Ce procès a été ouvert le lundi 26 septembre et va se poursuivre jusqu’au 30 septembre. Celui-ci avait commencé par la lecture des charges qui pèsent contre cet ancien commandant de la Séléka qui selon la chambre de première instance VI, Mahamat Saïd Abdel Kani est accusé des graves crimes et crimes contre l’humanité.

Ensuite, les juges la chambre de première instance VI ont procédé à l’écoute de la déclaration des victimes qui ont à l’unanimité avoué que Mahamat Saïd Abdel Kani est à l’origine de plusieurs violations de droit de l’Homme entre 2013-2014 lorsqu’il dirigeait l’OCRB sous les règnes de la rébellion de Séléka au pouvoir

Ici à Bangui, la salle de l’audience de la Cour Pénale Spéciale (CPS), sert de cadre pour la retransmission en direct de ce procès pour permettre aux victimes et certains centrafricains de suivre le déroulement du procès. Plus d’une trentaine de personnes sont venues assister à ce procès à travers  l’écran géant et suivent de bout en bout les différentes phases de ce procès.

Landry Makokpala, Secrétaire général et porte-parole de la plateforme des victimes des crises en RCA convié par le bureau de la CPI de Bangui, se dit très content de suivre ce procès comme s’il était à la Haye. Il appelle par ailleurs aux victimes de faire confiance à la CPI pour ce travail qui pourrait essuyer les larmes des victimes.

Le mardi dernier est le tour des avocats de l’accusé coordonné par Me Jennifer Naouri et son équipe qui est composée de plus de trois avocats. En prenant la parole plus de deux heures, le conseil de la défense de l’accusé Mahamat Saïd Abdel Kani a balayé du revers de main toutes les accusations portées contre leur client. Elle a souligné que le mouvement Séléka a été dirigé à l’époque par Michel Djotodja qui selon elle est le responsable numéro un de cette organisation devant la justice. Elle a retracé les causes de l’incursion du mouvement Séléka qui a occasionné le départ de l’ancien chef de l’État François Bozizé, avant de rappeler certaines exactions commises avant la venue des Séléka au sein de l’Office de répression et des banditismes OCRB.

Toujours du côté de la défense de l’accusé, l’un des avocats déplore les procédures utilisées par la chambre de première instance VI pour recueillir les témoignages. Pour sa part, aucun témoin n’a attesté qu’il a vécu les faits par contre cette chambre s’est basée sur les rumeurs sans autant procéder à une vérification où à une enquête sérieuse.

Il a aussi souligné que la période où l’enquête de la chambre a été réalisée était marquée par l’absence des documents administratifs. L’avocat a aussi déploré le fait de retirer certains témoins qui selon lui maîtrisent le fonctionnement de la coalition Séléka. Il rejette l’idée selon laquelle la coalition Séléka était bien structurée et disciplinée. Pour lui, cette rébellion avait une genèse floue. Puisque selon plusieurs témoins, la Séléka a été installée par Abdoulaye Miskine qui avait réuni autour de lui les différents mouvements politico-militaires pour combattre les éléments de Baba-ladé. Mais, tout le monde sait qu’après la prise du pouvoir par la force en 2013, Michel Djotodja s’était auto-proclamé en tant que numéro un de ce mouvement.

Plusieurs faits témoignent que ce mouvement n’est pas structuré et discipliné. L’objectif premier de la coalition Séléka était de signer un accord avec le gouvernement de François Bozizé et non de prendre le pouvoir. C’est après la violation de cet accord par l’ancien président François Bozizé, que les éléments de ce mouvement politico-militaire ont décidé de marcher sur Bangui. Et selon un témoin, Michel Djotodja n’avait pas la main mise sur la coalition Séléka et ce dernier était venu juste après le départ de l’ancien président François Bozizé.

Pour appuyer son argumentation, le conseil de la défense de Mahamat Saïd Abdel Kani a donné l’exemple du non-respect des ports de galon par les éléments de ce mouvement, qui parfois un colonel peut être la garde rapprochée d’un lieutenant. Cet aspect témoigne à suffisance le désordre qui régnait à ciel ouvert pendant le règne des Séléka.

S’il faut le rappeler, Mahamat Saïd Abdel Kani a été arrêté et remis à la CPI en 2021 suite à un mandat d’arrêt lancé contre lui en 2019.

Difficile pour le moment de dire avec exactitude combien de temps ce procès va prendre. Il peut durer en fonction de la complexité de l’affaire et d’autres difficultés qui peuvent subvenir. Mais votre journal Oubangui Médias vous fera les points sur les différentes phases de ce procès tant souhaité par le peuple centrafricain. Puisqu’après l’arrestation de Patrice Édouard Ngaissona, Alfred Rhombt Yekatom,  des voix se sont levées pour critiquer cette Cour internationale pour n’avoir arrêtée que des leaders des Anti-balaka.

Après l’arrestation de Mahamat Saïd Abdel Kani de la Séléka, un autre leader des Anti-Balaka Maxime Mokom est aussi détenu à la Haye. Plusieurs autres dossiers centrafricains sont en instruction devant la Cour Pénale Internationale. Cependant, la population réclame toujours l’arrestation des gros poissons de la Séléka qui continuent à semer des troubles dans le pays, à l’exemple de Noureddine Adam, Mahamat Alkhatim et Ali Darass ainsi que leurs complices.

La CPI est à pied d’œuvre pour répondre aux attentes de la population, surtout les victimes, en traduisant ces principaux leaders devant ses juridictions.

Christian Singa