Aux villages environnant la ville de Paoua, chef-lieu de la Préfecture de Lim-Péndé, le mariage précoce des mineures bat son plein. A bas âge, les filles sont déjà dans les bras des garçons ou des hommes plus âgés. Des conséquences sur la vie sociale de ces mineures sont énormes.

Poungbé est une petite localité située à environ 15 kilomètres de Paoua. Dans ce village, dès un premier regard, on peut déjà déduire que 80% des jeunes sont déjà en couple. Cela se justifie par le fait que des adolescentes se promènent avec des bébés dans le dos.

Ce sont leurs cadets ? Mais la réponse ! Alors la curiosité nous pousse à nous approcher de l’une d’entre elle, qui visiblement est encore une mineure. Par la grâce du ciel, elle accepte de se confier à nous : « je m’appelle Elodie et j’ai 14 ans. Le bébé que je porte est le mien. Il s’appelle Dieu Merci et il a 08 mois. J’ai rencontré mon conjoint il y a déjà un an et voilà que nous avons pu avoir notre premier enfant quelques mois après ».

Poursuivant la causerie, elle déclare : « Oui quand j’étais enceinte, je partais à la maternité pour des examens mais pas régulièrement. Ceci a fait que j’ai pu avoir des difficultés pendant l’accouchement. Heureusement j’ai pu mettre au monde ; voilà pourquoi j’ai donné le prénom de DIEU MERCI à l’enfant ».

Même si Elodie et son fiancé Alpha  qui à 23 ans (selon Elodie)  sont dans le même village que leurs parents, ce jeune couple se débrouille pour gagner leur propre pain quotidien : « Comme les autres villageois, nous avons aussi notre champs. Ce qui nous donne l’opportunité d’avoir les produits de consommation et que l’on peut toutefois vendre », a indiqué cette jeune mère.

En plus de tout, Elodie est mal vêtue. Elle porte un T-shirt sale avec un quart de pagne qu’elle a attaché. Cela montre combien de fois la condition d’hygiène est catastrophique. Un fait qui fait penser aussi à l’état d’entretien du lait maternel pour le nourrisson. Même si cette dernière est incapable de parler sur l’effet mental causé par sa condition de vie, son visage inquiétant dégage une angoisse intérieure qui peut avoir des conséquences psychologiques. 

Cette déplorable condition de vie sociale se justifie par les multiples crises dans la région et surtout le manque d’éducation ou de sensibilisation en matière de sexualité dans ce village. Car, en voyant ce phénomène qui s’installe déjà comme naturel dans cette contrée, on est tenté de se demander si des organisations spécialisées dans ce domaine sont passées pour échanger avec les villageois afin de leur montrer les conséquences de la sexualité ou bien d’accouchement chez les mineures.

Si le village Poungbé se situe seulement à 15 kilomètres du Centre Paoua, cela peut servir d’échantillon de la vie en couple chez les adolescents dans les villes de provinces de Centrafrique. Cette triste réalité doit interpeller les autorités nationales et des organisations spécialisées qui sont appelées à développer des programmes pour sauver la vie des futures générations qui représente  l’avenir de la RCA.

Brice Ledoux Saramalet