La dernière décision du Fonds Monétaire International de prolonger le programme de référence en faveur de la Centrafrique lève un coin de voile sur une position un peu générale des bailleurs mais qui ne dit pas son nom.

Depuis 2020, quelques mois avant les élections groupées de décembre, la France a décidé de geler son appui budgétaire en faveur de la Centrafrique. Les autres bailleurs ont suivi ce pays en suspendant leurs aides, suite, selon nos informations, à une sensibilisation de la France auprès de ces institutions financières.

Diplomatiquement, les institutions financières internationales étalent des conditions que le gouvernement centrafricain devrait remplir avant de pouvoir bénéficier à nouveau des appuis budgétaires, très vitaux pour l’économie de la Centrafrique.

L’on sait que parmi ces conditions, figure le retrait des experts russes en appui à la Douane Centrafricaine et la transparence dans la gestion des fonds au profit des forces de défense et de sécurité.

A la fin d’une mission du FMI en Centrafrique, le 13 juillet 2022, le Premier ministre Félix Moloua a clairement donné la lecture du gouvernement, même s’il n’a pas cité nommément la France.

« Nous n’avons pas la prétention de rompre les relations avec les institutions de Breton Woods, mais nous devons chercher à améliorer les conditions de vie de nos populations… Mais nous constatons que les institutions financières internationales ne sont plus objectives. La subjectivité est bien entrée dans les institutions… Nous constatons avec regret qu’un pays peut décider de sanctionner un autre à travers les institutions financières internationales… », a déclaré le Premier ministre Félix Moloua.

En effet, en raison de la fragilité de la situation économique et financière de l’heure, le ministre Hervé Ndoba a rappelé à ses collaborateurs, la nécessité de poursuivre les travaux de l’immersion budgétaire entamés le 16 mars dernier. Il n’est pas superfétatoire de rappeler que par une note de service adressée au conseil des ministres le 10 mars 2022, relative à la gestion budgétaire en ces temps de raréfaction des deniers publics, en raison de l’absence des concours financiers de la part des partenaires techniques et financiers et le conflit russo-ukrainien en cours, le gouvernement a autorisé le ministère des finances et du budget d’organiser les séances d’immersion budgétaire en vue de parvenir de manière consensuelle à une loi de finances qui soit pragmatique.

Au regard de cette compréhension, le gouvernement centrafricain se prépare à présenter aux députés de la nation une loi de finances rectificative qui doit prendre en compte, les impacts de la guerre en Ukraine et du regain de l’insécurité sur l’économie nationale et les finances publiques, plus précisément le budget de l’Etat. Cela pourrait se traduire par une réduction des dépenses publiques ou des prévisions des recettes intérieures dans le budget révisé.

Ces situations placent clairement la Centrafrique dans un pays à haut risque. Les sanctions doivent être officielles au lieu de se cacher derrière des conditions que le gouvernement ne sauraient tout remplir.

Fridolin Ngoulou