Le 17 septembre dernier, une convention a été signée entre l’Etat Centrafricain et le Groupe BGFI Bank. La signature de cette convention a pour objet la cession d’une partie des actions de la CBCA à la BGFI Bank Centrafrique. 34% des actions de l’Etat ont été cédées à BGFI Bank Centrafrique. Pour donner plus d’éléments d’informations à la population centrafricaine, le Directeur Général de BGFI Bank Hervé Gislain Kogboma Yogo et l’équipe dirigeante de la banque, ont tenu une conférence de presse mercredi 29 septembre en présence du président du Conseil d’Administration de cette banque, Jean Claude Kolika, cadre de Banque et Directeur Général de l’Oubangui Hôtel. Monsieur Hervé Ghislain Kogboma Yogo répond aux questions des journalistes dont l’intégralité est transcrite par Oubangui Médias. 


Staff de la BGFI Bank Centrafrique
 

Monsieur le Directeur Général, Bonjour, pourriez-vous revenir sur les raisons de la cession partielle des actions de l’Etat au groupe BGFI Bank ?

Hervé Ghislain Kogboma Yogo : Au nom de la Banque, nous voudrions vous remercier pour l’intérêt déjà de vos interrogations. Cela démontre combien le commun de mortel s’interroge. Cette opération,  si elle est intervenue aujourd’hui, je vous dis qu’elle est intervenue tardivement parce que, depuis que le groupe Commercial Bank n’existe plus en 2009, nous étions en quête d’un partenaire de référence.

Nous étions en quête pour la simple raison que, l’organe de contrôle, nous voulons citer la Commission Bancaire (COBAC) qui édite les règles de fonctionnement pour les banques, mettait la pression sur notre banque pour la recherche d’un partenaire de référence. Il n’est pas du ressort de l’Etat de rester éternellement majoritaire dans la banque. Donc, la banque avait été sommée pour rechercher un actionnaire de référence. Des tentatives ont eu lieu, plus de trois fois mais qui n’ont pas abouti. Un certain nombre des raisons ont amené les autorités de contrôle à comprendre la banque et à nous laisser fonctionner.

La banque pouvait être sanctionnée parce que nous n’avions pas trouvé des partenaires de référence. Nous avons montré notre bonne volonté, en signifiant que plus de trois fois, il a eu des appels d’offres qui ont été infructueux. A un moment, le pays a connu l’insécurité, ce qui n’avait pas encouragé les investisseurs à s’intéresser à la Banque. Mais de tout le temps, nous avions cela comme une épée de Damoclès sur nous. Il fallait un actionnaire de référence.

Même le Fonds Monétaire International demandait aussi à l’Etat de se désengager en tant qu’actionnaire  majoritaire. Donc, vous comprenez que nous ne nous sommes pas levés un jour pour faire venir un partenaire. C’était une obligation pour la banque de rechercher un actionnaire de référence.

Vous aviez dit que l’État ne devrait pas rester éternellement actionnaire majoritaire. Avec cette cession, l’État reste toujours majoritaire. En quoi peut-on s’attendre dans l’avenir ?

Hervé Ghislain Kogboma Yogo : Nous croyons que l’objectif recherché est atteint. Les autorités de régulation se disaient que l’Etat n’a pas cette vocation de rester majoritaire et gérer la banque. Il fallait un partenaire de référence. Et l’objectif est atteint aujourd’hui car l’État a réussi et il faut jeter des fleurs à l’autorité monétaire car l’État n’a cédé que 34%. Cela pouvait être au-delà. Elle a encore réussi à convaincre le partenaire technique pour accepter l’utilisation de son label. Franchement, au stade actuel, le problème ne se pose pas et ne posera plus.  Il y a un partenaire technique qui est là pour aider la banque à aller de l’avant. Le reste c’est l’État, nous ne pouvons pas parler à la place de l’Etat.

 La BGFI Bank a-t-elle injecté quelque somme dans la banque?

Hervé Ghislain Kogboma Yogo : Une action a une valeur et quand le partenaire technique vient, il discute avec l’Etat, ce qu’il prend, la différence avec la valeur monétaire, il paie à l’Etat car c’est l’État qui cède ses actions.

Mais la précision qui vaut la peine d’être rappelée ici est que, tout n’est pas de verser une grosse somme d’argent, mais d’avoir l’expertise. Dans le cas d’espèce, l’autorité monétaire a vraiment eu la présence d’esprit d’accepter l’offre de la BGFI Bank par ce que cela va énormément aider la banque. Au-delà de la valeur monétaire en termes d’action versée à l’État, vous imaginez, maintenant la banque est dans un groupe de référence.

Une bonne nouvelle déjà que nous vous annonçons, depuis plus de 10 ans, nous ne faisions pas d’opération en dollars par ce que nous n’avions pas de compte en dollars. Mais grâce à ce groupe, nous sommes à mesure de le faire aisément maintenant. Hier (ndlr mercredi 29 septembre), notre filiale à Paris nous notifie une ligne de plusieurs millions d’euros pour faire des transactions pour le compte de nos clients. Nous n’avions pas cet avantage avec la CBCA. Avant,  c’était de la mer à boire. Nous profitons de votre micro pour dire à nos opérateurs économiques et aux clients de la banque, plus d’inquiétude à se faire en termes de financement au sein de notre banque. Dès que nous avons un projet bancable, nous avons aujourd’hui la capacité de financer.

Mais pourquoi la dénomination a-t-elle changé ?

Hervé Ghislain Kogboma Yogo : A l’époque, cette banque s’appelait l’Union Bancaire en Afrique Centrale (UBAC). Quand elle a eu un partenaire de référence, la banque a changé de nom pour se faire appeler Commercial Bank Centrafrique (CBCA). Le groupe bancaire était Commercial Bank. Depuis 2009, quand ce groupe a disparu, c’était par abus que nous continuions à utiliser le nom de CBCA parce que nous  n’avions pas eu un autre nom.

Aujourd’hui, la BGFI Bank est rentrée dans le capital de la banque, seulement à hauteur de 34%. Nous rappelons que l’Etat est actionnaire majoritaire à hauteur de 85% dans le capital de la Banque. Donc, l’Etat a cédé 34% à BGFI Bank et garde 51%.  L’Etat est toujours majoritaire. Nous nous permettons de dire que l’utilisation du nom BGFI Bank  est une faveur faite à notre banque, puisqu’en temps normal, s’ils étaient actionnaire majoritaire, naturellement, c’est le nom de leur groupe qui devrait être utilisé. Mais là, ils ne sont pas majoritaires mais ont accepté que nous puisons utiliser le nom du groupe.

A un moment donné, nous étions en train de chercher une dénomination locale. Mais vous savez, dans le monde d’aujourd’hui, nous ne vivons plus en autarcie parce que nous ne pouvons plus vivre sans les autres. Nous pouvons beau être patriote, mais cela ne sert à rien. Et, nous nous sommes rapprochés de ce groupe qui nous a autorisés à utiliser leur dénomination « BGFI Bank Centrafrique ».

BGFI Bank, c’est un grand groupe, le N°1 aujourd’hui dans la sous-région. Vous imaginez déjà, le simple fait qu’on nous autorise à utiliser ce nom, cela confère à la banque un certain nombre de privilège. Un investisseur par exemple qui se trouve au bout du monde et qui veut investir en RCA, quant il va se mettre à rechercher des banques, dès qu’on lui parle de BGFI Bank en Centrafrique, très rapidement, il va faire référence à BGFI Bank qui existe dans les autres pays et il n’aura pas de souci à se faire. Donc, le fait d’utiliser le nom de BGFI Banque Centrafrique n’est pas une domination, bien au contraire, c’est à l’actif de la banque.

Connaissez-vous bien ce groupe bancaire ?

Hervé Ghislain Kogboma Yogo : Effectivement nous connaissons très bien ce groupe. Ce groupe, non seulement est le numéro 1 dans la sous-région qui comporte six pays, mais aujourd’hui, à l’exception de la RCA était dans 11 pays. Ce groupe existe même en Europe. La RCA est le 12ème pays. Donc, la pression que nous avions pour rechercher un partenaire de référence, nous l’avions remonté au niveau de l’autorité monétaire qui est le ministre des Finances et il a jugé bon de céder les 34% à ce groupe après l’étude de dossier présenté par BGFI Bank.

Les Centrafricains n’avaient-ils pas d’argent pour payer cette part de l’Etat?

Hervé Ghislain Kogboma Yogo : La banque c’est un domaine particulier. Le tout n’est pas d’avoir de l’argent. Mais il faut avoir l’expertise à la matière. On ne se lève pas un beau matin pour être partenaire de référence. On doit être agréé par la COBAC. Le dossier de la BGFI Bank, nous l’envoyons à la COBAC et elle va donner l’agrément, c’est-à-dire, elle va étudier avant de valider.

Un particulier pouvait avoir 15 ou 20 milliards de FCFA par exemple mais s’il n’a pas d’expertise, il ne sera pas éligible. N’oubliez pas que les banques travaillent avec les fonds du public. Donc, c’est un secteur tellement particulier que les autorités ont un œil pour

protéger les fonds de ce public-là. On ne laisse pas n’importe qui diriger une banque. Vous conviendrez avec moi que depuis 2009, il n’a pas été du tout facile de trouver un actionnaire de référence. Et  lorsque la BGFI Bank s’est présentée, l’autorité monétaire après examen du dossier a validé son dossier.

Qu’est-ce les clients peuvent attendre de bon avec  BGFI Bank?

Hervé Ghislain Kogboma Yogo : La banque fonctionne avec ce qu’on appelle des  normes. Quand on doit accorder un crédit, il y a des critères qu’on doit respecter. Sur un client, la loi dit : Vous ne pouvez pas accorder des crédits dépassant un certain seuil, notamment 45% de vos fonds propres. Mais qu’est-ce qui se passe ? Vous prenez le fonds propre de la banque, par exemple c’est 10 milliards, nous ne pouvons pas faire un crédit de 5 milliards par exemple. Mais l’avantage en étant dans le groupe est que nous pouvons aujourd’hui accorder un crédit au-delà de cette règle. Par exemple, un client a besoin de 30 milliards. Comment cela va se passer dans le phénomène groupe ? Nous pouvons amener le dossier de notre client dans le groupe. Si le groupe accepte, cette somme pourra être partagée entre nous. Les autres banques peuvent donner de l’argent pour nous permettre de remettre à ce client que nous avons défendu son dossier. Voilà les avantages que nous n’avions pas en tant que CBCA.

Toujours par rapport à l’accord des crédits, si un client gagne moins de 100.000 FCFA,  pourra-t-il espérer un crédit de plus d’un million ?

Hervé Ghislain Kogboma Yogo : La banque fonctionne sur la base des normes et en ce qui concerne les crédits, la norme fondamentale c’est la capacité de remboursement du client. Plus vous avez la capacité de remboursement, plus la banque vous accorde de crédit. La CBCA accordait de crédit sur le moyen terme sans une garantie hypothécaire. Vous ne verrez pas cela ailleurs en Centrafrique. Nous faisons des crédits sur 48 mois et nous n’exigeons pas des titres fonciers alors que le principe voudrait à ce que quand on va au-delà du court terme c’est à dire 24 mois, que nous ayons une garantie hypothécaire. Nous nous sommes rendus compte qu’avoir un titre foncier n’est pas une mince affaire, il faut beaucoup d’argent. C’est pourquoi, nous avons mis en place des prêts immobiliers et ces prêts nous permettent de faire jusqu’à 48 mois sans pour autant que le client ait à fournir à la banque un titre foncier. Je crois, si un client a un salaire de 100.000 FCFA, il prend le tiers de son salaire multiplié par 48, il fait la demande et la banque pourra mettre à sa disposition ce crédit. Nous n’avons pas attendu d’être BGFI Bank pour le faire.

Cette entrée de BGFI Bank changera-t-elle le capital de la banque, notamment l’augmentation du capital ?

Hervé Ghislain Kogboma Yogo : Non il n’y a pas eu l’augmentation du capital de la banque. Le capital de la banque est resté le même. Seulement, l’État qui avait 85% a, à l’intérieur de ce capital cédé 34% pour conserver les 51%. Donc il n’y a pas eu augmentation du capital.

Quand est-ce que la banque va procéder au changement de logo ?

Hervé Ghislain Kogboma Yogo : En ce qui concerne le changement de logo, nous sommes en train d’envisager ce passage de façon très sérieuse. Il y a beaucoup de choses à changer : les couleurs, les chéquiers, les documents internes de la banque…nous aurons jusqu’au 31 décembre 2021 pour tout changer. Les clients seront informés de tout. Donc pas d’inquiétude à se faire.

Monsieur le Directeur Général merci

Hervé Ghislain Kogboma Yogo : C’est à moi de vous remercier.

Propos recueillis par Fridolin Ngoulou