Le ministre d’Etat à la justice Dr Arnold Djoubaye Abazene, après un mouvement général qui a eu lieu au sein de son département ministériel, a organisé lundi 17 octobre 2022 une première rencontre d’orientation avec les nouveaux membres de la Chancellerie. A la sortie de cette réunion de prise de contact et d’orientation, le ministre d’Etat s’est livré à la presse afin de résumer les points forts de cette rencontre. Ses propos sont transcrits par Oubangui Médias.

Monsieur le ministre d’Etat, vous avez organisé une réunion d’orientation avec vos nouveaux collaborateurs. Quels ont été les messages forts que vous leur avez adressés ?

Arnold Djoubaye Abazene: Le 30 septembre 2022, le Président de la République Chef de l’Etat, à l’issue de la cession des organes de gestion des carrières des magistrats et juges a bien voulu procédé à des nominations des personnalités dans des diverses fonctions et plus particulièrement au niveau de la chancellerie. En attendant l’installation des magistrats dans toutes les juridictions, nous avons pensé organiser une séance de travail avec la chancellerie qui mène la politique publique du Président de la République, Chef de l’Etat dans le domaine de la justice. C’est une réunion de prise de contact et d’orientation afin de permettre à tous les collaborateurs qui sont appelés à travailler au sein de la Chancellerie de pouvoir fonctionner conformément aux textes.

Au nom du Président de la République, Chef de l’Etat Faustin Archange Touadera et du Premier ministre, Chef du Gouvernement Félix Moloua, j’en ai profité pour féliciter ces différentes personnalités qui ont été promues à des postes de responsabilités. La justice constitue la pierre de touche de la stabilité et de l’émergence d’un pays. Le Chef de l’Etat, le Pr Faustin Archange Touadera a compris cela, c’est pourquoi il a placé la justice à l’épicentre de sa politique publique et lors de son allocution à l’occasion de la prestation de serment, il a réitéré et il réitère toujours à d’autres occasions que la justice est la colonne vertébrale de son mandat.

C’est pourquoi, nous avons voulu transmettre des orientations aux nouveaux collaborateurs. Nous sommes appelés à opter pour la rupture et de faire en sorte que la justice puisse faire des petits pas pour redonner la confiance au peuple centrafricain, redonner la confiance aux investisseurs par un climat des affaires propice. Les investisseurs doivent venir en Centrafrique afin de créer des richesses pour permettre à notre pays de rentrer dans le concert des nations, être un pays émergeant.

Nous avions après les décrets du Chef de l’Etat élaboré les lettres de mission et les tableaux de bord pour tous les cadres. Ce n’est plus les pratiques d’autant où on vient au travail, on tourne à rond car on ne sait pas ce qu’on doit faire. Au niveau de la justice, nous avons implémenté une nouvelle stratégie basée sur les résultats. Il y a la feuille de route, les tableaux de bord et chacun sera évalué périodiquement.

Une autre stratégie c’est le paiement des menues recettes. Tout ce qui concerne les menues recettes doivent être orientées dans la caisse de l’Etat au niveau du trésor public. J’ai aussi rappelé cela aux collaborateurs. La digitalisation des menues recettes a donc commencé au niveau de la justice car, nous sommes le Ministère de la Justice, Chargé de la Bonne Gouvernance et de la Promotion des Droits Humains. Donc, la Bonne Gouvernance doit commencer par nous. Le Président de la République a sonné le glas de la lutte contre l’impunité et des mauvaises pratiques.

Au niveau de la Primature, le Premier ministre a déjà instauré une cellule de veille contre le détournement des deniers publics et surtout la mauvaise manière de servir. J’ai aussi dit aux collaborateurs qu’il y a aucune raison pour que quelqu’un dépose une requête, attend un ou deux mois, un ou deux ans voire plus pour avoir une réponse. Avec la nouvelle équipe, nous allons faire en sorte que le centrafricain ait une entière satisfaction en sa justice.

Aussi, la question de l’indépendance des juridictions. Nous ne voulons pas que ceux qui travaillent au niveau de la chancellerie influencent les juges. Les juridictions doivent être indépendantes. Pas d’ingérence dans les affaires des juridictions. Pas d’influence sur les juges. Je serais personnellement là pour veiller sur cette pratique qui a longtemps fragilisé les décisions de la justice.

La deuxième session criminelle c’est pour quand ?

Arnold Djoubaye Abazene: La date est déjà fixée au 28 octobre. La semaine prochaine, ça sera les tirages au sort des jurés qui vont lancer l’organisation de la session criminelle. Le 6 novembre, ça sera les premières audiences de la session criminelle de la Cour Criminelle de Bangui. La Cour d’Appel de Bouar, la Cour d’Appel de Bambari vont avoir leurs sessions au premier trimestre de l’année 2023.

En dehors de cela, il y aura également la Cour Martial, une juridiction militaire qui va emboiter les pas pour permettre en sorte que la justice soit le dernier rempart de tous les citoyens.

Ces jours-ci les gens lancent des menaces, des injures à l’encontre de vos collaborateurs du corps judiciaire, avez-vous pris des mesures répressives contre ces personnes ?

Arnold Djoubaye Abazene: Les mesures d’ailleurs ce sont les dispositions légales qui existent. Il y a des textes et lois qui réprimandent ces déviations. Donc, celui qui se sent diffamer ou injurier par la voix de presse doit saisir la justice. La justice, elle est indépendante pour sanctionner tous ceux qui se seront rendus coupables des faits ainsi répréhensibles par la loi. Il y a eu des exemples, la justice a sanctionné beaucoup. Il suffit donc de saisir la justice et les auteurs seront sanctionnés.

Comme vous le savez, en matière de délit de presse, il y a certaines limites dès lors qu’il a été dépénalisé. Nous même, il arrive de fois qu’on se dit,  il faut repenser la loi en tenant compte de la montée de cette criminalité. Nous aurons l’occasion de revisiter les textes en tenant compte de l’environnement, de l’évolution des mœurs pour l’adapter. Nous avons la charge de la politique criminelle du pays. Soyez rassurer que les auteurs seront toujours sanctionnés. Pas de demi-mesure.

Oubangui Médias