Depuis deux semaines, la ville de  Bangui est inondée par les marchés des chenilles.  Tôt le matin, les commerçantes, embarquées sur des motos se rendent dans les villages situés dans la Lobaye, zone forestière réputée en Centrafrique à l’activité de la cueillette des chenilles. Mais, d’après certains centrafricains, le prix des chenilles est encore élevé et la quantité n’est pas assez suffisante. Cette situation remonte depuis la chaine de cueillette.

Marius Ogbomogna est l’un des ceux qui pratiquent la cueillette des chenilles. Il habite la commune de Mbata et a décidé de venir lui-même à Bangui pour vendre les chenilles qu’il a pu cueillir. Nous l’avons rencontré à la barrière de Pk 9 route Mbaïki, il  affirme: « Nous constatons depuis quelques années que l’abattage des arbres est exagéré dans la région pour la fabrication des planches et d’autres destinés à l’exportation. La déforestation devient de plus en plus inquiétante.  Du coup,  il faut se rendre très loin du village afin de trouver les arbres sur lesquels se développent les chenilles ». « Regardez, j’ai la conscience que la quantité des chenilles que j’ai ramassé qui me reste n’est pas suffisante mais je suis obligé de vendre cela à 5000 F CFA puisque j’ai quitté la maison à 2 heures du matin pour me rendre à la cueillette.  Cependant, il faut savoir que c’est juste le début de la compagne de la vente des chenilles et au fur et à mesure, le prix va sûrement régresser  », a-t-il ajouté. 

Sur les marchés,  les commerçantes vendent les chenilles en petits tas à 500 F CFA. Marina, l’une des commerçantes au marché de Carrière, situé dans la commune de Bimbo 2 s’explique : « De retour de la cueillette, on nous vend une cuvette des chenilles à 15 000 F CFA. Et, cela varie selon la qualité des chenilles. Les chenilles de couleur jaune sont rares et elles sont trop appréciées par les centrafricains voilà pourquoi on les vend à un coût élevé. Mais pour les autres qui ont des épines par exemple, on peut acheter une cuvette à 7 000 F CFA voire 10 000 F CFA pour revendre », a-t-elle témoigné.

Parfois, celles qui vendent les chenilles sont obligées de se rendre au campement de la cueillette pour les acheter à un bon prix. Gerline Bingui a été déjà dans ces campements, elle témoigne : « Nous avons parcouru des kilomètres en moto pour nous rendre dans les campements de Babili, Karawa parfois de Pissa, tous des localités qui se trouvent dans la préfecture de la Lobaye pour acheter des chenilles.  C’est un grand risque avec les conducteurs des motos et pire, les pistes empruntées sont périlleuses, ce qui provoque régulièrement des accidents routiers et les pannes de crevaison des pneus. Souvent nous quittons Bangui à 5 heures du matin pour revenir à 15 heures ».

Cette saison des chenilles pourra encore durer trois mois. Presque tous les marchés de Bangui sont inondés par cette activité qui occupe plus des jeunes filles en cette période des vacances. Une activité économique cartes mais avec beaucoup de risque et de tracasserie routière. Une commerçante retrouvé au PK9 axe Mbaïki témoigne : « Les tracasseries routières sont quotidiennes. Déjà à l’aller, vers Nzila, chaque moto doit payer 2000 F CFA des formalités. Il en a aussi tout au long de l’axe jusqu’à Pissa. Et là, c’est difficile pour nous de faire ce commerce ».

Les chenilles sont appréciées par certains centrafricains tandis que d’autres ne les mangent pour des raisons personnelles même si la médecine à prouver que les chenilles font partie des aliments riches en protéine.

Le commerce des chenilles contribue largement à l’équilibre économique de certains ménage et du pays, mais l’enjeu de la déforestation et les tracasseries routières font partis des obstacles majeurs à cette activité commerciale.    

Wilfried Bouba