L’Alliance Internationale des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et le gouvernement centrafricain se sont accordés à mettre sur pieds des importants projets de développement pour la République Centrafrique (RCA). Une réunion de haut niveau a eu lieu à Bangui le 11 avril 2023 à ce sujet.
Les BRICS, représentant 25% du PIB mondial, réclament la multipolarité des équilibres économiques et politiques mondiaux. Ils trouvent en Centrafrique un terreau favorable à leur vision et surtout que l’un de ses membres, la Russie est devenue un partenaire privilégié de Bangui. En novembre 2022, l’Alliance Internationale des BRICS a désigné Bangui comme leur capitale d’Afrique Centrale et en a profité pour signer une convention avec le gouvernement afin de mettre en œuvre des projets de développement dans les domaines des infrastructures routières, ferroviaires, agricoles, maritimes, digitales, des services et des industries minières.
L’intérêt principal pour la RCA est le prestige diplomatique et politique qu’elle pourrait tirer de cette présence. Par sa décision d’accepter le siège, la RCA commence à bénéficier d’un sacré coup de projecteur sur ses richesses minérales et surtout négocier une enveloppe des membres du BRICS qui sont des contre-pouvoirs de l’Occident.
Sept projets d’importance capitale
Le Président Faustin Archange Touadera a personnellement présidé une importante réunion au Palais Présidentiel avec la forte délégation des BRICS conduite par la Présidente Mme Larissa Zelentsova. La délégation est composée de l’ancien ministre ivoirien de l’Intérieur et Représentant des BRICS en Afrique Centrale et en Afrique de l’Ouest, M. Ahoua Don Mello et de plusieurs hommes d’affaires de la Russie, de l’Iran et de l’Inde.
A l’issue de cette réunion, sept projets d’envergure portés par des hommes d’affaires de cette délégation ont été adoptés. Ces hommes d’affaires vont eux-mêmes assurer le financement dans le cadre du Partenariat Public-Privé (PPP) ou d’un Investissement Direct sans impact sur la dette.
Ainsi, le premier projet touche le domaine de l’Energie avec la construction des mini-centrales nucléaires par la Russie. Les Kits solaires ont aussi été choisis pour l’éclairage des ménages et des édifices publics.
Le second projet concerne l’exploitation et le raffinage d’or.
Le troisième vise la construction d’une infrastructure satellitaire de télécommunication et de télédétection pour l’évaluation des ressources minières, agricoles, urbaines et de préparation au passage à l’économie et la monnaie digitale.
Le quatrième projet concerne la création d’une banque par un pays des BRICS pour faciliter des échanges.
Le cinquième est la modernisation et l’extension de l’aéroport de Bangui M’Poko.
Le sixième concerne la construction d’un chemin de fer pour le désenclavement du pays.
Enfin, le dernier projet vise la construction d’une nouvelle ville.
« Ensemble le Gouvernement centrafricain et les BRICS se sont mis d’accord pour mettre en place un comité mixte de pilotage et un pool d’experts nationaux capables d’accélérer la mise en œuvre de ces projets », rapporte la présidence de la République.
Satisfait de la tenue de la promesse des BRICS, et « désireux de transformer la République Centrafricaine, le Président Touadera a demandé aux BRICS de vite construire le siège de leur organisation à Bangui et a promis de mettre en place un comité de suivi à la Présidence pour la réussite de ces projets », ajoute la Présidence Centrafricaine sur sa page Facebook.
Qu’attend réellement le peuple de ces projets ?
Alors que le peuple Centrafricain est fatigué par des promesses non-tenues, parfois à but électoraliste depuis des décennies, cette nouvelle, avec les nouveaux partenaires est prise au sérieux mais bien sûr avec des doutes.
Tous ces projets présentés sont dans l’intérêt d’un peuple qui sort doucement et péniblement des crises qui ont affecté tout le tissu social et économique alors que le pays a besoin de l’appui des partenaires pour sa reconstruction.
Mais ces projets vont être réalisés par les bailleurs eux-mêmes qui seront chargés de mobiliser les fonds. Là aucun chronogramme n’a pas fixé.
Cette offensive diplomatique des BRICS apparait comme une première réponse à certains bailleurs qui ont privé la RCA des ressources pouvant contribuer à son développement, depuis son rapprochement avec la Russie et l’intervention des paramilitaires russes aux côtés de l’armée nationale pour mettre hors état de nuire les rebelles qui ont occupé depuis 2013 plus de 80% du territoire et qui les exploitent à leur guise.
La RCA reste un vaste pays avec une faible densité de la population (623.000 KM2 pour 6 millions d’habitants). Tout le pays est à reconstruire y compris Bangui la capitale. L’apport des partenaires internationaux est toujours la bienvenue et le doute raisonnable est permis avant de voir la réalisation des projets cités ci-haut.
Fridolin Ngoulou
Commentaires récents