Le ministre conseiller en Communication du chef de l’Etat et porte-parole de la Présidence de la République Albert Mokpem Yaloke, a, le weekend dernier passé en revue les sujets phares de la semaine qui restent encore d’actualité. Il a été interviewé par plusieurs journalistes.

RNL : Bonjour Monsieur le ministre Conseiller, porte-parole de la Présidence, Il y’a des travaux de destruction des maisons sur la colline vers le secteur Belle Vue à Ngaragba. Les victimes trouvent illégales ces destructions. Comment la présidence appréhende les démolitions et les réactions des victimes ?

Albert Mokpem Yaloke : Bonjour et merci. Voici les faits. Sur la colline de Ngaragba, en 2017, il y a eu la journée nationale de l’arbre sur la zone protégée car toute la colline n’est pas dans la zone protégée. Il y a une partie destinée à la construction immobilière. Mais la zone protégée a été délimitée par des experts nationaux et internationaux.

Selon les experts, dans l’avenir, cette colline présente des risques notamment le glissement de terrain. Mais il y a des gens véreux qui ont débordé pour construire des logements dans la zone protégée. Les services d’urbanisme et des eaux et forêts ont constaté ces débordements et ont discuté avec les occupants. Il y a eu un moratoire pour arrêter les constructions. Ils ont été notifiés pour arrêter les constructions.

Les occupants qui se sont faits avoir et qui ont acheté des terrains dans les zones protégées se sont ensuite constitués en collectif pour porter l’affaire en justice. Ils ont été déboutés, ce n’est pas une décision du gouvernement ni de la présidence. Ils ont saisi la justice et la justice a tranché en les reprochant d’avoir construits dans une aire protégée. Les huissiers de justice leur ont donné un délai pour démolir.

Le président de la République dans son discours lors de la journée de l’arbre au PK22 a été clair que quand il a été saisi de cette affaire, il a instruit les ministères compétents de tout mettre en œuvre pour appliquer la loi.

Nous avons compris que ceux qui ont acheté sur la colline ne sont pas des pauvres, ils savaient très bien alors que l’Etat n’autorise pas de construire dans les zones protégées et des zones à risques.

A partir de là, on applique la loi ou  pas? Avant d’acheter, il faut voir si c’est achetable.

RNL : Monsieur le ministre, le président de la République fait de l’impunité zéro son cheval de bataille. Il y a des ministres qui ont été cités dans les rapports de The Senty. Est-ce que cette impunité doit s’appliquer seulement à d’autres personnes ?

Albert Mokpem Yaloke : Nous sommes dans une période transitoire. Au niveau de la justice, il y a des centaines de dossiers en traitement. Il faut bien commencer quelque part. Nous sortons d’une crise qui a fragilisé les services de l’État mais vous voyez que petit à petit, les choses se normalisent.

Quand on fait les choses comme il se doit, il y aura toujours des critiques. Les mêmes personnes qui demandent l’impunité zéro, ces mêmes personnes vont demander l’indulgence. C’est un combat et cela n’est pas seulement l’affaire du président de la République seul. Il faut que tout le monde s’y mette.

Oubangui Médias : Le comité d’organisation du dialogue Républicain s’est installé. Quel sera son agenda ?

Albert Mokpem Yaloke : Une mission a été confiée au comité d’organisation du dialogue Républicain. Le comité est chargé de bien mener ce dialogue. Ce dialogue est prévu d’ici deux, trois mois et le comité est chargé de préparer l’agenda. Le comité est chargé de gérer l’ensemble des personnes qui vont prendre part. Le comité va tout préparer et proposer la date au président de la République pour convoquer le dialogue.

Le Démocrate : Au-delà des missions assignées à ce comité, vous aller convier les rebelles  à ce dialogue?

Albert Mokpem Yaloke : Vous voulez qu’on légalise les groupes armés ? Écoutez, il y a eu des consultations nationales qui ont duré trois semaines et lors de ces consultations,  des Centrafricains, les forces vives de la Nation ont exprimé clairement leur position. Voilà pourquoi, le président de la République dans son discours du mois de juin après les consultations a dit ce qui ressort des synthèses des points de vue. Les Centrafricains disent : nous voulons aller au dialogue pour parler entre nous. Mais plus de dialogue avec les groupes armés. Nous devons combattre les groupes armés jusqu’à ce que l’année 2022 deviennent pour nous une année sans rebelles. La Constitution est claire là-dessus. Prendre les armes contre les Centrafricains, contre les institutions de la République est proscrit.

Aussi, la majorité a dit que le dialogue doit se tenir en République Centrafricaine. C’est fini les accords qu’on va négocier dans tel ou tel pays. Et, le dialogue sera tenu sous le leadership du chef de l’État et non des médiateurs qui manipulent les Centrafricains de gauche à droite. Voilà ce qui a été clairement dit lors des consultations nationales.

Le président a dit, tous les crimes de sang, tous les crimes économiques ne doivent pas rester impunis.

L’APPR est là, on avait négocié cet accord avec les groupes armés pour avoir quel résultat ? Nous sommes encore là en train de nous battre contre la rébellion. Voilà des gens qu’on met autour de la table, pensant que les violences et les misères vont s’arrêter sur le peuple centrafricain et demain, ils reprennent des armes et cela est devenu un mode de revendication pour faire souffrir le peuple, non, plus question de dialoguer avec les gens qui ont repris les armes.

Ceux qui déposent les armes aujourd’hui, vont être pris dans le cadre du DDRR, défini dans l’APPR. Voilà ce qui est sorti de ces consultations. Il n’est plus question d’aller discuter avec les rebelles. Il faut écouter les Centrafricains. Une chose est sûre, il faut écouter ce que les Centrafricains disent.

Ndjoni Sango : Monsieur le ministre Il y a deux mois, l’embargo a été reconduit d’une année sur les armes, avec des conditions. Le gouvernement répond-t-il déjà à ces conditions ?

Albert Mokpem Yaloke : Notre volonté, la volonté du peuple centrafricain, il a exprimé à plusieurs reprises est la levée totale de l’embargo. Cette décision, nous l’avons ressentie comme une double peine, parce que les Centrafricains dans leur immense majorité apprécient et voient la montée en puissance des Forces Armées Centrafricaines, mais elles sont dépourvues de moyens.

Depuis plusieurs années, nous travaillons au relèvement de nos forces de défense et de sécurité. Elles ont suivi des formations diverses, nous avons travaillé à nous équiper, nous avons travaillé pour mettre en place des dépôts de munitions répondant aux normes internationales, nous avons travaillé à l’identification des hommes de tenue et des armes qui leurs ont été confiées. Cela fait partie de toutes les conditions. Mais malgré tout cela, on continue de penser que l’embargo doit être maintenu.

Ces sanctions pénalisent beaucoup plus l’armée régulière que les groupes armés non conventionnels. Voilà pourquoi les Centrafricains ont ressenti comme une injustice le prolongement de cet embargo.

C’est grâce à des accords bilatéraux que le pays a fait face à l’agression de fin 2020 début 2021.

Là où la frustration est trop grande, ce qu’on a le sentiment qu’un pays souverain, un pays membres de l’ONU, attaqué dans ses frontières, on ne nous laisse pas les moyens de nous défendre. C’est regrettable.

Par Fridolin Ngoulou