La campagne référendaire a été lancée en grande pompe samedi 15 juillet à Begoua, dans la commune de Bimbo 5 par le Président de la République, Faustin Archange Touadéra, en présence de plusieurs milliers de personnes. Trois jours après son lancement, que devons-nous retenir de ces jours passés ?

Il y a un mois, le président Centrafricain Faustin Archange Touadéra avait convoqué aux urnes les électeurs, en vue de voter la Nouvelle Constitution de la République Centrafricaine, qui marque selon ses initiateurs « une Nouvelle République » véritablement « indépendante, souveraine et désormais capable de prendre en main sa destinée ». 

Le vote référendaire est convoqué pour le dimanche 30 juillet 2023 sur l’ensemble du territoire et à l’étranger, à travers les représentations diplomatiques du pays.

Une campagne sur fond de tension politique et sécuritaire

Un jour avant l’ouverture officielle de la campagne référendaire, le Bloc des Républicains pour la Défense de la Constitution du 30 mars 2016 (BRDC), constitué des partis politiques d’opposition et certaines organisations de la société civile a réussi sa première action publique depuis la convocation du corps électoral. Une marche de protestation suivie d’un meeting a été organisée à Bangui le 14 juillet en dépit de l’interdiction par le ministère de l’intérieur, chargé de la sécurité publique.

Le BRDC, ne compte pas participer à cette campagne, moins encore au vote, même pas pour appeler ses militants à voter pour un NON. Sa position est que ce référendum est inopportun et n’a pas lieu d’être.

C’est dans ce contexte de tension politique, voire sécuritaire que le groupe de la société civile sur la crise centrafricaine (GSTC) demande pour sa part l’annulation du processus référendaire car, elle juge que le processus n’a pas été transparent, en ce qui concerne l’identité du comité qui a rédigé le projet de la Nouvelle Constitution après l’annulation du décret créant un comité l’année dernière par la Cour Constitutionnelle.

Là où divise aussi est la question de la double nationalité. Si le pouvoir, soutient que ces dispositions relèvent de la loi de 1961 sur la nationalité encore en vigueur, l’opposition et une partie de la société civile clament que ces dispositions ont été inscrites dans le projet de la Nouvelle Constitution pour empêcher certains leaders de l’opposition ayant deux nationalités de postuler.

Mais lors de l’ouverture de la campagne, les leaders politiques prenant la parole ont souligné que ces dispositions concernent tout simplement les candidats à la présidentielle et qu’il n’est pas difficile en tant que candidat de renoncer à une nationalité.

« Pourquoi ne veulent-t-ils pas de ces dispositions qui existent déjà dans la loi depuis 1961 ? Pourquoi c’est difficile pour quelqu’un qui est sûr de devenir président de la République de déclarer son unique nationalité centrafricaine ? Pourquoi ceux qui s’agitent ne postulent jamais dans leur deuxième pays pour tenter de devenir président, député? Voilà autant des questions que se posent actuellement la population centrafricaine », a dit du haut de la tribune Aurélien Simplice Zingas, de l’opposition dite modérée ou constructive.

En effet, sans l’opposition réunie au sein du BRDC, la Direction nationale de campagne référendaire poursuit ses actions dans la ville de Bangui et dans certaines villes du pays ou des membres de la direction nationale et superviseurs ont été déployés.

La commune de Bimbo a accueilli cette mobilisation en présence du président Touadéra le dimanche 16 juillet et le 7e arrondissement lundi 17 juillet. Ces manifestations vont se poursuivre dans plusieurs autres localités ainsi qu’en province.

Très rare la campagne pour le NON

L’un des partis politiques de la majorité présidentielle qui s’est désolidarisé de ce projet est l’UNDP d’Amine Michel. Ce parti à assise nationale avait donné une consigne de vote, vendredi 14 juillet 2023 à ces militants d’aller voter pour le NON à cette Nouvelle Constitution.

Ce parti allié au pouvoir depuis sept ans dénonce un « caractère discriminatoire de la Constitution, un document taillé sur mesure pour privilégier un homme », selon son Vice-Président Bouba Inousse. Mais, il ne s’associe pas au BRDC dans ses actions.

L’UNDP a promis faire aussi des descentes sur le terrain pour sensibiliser ses militants à voter massivement pour le NON. Pour ce parti, mieux vaut dénoncer que de laisser l’avenir nous rattraper.

Aussi, l’opposant historique, le député et démocrate Joseph Bendounga qui avait saisi le Conseil d’Etat en annulation du décret convoquant le corps électoral dit battre campagne pour le NON. Selon l’honorable député de la Nation lors du débat politique sur la radio Ndeke-Luka, étant démocrate, il ne va pas privé les partisans du Mouvement Démocratique pour la Renaissance et l’Evolution de Centrafrique (MDREC) de leur droit de vote. C’est pourquoi, il les appelle à voter pour un NON à ce projet de la Nouvelle Constitution.

Pour le moment, on observe une grande mobilisation du pouvoir, une faible mobilisation du côté des conservateurs. Malgré les annonces de ces deux partis politique, l’UNDP et le MDREC, sur le terrain, la situation est encore non visible pour les partisans du NON à la Nouvelle Constitution.

Cependant, des observateurs internationaux annoncent progressivement leurs présences à Bangui. Certains observent déjà la campagne référendaire.

Fridolin Ngoulou