Située à plus de 400 km de Bangui, la ville de Kabo est l’une des villes touchées par les récentes crises militaro-politiques dont les conséquences affectent presque tous les secteurs. L’école préfectorale mixte A de Kabo est une école à cycle complet c’est-à-dire de la classe de CI au CM2. Mais elle n’est pas épargnée par des conséquences néfastes de ces crises.

L’école préfectorale de Kabo fonctionne grâce à la présence des maîtres parents qui appuient les activités pédagogiques dans cette zone. Sur les 12 enseignants que comptent cette école, il y a 11 qui sont des maîtres parents et le seul titulaire est le Directeur.

La ville de Kabo située dans la préfecture de l’Ouham Fafa compte trois écoles sous préfectorales avec trois instituteurs titulaires dont un par école. La plupart d’enseignants sont des maitres parents, payés par les parents d’élèves.

Pour le concours d’entrée en 6e et le CF1, les enseignants ont effectivement respecté le calendrier scolaire national. Seulement, le 31 mai, jour d’examens, les groupes armés ont attaqué cette ville. Conséquence, les examens ont été décalés d’une journée. Ils ont commencé le concours d’entrée en 6e le 1er juin et le CF1 automatiquement après, du 2 au 3 juin.

Le Directeur de l’école mixte sous préfectorale A de Kabo, Dahozoum Dozon Freddy se plaint : « Nous sommes dans un coin reculé de la RCA et obligé de faire avec les maîtres parents parce que nous n’avons pas d’autres solutions que de nous appuyer sur eux ».

En effet, à Kabo, sur tous les secteurs scolaires, ont enregistre seulement les trois instituteurs titulaires, donc un à l’école sous préfectoral A, un à l’école sous préfectoral B et un à l’école sous préfectoral C. « Vraiment ! C’est un peu difficile mais on est obligé de faire avec. On nous a fait entendre qu’il y a un nouveau document qui est mis en circulation dans les établissements scolaires du pays mais jusqu’à présent, nous à Kabo, n’avons pas reçu ce manuel pédagogique et nous continuons d’utiliser l’ancien document », regrette le Directeur.

Dans chaque salle de classe, les enseignants éprouvent des problèmes de documents. Tout ce qui concerne les matières d’éveil n’existe pas. Les enseignants sont obligés de chercher de gauche à droite avec leurs propres moyens pour pouvoir faire fonctionner l’école.

« Au niveau de lecture et de récitation, c’est la même chose. Ils sont obligés de copier les lectures au tableau pour que les élèves puissent lire. Ce sont les grandes difficultés auxquelles ils sont confrontés. On note une absence de documents concernant les maths et l’éveil pour les meilleurs apprentissages par ces élèves », a-t-il ajouté.

Le Directeur de l’école mixte sous préfectorale A de Kabo Dahozoum Dozon Freddy appelle les autorités à penser à cette zone en fournissant des documents et une prise en charge des enseignants : « Il faut que le ministère de l’éducation puisse ouvrir l’œil sur le secteur scolaire de Kabo. Pour avoir les craies, il faut aller au niveau de Bangui, c’est grâce à l’appui que les APE nous donnent que nous nous sommes procurés des craies depuis Bangui. Si le ministère peut faire un effort pour nous soutenir en nous envoyant des enseignants qualifiés pour pouvoir rehausser les niveaux des enseignements dans le zone, ça sera un très grand soulagement pour la zone  et une garantie pour l’avenir des enfants».

Pour payer les maitres parents, à la fin du mois, les responsables de ladite école font appel aux parents d’élèves pour qu’ils puissent cotiser 100 FCFA par élève. 

Une plainte partagée par Madiozin Franco le président de l’APE de l’école de Kabo : « nous avons beaucoup des difficultés. Ce sont les parents d’élèves qui nous prêtent main forte pour nous permettre de payer les enseignants dans cette école. Tous les 20 de chaque mois,  nous convoquons les parents d’élèves afin qu’ils puissent cotiser les 100 FCFA, pour nous permettre de payer ces enseignants. Nous avons vraiment des difficultés et ne savons à quand la fin».

Le secteur scolaire de Kabo est menacé par l’insécurité qui règne dans la région, ce qui freine également le développement de l’éducation et empêche la plupart d’enseignant affectés dans la zone de prendre fonction.

Les enfants sont nombreux dans une salle de classe, même s’il y a suffisamment des tables bancs. Mais puisqu’ils sont nombreux, certains sont obligés de s’asseoir à même le sol. Sur 2.254 élèves, 1.297 sont des garçons et 957 filles. Dans une salle de classe, on peut compter au moins 150 élèves.

Tous les yeux sont rivés sur Bangui pour une réponse adéquate à cette situation.

Le système éducatif, surtout dans l’arrière-pays est toujours menacé par le phénomène des maitres-parents. A l’absence d’enseignants qualifiés, les parents sont obligés de faire avec des volontaires un peu instruit pour enseigner leurs enfants. Un phénomène qui se répand dans des zones éloignées et touchées par l’insécurité comme Kabo dans le nord de la Centrafrique. Dorcas Bangui Yabanga de retour de Kabo