Dans le cadre de financement 2020-2025 signé entre le gouvernement et la Banque Mondiale, deux axes prioritaires sont définis à savoir : Investir dans le capital humain et la connectivité et construire la crédibilité de l’Etat. La Banque mondiale finance les projets à travers le gouvernement et apporte aussi de l’aide budgétaire à base des projets de réformes politiques. Han Fraeters, le Représentant résident de la Banque mondiale en Centrafrique a accordé une interview à Oubangui Médias, afin de brosser ces deux trajectoires. Il souligne que l’aide budgétaire est essentiel pour la Centrafrique mais elle doit répondre à des conditions sur lesquelles son institution travaille avec le gouvernement.


Oubangui Médias : Han Fraeters  Bonjour, vous êtes le représentant résident de la Banque mondiale en Centrafrique. La Banque mondiale a organisé son premier café presse thématique de l’année. Quel est l’essentiel de ce qui est dit ?

Han Fraeters : Bonjour à vous. Au niveau de la Banque mondiale, nous avons pensé que pour être utile, de temps en temps, il est important d’avoir des échanges avec la presse pour discuter des sujets qui sont d’importance pour le pays. Une rencontre pour ne pas promouvoir ce que la Banque mondiale fait mais surtout pour discuter des sujets d’actualités.

Aujourd’hui, nous avons parlé du capital humain parce que c’est un axe fondamental de notre partenariat avec le gouvernement. Nous avons une analyse et un constat où nous réfléchissons sur des pistes en termes de développement du capital humain dans le secteur de l’éducation, de la santé, de la protection sociale. Quels sont les types de financement que le gouvernement accorde à  ces secteurs et quels sont les programmes que la Banque mondiale, le bailleur le plus important dans le pays appuient.

Oubangui Médias : Alors dans votre programme sur le capital humain, la Banque mondiale plusieurs projets. Quel est l’état actuel de la mise en œuvre de ces projets qui touchent l’éducation et la santé ?

Han Fraeters : Oui, il y a des projets qui n’ont presque pas encore démarré mais qui vont être mis en œuvre plus tard. Par exemple le nouveau projet de l’autonomisation des femmes et des filles. C’est un projet très important qui va vraiment essayer dans différents endroits d’appuyer les filles et les femmes pour avoir un meilleur accès à des soins de santé qui sont essentiels poutrelles mais aussi pour permettre aux filles de rester plus longtemps à l’école. C’est quelques choses de très importante pour le pays parce qu’on sait que les femmes et les filles sont vraiment des moteurs de développement et la situation de la femme et des filles dans ce pays est extrêmement mauvaise. C’est ce qui empêche le pays à se développer.

Il y a dans le pays des projets qui sont en phase de mise en œuvre. Nous avons une longue d’histoire d’appui au secteur de santé, notamment le renforcement du secteur de santé où nous appuyons le gouvernement pour financer des soins gratuits dans les formations sanitaires dans le pays. Ce sont des  subtiles que le gouvernement donne avec notre financement aux centres de santé pour assurer la gratuité de la santé pour les femmes enceintes et pour les enfants de moins de cinq ans. C’est pour nous une population vulnérable mais la plus importante pour le pays. Ces financements sont en cours et vont continuer dans l’avenir.

La Banque mondiale a mis 40 millions de dollars dans le projet de renforcement du secteur de santé (SENI). Donc, nous appuyons 420 formations sanitaires. La Banque mondiale appui 250 sages-femmes en provinces et 55 gestionnaires des données. Au moins 40% de la population devrait avoir un meilleur accès aux soins. La Banque mondiale mobilise encore d’autres financements de 50 millions de dollars.

Dans le secteur de l’éducation, nous avons un financement fort  de 61 millions de dollars pour vraiment renforcer l’accès et la qualité de l’éducation primaire à travers des infrastructures notamment des salles de classes qui doivent être réhabilitées mais aussi à travers des formations des enseignants et des maitres-parents. Il y aura la construction ou la réhabilitation de plus d’un millier des salles de classe dans plus de 300 écoles. La formation d’au moins 9000 enseignants et 1500 directeurs des écoles. Il y a un programme pour les enfants qui ont abandonné les cours et doivent rattraper à travers un trajectoire rapide. Enfin, il y a aussi un programme d’introduction de la langue sango dans l’enseignement primaire. C’est un programme qui a réussi dans plusieurs pays, ceux qui ont des langues nationales et locales.

Dans tous ces financements, le gouvernement doit aussi faire sa partie. Nous pouvons réhabiliter les salles de classe mais s’il n’y a pas des enseignants c’est un problème alors.  Le pays a besoin de 16.000 nouveaux enseignants pour couvrir les besoins car, le ratio est de 91 élèves pour un enseignant. Dans certains pays de la sous-région, c’est 38 élèves pour un enseignant. Là le gouvernement doit prendre en charge tout ce qui est salaires des enseignants. Cela ne nous revient pas. Nous travaillons avec le gouvernement pour pousser cet agenda afin de faire des investissements dans ces secteurs qui sont nécessaires. C’est ça le partenariat en réalité.


Oubangui Médias : Monsieur le représentant résident, l’actualité oblige. Le pays dispose d’un nouveau Premier ministre, le gouvernement est maintenu avec les mêmes ministres, c’est juste la tête qui a changé. En tant que partenaire, que devraient être les urgences et les priorités pour ce gouvernement ?

Han Fraeters : C’est au gouvernement de donner ses priorités. Mais, ce matin, j’ai eu une audience avec le nouveau Premier ministre, nous nous connaissons bien. Nous avons longuement discuté  et j’ai appris du Premier ministre que sa mission pour ce gouvernement ce sont les résultats sur le terrain. Les résultats des actions du gouvernement avec l’appui des partenaires. Il veut voir les résultats car, il y a beaucoup de financement des bailleurs dans ce pays mais, on ne voit pas toujours les résultats. Il veut comprendre pourquoi et comment on peut pousser les résultats qui seront les dividendes pour les citoyens. Ça, je souscris totalement.

Oubangui Médias : La Centrafrique traverse une zone de sécheresse financière. En tant que partenaire privilégié de la Centrafrique, quelle est votre position en ce qui concerne l’appui budgétaire à l’Etat centrafricain ?

Han Fraeters : Notre opinion est que l’appui budgétaire est essentiel pour ce pays. Ce pays, si nous regardons le budget de l’Etat, ce budget a besoin des appuis budgétaires de ses partenaires. Le besoin est là sinon les risques de glissement pour le pays sont forts et certainement en moyen terme si rien n’est fait. Maintenant, nous travaillons avec le gouvernement pour mettre en place les conditions pour pouvoir faire l’appui budgétaire selon les procédures de la Banque Mondiale. C’est le cas aussi pour les autres bailleurs. Nous avons discuté avec le Fonds Monétaire International et l’Union Européenne. Nous sommes tous d’accord car l’appui budgétaire est essentiel pour le pays. Ce matin même, avec le Premier ministre, nous en avons parlé. Nous allons essayer de mettre en place les conditions sur lesquelles nous pouvons évoluer. La volonté est là et l’engagement pour travailler est vraiment là.

Oubangui Médias : Vous parlez des conditions, lesquelles ?

Han Fraeters : Ce sont des conditions pour des reformes mais aussi sur comment fonctionne le budget. C’est aussi pour bien comprendre comment construire le budget, les dépenses de l’Etat parce que si nous mettons des ressources dans le budget de l’Etat, nous devons comprendre comment les différentes lignes du budget sont utilisées.

Oubangui Médias : Han Fraeters, merci de nous avoir accordé cette interview.

Han Fraeters : Merci à vous.

Interview réalisée par Fridolin Ngoulou