Au quartier Balapa 3 au sud-ouest de la capitale Bangui dans la commune de Bimbo, Jérémie Romaric Matalimbo se lance dans la fabrication artisanale des marmites en aluminium dans son atelier multiservices. Dévoué, il s’active au jour le jour à la production de ces marmites de cuisine plus utilisés dans les ménages centrafricains. Oubangui Médias est allée à son rencontre.

Sous un toit en tôle fixé sur des poteaux en bois, l’artisan, Jérémie Romaric Matalimbo se livre à une tâche ardue quasi quotidienne de fabrication des marmites à base des résidus de l’aluminium soit des tôles en alu. Chaque étape est indispensable selon les modèles des moules qui va définir les différentes formes de marmites, des plus petites au plus grandes et autres accessoires de cuisine.

Pour l’artisan, Il va devoir liquéfier l’aluminium pour verser dans les moules en sable apprêtées afin d’obtenir une marmite. 

« Le travail délicat à faire, c’est de bien fabriquer des moules avec une terre de qualité spéciale, pour avoir une finesse courbe en forme de marmites et couvercles afin d’éviter toute imperfection en tenant compte des paramètres de repère. Pour obtenir deux qualités de marmites lourdes et légères sur commandes des clients, nous utilisons de sable fin et de l’argile tamisée pour bien mettre un petit écart lors du coulage. La fonte d’alu doit hautement être surchauffé à 90° Celsius pour couler dans les moules », a précisé le chef d’atelier, Jérémie Romaric Matalimbo.

Dans cet atelier nommé « rien que le commencement », la production journalière minimum est de 10 marmites au maximum 20 marmites à condition d’avoir plus de quantité d’aluminium collecté. Jérémie Romaric Matalimbo explique la qualité de marmite à malaxé le foufou de manioc. « La moyenne marmite pour préparer le foufou de manioc, nous avons besoins de 4 kg d’aluminium et généralement la réussite d’une marmite est à 80 % et 20 % de marge de raté avec des trous dessus qu’on peut parfois qualifier de défaut de coulage ».

Ecoulement des produits et difficultés économiques

En effet, chaque marmite a un nom de label et son prix : « Nous vendons de la plus petite marmite à la grande marmite aux prix qui sont fixés de 1000 F CFA à 15000 F CFA. Le prix d’une marmite dépend du prix d’achat de l’aluminium. Le Kilo d’aluminium lourd ou léger est vendu à 400 francs CFA, parfois le prix de la matière est négociée ou estimée », explique Jérémie Romaric Matalimbo.

Les difficultés économiques sont souvent rencontrées en période de la rentrée scolaire. Le prix chute car les économies sont concentrées sur les fournitures scolaires. « Nous sommes très affectés par la rentrée scolaire, nous n’arrivons pas à écouler nos produits. Au vu la hausse du prix de carburant, cela joue sur le prix du charbon. De même, nous faisons face à la crise de matière d’alu sur le marché. Il n’y a que le galva et inox ».

La fabrication des marmites en aluminium se fait à base des matières premières comme le sable et l’argile. En plus, elle prend en compte le recyclage des produits en aluminium collectés ou achetés dans les ménages. Dans cet atelier, certains se sont spécialisés en achat et livraison des produits alu, d’autres en fabrication des moules et d’autres encore au lissage des maritimes. Un travail en chaine est organisé mais les ouvriers développement une certaine polyvalence.

Il est à noter que le risque est permanent dans ce métier avec des brulures. Les conditions de travail sont difficiles, sans protection, ni le masque et l’interrogation demeure sur les risques de santé pour les consommateurs qui mangent les repas cuisinés dans ces marmites.

De nombreux ménages utilisent les marmites en aluminium fabriquées en Centrafrique. Le marché local fait face à une certaine concurrence des marmites de même type en provenance du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et du Soudan. Cependant, le marché centrafricain est étendu au nord de la République Démocratique du Congo (RDC), dans la région de l’équateur. Des commerçants y passent les commandes pour revendre dans une partie de ce pays voisin.

L’artisan Jérémie Romaric Matalimbo dispose d’une expérience de 33 ans dans cette activité artisanale. Formé par son père, grâce à cela, il s’occupe de sa famille. Il a déjà créé deux ateliers de multiservices et travaille avec ses jeunes garçons et plusieurs autres jeunes sans emploi.

Si le secteur informel est mieux encadré, l’économie centrafricaine va connaitre un succès, une stabilité comme cela se passe ailleurs. Le secteur informel occupe plus de main d’œuvre dans le pays.

Zarambaud Mamadou