Plusieurs faits et actes ces derniers jours dans le pays mettent ces deux concepts en conflit permanent. Dans un Etat de droit où l’Etat d’urgence vient enfreindre la liberté, trouver le juste milieu devient encore difficile.

« La Centrafrique est un Etat de droit », déclare-t-on dans les discours. Sachant qu’un Etat de Droit désigne un État dans lequel la puissance publique est soumise aux règles de  droit. L’État de droit implique une hiérarchie des règles de droit, l’égalité devant la loi et la séparation des pouvoirs.

Dans un Etat de droit, toute personne a le droit de circuler librement à l’intérieur d’un Etat ou de quitter le pays et de revenir.

Au regard des faits qui sont produits depuis la résurgence des violences dans le pays, notamment l’interdiction de voyager à certaines personnalités dont Catherine Samba Panza, Anicet Georges Dologuele, Martin Ziguélé et Abdou Karim Méckassoua avec confiscation de certains passeports par la justice, l’Etat de droit est mis à rude épreuve.

Depuis janvier, le pays, pour face aux violences dans le pays a basculé vers un Etat d’urgence. Un Etat d’urgence vaut restriction de certaines libertés fondamentales. Toute sortie à l’extérieur du pays est soumise à une autorisation expresse du ministère de la sécurité publique. 

Mais depuis quelques jours, la justice doit aussi autoriser toute sortie des leaders politiques.

En effet, le gouvernement soupçonne l’implication de plusieurs leaders politiques dans les violences actuelles, créées par la coalition des patriotes pour le changement (CPC) dont François Bozizé a pris la tête. Mais, le rapprochement Bozizé à travers son parti KNK avec la coalition d’opposition démocratique (COD20) et la signature d’un accord électoral mal tourné entre François Bozizé du KNK et Anicet Georges Dologuélé de l’URCA a enfoncé le clou.

Mais cela justifie-t-elle l’interdiction de voyager pour des motifs bien connus ? Pour l’heure, à part le mandat d’arrêt émis contre les leaders de la CPC, aucun leader politique ne fait l’objet d’un mandat d’arrêt officiellement. A moins que les enquêtes ouvertes au lendemain des attaques de la CPC établissent les responsabilités de chacun.

Il faut toutefois rappeler que le président du Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC) Désiré Nzanga Bilal Kolingba avait bénéficié de cette autorisation de sortie pour suivre des soins au Congo Kinshasa, de même que Sani Yalo, proche du pouvoir qui était évacué pour raisons de santé.

Comment trouver le juste milieu ?

L’Etat d’urgence décrété et voté pour six mois par l’assemblée nationale afin de  permettre au pays de faire face aux violences semble être la raison brandie par les autorités pour justifier l’interdiction de voyager.

Le juste milieu consistera à assouplir cette mesure et cibler plutôt les responsables des violences dans le pays même si l’on sait que quand la vie de la communauté est menacée, le droit de l’individu passe en second plan.

Fridolin Ngoulou