Après un mois de la rentrée scolaire de l’année académique 2022-2023, Oubangui Médias s’est intéressé aux conditions dans lesquelles les élèves apprennent leurs cours. Nous avons sillonné quelques établissements publics et privés de la capitale, mais le constat est amer. Des élèves s’assoient à même le sol ou 5 sur un table banc pour apprendre. Alors qu’est ce qui justifie cette situation ? Des éléments de réponse dans ce reportage.

De l’école mixte de Begoua en passant par le lycée de Gobongo pour chuter à l’Institut Nicolas Barré, c’est un sentiment de désolation. Des élèves s’assoient à même le sol pour apprendre les cours. Par exemple à l’école mixte de Begoua, il est 9h, heure locale, à l’entrée de la clôture murale, à notre gauche dans une salle, au moins 200 élèves sont en train de suivre la lecture.

Difficile pour la maîtresse de circuler, puisque les élèves ont occupé l’estrade du tableau, d’autres se tiennent debout juste à l’entrée de la salle. Cette situation se justifie par le manque des enseignants dans ces établissements, a martelé Patrick Kpefio, Chef de secteur académique de la circonscription de Bégoua : « Cette année, le ministère de l’éducation nationale n’a pas encore fait un mouvement général des enseignants. Nous avons des salles de classes où il n’y pas d’enseignants. Nous avons saisi le département par rapport à la situation de ces élèves et le gouvernement a promis de réagir dans les jours à venir. Nous ne pouvons pas croiser les bras. Nous sommes obligés de regrouper les élèves pour qu’ils puissent évoluer ensemble, mais dès qu’il y aura une affectation, cette condition sera améliorée ».

Certains parents rencontrés se disent inquiets par rapport à la condition d’étude d leurs enfants et appellent le gouvernement de se pencher sur cette situation pour favoriser une bonne condition d’étude à ces enfants. D’autres parents d’élèves par contre accusent les responsables de ces établissements qui acceptent les élèves sans tenir compte de la condition dans laquelle ils vont étudier.

De l’école Begoua, nous sommes Ici au lycée de Gobongo. Cette situation est constatée surtout au premier cycle. Cette année, la classe de 6e est allée jusqu’à douze (12) contrairement à l’année précédente. Elle se justifie par la densité de la population dans le quatrième arrondissement de Bangui.

Des enseignants sont obligés de diviser une section par deux, une partie prend la première heure et l’autre à la seconde heure. « Cette pratique ne favorise guère un meilleur apprentissage », a souligné un enseignant sous couvert de l’anonymat.

Les écoles privées ne sont pas épargnées

A l’Enseignement Catholique Associé de Centrafrique (ECAC), une école située dans le 2ème arrondissement de Bangui, l’Institut Nicolas Barré, le ratio des élèves dans les classes n’est plus aux normes. En CE1, il y a plus de soixantaine d’élèves. En classe de 6ème garçon, il y a plus de quatre-vingt élèves et des garçons sont affectés dans la classe des filles. Les professeurs se plaignent de l’effectif pléthorique, qui forcément entrainera la baisse de niveau dans cette école, l’une des références du pays.

« Cela dénote de la mauvaise gestion en absence de la Sœur Directrice, à l’entame de cette année académique 2022-2023. Beaucoup de désordres sont constatés. Un déficit de communication entre l’administration et les parents, des nouvelles inscriptions soudoyées, blocage pour la réinscription des anciens élèves. Qu’à cela ne tienne, nous voudrions que nos enfants étudient dans des conditions convenables, car nous payons la scolarité chère. Nous espérons qu’au retour de la Sœur Directrice Marie Ange, ces problèmes seront résolus avec l’implication de l’Association des Parents d’Elèves (APE) afin que l’excellence soit promue dans cet Institut Nicolas Barré», a déploré un parent d’élève.

Selon des spécialistes dans le domaine de l’éducation, pour sauver cette situation qui risque d’avoir un impact sur le niveau de ces élèves, le gouvernement centrafricain doit mettre un accent sur la politique de l’éducation nationale, en formant et intégrant des enseignants du fondamental 1 et 2.

« L’effectif pléthorique est un signe positif car les enfants surtout les filles sont encouragés à apprendre. Mais, le gouvernement doit jouer son rôle pour faire évoluer les infrastructures et former les enseignants », a fait observer un enseignant sous l’anonymat.

Un autre problème, l’occupation des devantures des écoles

A ces problèmes que rencontrent les élèves s’ajoute l’occupation anarchique des devantures des écoles par des kiosques de téléchargement et des vendeurs à la sauvette. Même dans son discours lors du lancement officiel de la rentrée scolaire, le Chef de l’État Faustin-Archange Touadéra avait décrié ce comportement mais leur déguerpissement est loin d’être effectif dans certains établissements. Le président de la délégation spéciale de la Commune de Bégoua Emmanuel Gazaguiza a indiqué que des consignes ont été données à la brigade de la gendarmerie et le commissariat de pk12 pour réprimer les récalcitrants.

En effet, suite aux problèmes d’insécurité dans les provinces, plusieurs familles ont dû quitter pour s’installer dans la capitale, ce qui fait que nous avons connu une augmentation de population ici à Bangui, passant de 800.000 à environ 1.200.000 selon les données officielles.

Toutefois depuis plusieurs décennies, aucun nouvel établissement scolaire et universitaire n’est construit par l’État centrafricain sauf des salles de classe construites dans certains lycées. Cependant, plusieurs bâtiments ont été construits au niveau du fondamental 1 mais le manque d’enseignant et des table-bancs entrave le bon fonctionnement de ces écoles. 

Christian-Stève SINGA