pharmaceutiques.

    4. Gel des aides financières au Mali;

    5. rappel des ambassadeurs des pays membres au Mali.

«Ces sanctions seront appliquées immédiatement. Elles seront progressivement levées uniquement après l’obtention d’un chronogramme satisfaisant soit finalisé », a indiqué la CEDEAO dans son communiqué.

Réciprocité: Réponse du berger à la bergère

Sans pour autant attendre et négocier, le Mali a répliqué dans la même journée en adoptant une série de décisions pour montrer qu’il est aussi “garçon”.

Le Gouvernement a d’abord condamné ses sanctions qu’il a qualifiées d’ »illégales et illégitimes » ainsi qu’”inhumaines”. Pareillement, il appelle à la solidarité et à l’accompagnement des pays et institutions amis”. Enfin, le Mali a rappelé tous ses ambassadeurs accrédités dans les pays membres de la CEDEAO en guise de réciprocité.

Et les conséquences?

Confronter à une insécurité au Nord et au Centre du pays par la présence de l’hydre terroriste, les autorités maliennes ont demandé la prolongation de la Transition pour pacifier le pays. Mais, la sanction de la CEDEAO pourra intensifier l’instabilité et priver le Gouvernement de moyens pour soutenir la guerre contre les bandits qui écument le pays. Pareillement, l’embargo risque bien d’appauvrir la population et baisser le volume d’échanges avec ses voisins surtout que le Mali est un pays enclavé.

Mais dans cette situation, la résilience du peuple malien sera au rendez-vous. L’Algérie et la Mauritanie qui sont frontaliers avec le Mali pourront servir de désengorgement au blocus imposé par la CEDEAO.

Algérie et Moscou à la rescousse sur fonds de tension géopolitique?

Il faut noter que l’Algérie est un partenaire stratégique du Mali dans la région et des rumeurs évoquent la présence russe à Bamako pour la réforme de l’Armée et la traque des terroristes. A propos, des informations non officielles affirment qu’Alger aurait accepté l’utilisation de son espace aérien par la Russie pour mener des opérations au Mali. Cette décision coïncide avec un contexte de tension entre la France et l’Algérie. Rappelons que début octobre 2021, Alger avait annoncé l’interdiction du survol de son territoire aux avions militaires français. Une réponse au soutien français au Maroc dans l’affaire qui oppose l’Algérie avec le Maroc.

S’agissant des russes, leur présence a été signalée à Tombouctou (nord du Mali) et cela a suscité une réaction de la France qui avait déjà prévenu Bamako des risques de sanctions s’il faisait recours à Moscou dans “sa chasse gardée”. Alors, doit-on s’étonner du blocus décidé par la CEDEAO contre le Mali?

Nous suivons de près l’évolution de la situation semblable au jeu d’échec que se livrent la France et la Russie au cœur de la forêt équatoriale en Centrafrique.

Junior Max Endjigbongo