Le général français Stéphane Marchenoir, chef d’état-major de la mission de maintien de la paix des Nations unies en Centrafrique, la Minusca, quittera ses fonctions au mois d’août, après un an à ce poste. Cette information est donnée par le site Afrique Intelligent.
Selon ce journal diplomatique, son départ sonnera la fin d’une ère au sein de la mission, puisqu’il sera le dernier français à occuper cette fonction traditionnellement dévolue à Paris. « En échaudé par l’incident de février qui avait conduit à l’arrestation de quatre militaires français à l’aéroport de Bangui, le chef d’état-major français Thierry Burkhard s’est personnellement assuré que cette charge ne sera plus confiée à un général de son pays », peut-ton lire dans ce journal en ligne.
Il s’agit d’un désengagement de plus de l’armée française en RCA, autrefois chasse gardée des militaires tricolores. Depuis le retrait effectif des 2.500 hommes de l’opération Sangaris en 2016, l’engagement français au Sahel et l’arrivée des Russes à Bangui en 2018, la France a réduit la voilure à moins de 200 hommes.
Ainsi, la base de M’Poko, près de l’aéroport, accueille depuis 2021 une simple mission logistique de 130 éléments en lieu et place du détachement opérationnel. En début d’année, l’EUTM-RCA, mission de formation de l’Union européenne (UE) et gros pourvoyeur de militaires français à Bangui, a gelé la majorité de ses missions, à la suite d’un audit mené par le général Jacques Langlade de Montgros qui a pris en avril la tête de la Direction du renseignement militaire.
La France, une perte d’influence
Véritablement, la France perd ses influences politiques et militaires en Centrafrique, depuis l’arrivée des russes en 2018. Visée par une campagne de désinformation et parfois des révélations sur certaines positions, la France aura à faire un choix difficile de se retirer des positions stratégiques et de poursuivre ses relations diplomatiques à la base comme tout autre pays ami de la Centrafrique.
Avec l’information du retrait de l’Etat-major de la Minusca, la dernière carte de la France est économique et financière. Sa voix compte encore au sein des institutions financières internationales. Elle était la première à suspendre son aide budgétaire et les autres comme le FMI, la Banque mondiale, l’Union Européenne l’ont suivi.
La Minusca qui est née suite à un plaidoyer et une Résolution proposée par la France au Conseil de Sécurité est, elle-aussi en difficulté de remplir son mandat. Plusieurs fois accusées de passivité face aux actions des groupes armés, les forces de la Minusca ont trouvé une autre stratégie de mener des opérations conjointes avec les forces de défense et de sécurité, qui elles aussi reçoivent l’appui des instructeurs russes et des alliés rwandais. Une prise de position qui met effectivement la France en difficulté car, la présence russe auprès de l’armée n’a jamais été agrée par Paris.
La Centrafrique, pays souverain diversifie ses partenaires et alliés pour sauver le peu qui reste après des multiples crises qui ont fragilisé son tissu économique et social. Plusieurs partenaires de la Centrafrique observent la position de la France. Pays convoité, la Centrafrique attire de plus en plus d’autres pays, malgré le contexte difficile qu’il traverse.
Fridolin Ngoulou
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