L’actualité de ces deux prochaines semaines dans la sous-région sera marquée par la rencontre des Chefs d’Etat de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) mais surtout les grandes décisions qui seront issues de cette Conférence. La journée de la CEMAC du 15 mars, la remise des villas dédiées au Président de la Commission et aux Commissaires à Bangui seront des étapes de ce processus du retour du siège et de l’école des douanes à Bangui.

Depuis 2019, la CEMAC tourne au ralenti. Cette communauté très capitale pour la sous-région a été touchée par des crises, notamment en Centrafrique, au Cameroun et au Tchad marquant un coup d’arrêt aux meileurs pratiques. Si le relèvement d’après COVID-19 reste périlleux, cette communauté s’active à réapparaitre sur la scène internationale et donc se replacer dans l’agenda international.

En effet, les réformes Institutionnelles de la CEMAC sont devenues opérationnelles suite aux conclusions de la session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat des 16 et 17 janvier 2010 à Bangui. Les Chefs d’Etat ont mis fin au Consensus de Fort-Lamy et institué le principe de la rotation, par ordre alphabétique des Etats membres, aux postes de premiers responsables de tous les Organes, Institutions et Institutions spécialisées de la Communauté.

Cette nouvelle organisation de la Communauté bien qu’ayant impulser une énergie nouvelle au processus d’intégration, n’a pas pu enrayer pour autant tous les défis liés à la gouvernance de la Communauté. Après une décennie de pratique du principe de la rotation intégrale par exemple, de nombreuses contraintes et situations nouvelles ont vu le jour, mettant en cause le bon fonctionnement dudit principe. De même, d’énormes difficultés persistent sur le mécanisme de financement de la Communauté.

A côté de ces enjeux relatifs à la gouvernance de ses institutions communautaires, la zone CEMAC fait également face aux conséquences des crises multiples générées successivement par la chute des prix du baril du pétrole, la pandémie de COVID 19 et la guerre russo-ukrainienne. C’est dans ce contexte marqué également par la fin des mandats des premiers responsables des Institutions communautaires que se tiennent les travaux de la 39ème Session Ordinaire du Conseil des Ministres de l’Union Economique de l’Afrique Centrale (UEAC ) qui aura lieu à Yaoundé, le 15 mars 2023. Cette session est préparatoire à la 15ème Session Ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC prévue le 17 mars 2023.

Trois sujets pour la Centrafrique

En plus des sujets généraux, la question du retour à Bangui du siège de la Commission et de l’Ecole Inter Etats des Douanes est à l’ordre du jour. C’est le souhait le plus ardent des Centrafricains de voir ce retour dans la capitale Bangui.

Pour préparer effectivement ce retour, selon des informations de l’Oubangui Médias, des infrastructures devaient être mises à la disposition de la Commission, notamment des villas d’habitation et la réhabilitation du siège dont les travaux ont déjà commencé.

En effet, les autorités nationales pourront recevoir la remise de ces villas dès ce lundi afin de faciliter le retour du président de la Commission de la CEMAC et d’autres Commissaires à Bangui.

De son côté, le gouvernement s’était attelé à construire une cité des Chefs d’Etat (6 appartements) pouvant servir au logement des présidents en cas du sommet dans la capitale centrafricaine.

Selon les informations de l’Oubangui Médias, la question du retour du siège n’est plus discutable car, c’est le principe. Ce siège a été délocalisé en 2013 suite au coup d’Etat de la Séléka. Dix ans après, le contexte a évolué et la Commission de la CEMAC n’a plus de choix que de revenir dans sa maison.

L’autre sujet de taille c’est la présidence tournante de la CEMAC. Comme nous l’avons dit ci-haut, c’était à Bangui en 2010 que le principe a été acquis. Mais depuis 2019, le président Centrafricain devait déjà présidé la Communauté. Force est de constater qu’un blocage systématique a été fait à cause de son rapprochement avec la Russie, selon certaines indiscrétions du milieu diplomatique.  Une raison que nombreux observateurs de la vie politique du pays fustigent. En effet, la Communauté fonctionne à base des textes. Depuis le retour à l’Ordre Constitutionnel en 2016, les sanctions internationales qui pesaient sur la Centrafrique ont été levées. Ce qui donne droit à ce pays de jouir de tous ses privilèges internationaux.

D’autres enjeux

La 15ème Session Ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC se tient à un moment charnière qui cristallise de grandes attentes.

Le Président de la République du Cameroun, Chef de l’Etat, S.E.M. PAUL BIYA, Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEMAC convie ses pairs ainsi que l’ensemble de la Communauté, à des échanges fructueux, à l’effet de donner une impulsion nouvelle.

La CEMAC, qui met encore en œuvre les résolutions du Sommet Extraordinaire des Chefs d’Etat du 12 Aout 2021 liées à la riposte et à la relance économique post-covid19, doit vigoureusement réagir face aux répercussions du conflit Russo-Ukrainien.

L’organe suprême de la Communauté devrait instruire les mesures stratégiques et opérationnelles idoines pour l’intensification des actions économiques structurelles.

Sur le plan institutionnel, la Conférence des Chefs d’Etat est appelée à désigner de nouveaux Responsables à la tête de certaines Institutions, Organes, Institutions spécialisées et Agences d’exécution de la Communauté.

Ce sera également le lieu d’évaluer le riche quinquennat qui s’achève tant à la Commission que dans toutes les autres structures de la Communauté.

C’est l’heureuse occasion de présenter les conclusions de la première édition des états généraux du fonctionnement des Institutions de la CEMAC et du premier colloque sous régional de haut niveau sur la monnaie et développement.

Des Centrafricains avertis attendent le retour de la Commission et de l’école des douanes pour marquer aussi le retour progressive de la paix dans le pays.

Fridolin Ngoulou