En date du 8 février 2023, Yao Agbetse, expert indépendant sur la situation des Droits de l’Homme des Nations-Unies a entamé une mission de terrain dans le pays pour évaluer la situation des Droits de l’Homme en République Centrafricaine (RCA) principalement à Berberati et Bangui.

Pour Yao Agbetse, expert indépendant de Droits de l’Homme des Nations-Unies pour le Centrafrique en mission dans le pays, des nombreuses consultations ont eu lieu avec les acteurs étatiques notamment avec le Premier ministre et les membres du gouvernement, les partenaires techniques et financiers, l’équipe pays des différentes agences des Nations-Unies entre autres, le PNUD, OCHA, UNFPA et également l’Autorité Nationale des Élections (ANE), les organisations de la société civile, les associations des victimes, les membres du parlement, la commission parlementaire 8 qui s’occupe des questions de la santé, de l’éducation, du genre et autres ainsi que des organisations qui se focalisent sur la question de droits de l’enfant.

Ce dernier a pu s’entretenir aussi avec les partis politiques de l’opposition avec d’autres partenaires qui contribuent pour le relèvement du pays, sur les différentes questions à savoir, le dialogue politique, les élections locales, la cartographie électorale, les messages et discours de haine.

L’expropriation des terres, l’un des sujets phares

Mr Yao Agbetse, donne son impression sur la question de l’expropriation des terres : « Il y a un principe fondamental en matière d’expropriation. Il y a d’abord  premièrement un élément d’information préalable à l’intention des personnes dont les biens devraient ou pourraient faire l’objet d’une expropriation. L’Etat  identifie un bien mobilier ou immobilier comme un bien à utilité publique et il peut procéder par l’expropriation. D’abord, il doit avoir nécessairement une discussion par rapport à l’évaluation du bien pour que le juste prix soit payé et rétablir la personne expropriée dans ses droits. Par rapport à cette position de principes, il est clair dès lors qu’il y a expropriation. En tout cas, les propriétaires sont en droit de réclamer aux autorités justice et réparation, et si ce n’est pas fait, il appartient aux victimes de porter plainte ou de porter à mon intention les éléments tangibles et concrètes. Je ferai le devoir de relayer auprès des autorités, les interpeller pour les mesures idoines ».

La situation politique est tendue et crispée

Concernant le  dialogue politique, Yao Agbetse, fait un constat : « Il m’a été donné de constater que la situation politique est tendue et crispée. La polarisation du climat politique ne permet pas d’avancer de manière apaisée, de progresser. Le message principal est d’appeler les autorités à faire en sorte qu’un dialogue sincère et authentique s’instaure pour faciliter le processus électoral qui devrait conduire vers les élections locales. Il est envisagé d’élargir le dialogue au niveau de G5+ avec les partenaires techniques et financiers qui accompagnent le gouvernement centrafricain et aussi les groupes armés et les organisations de la société civile, aux membres du parlement ».

La situation sécuritaire demeure préoccupante

Selon l’expert indépendant des Droits de l’Homme des Nations-Unies, la sécurité reste un élément essentiel pour que la restauration de l’autorité de l’État soit effective. « Malheureusement sur plusieurs parties du territoire,  on a constaté que la sécurité n’est pas rétablie, ce qui empêche la population à vaquer à leurs occupations et qui empêche d’accéder aux services sociaux de base, de pouvoir aller à l’école, au marché et à faire des activités au quotidien ».

L’impunité sape l’autorité de la Cour pénale spéciale

Pour Yao Agbetse, l’exfiltration de sieur Hassan Bouba, ministre de l’élevage par les autorités est une attitude qui, de nature à saper l’autorité de la Cour pénale spéciale. «  Je crois que ce n’est pas une bonne chose d’autant plus que les autorités qui ont décidé à lutter contre l’impunité font le contraire à leurs affirmations. Et donc, j’ai rappelé la nécessité de faire la preuve de bonne foi, de respecter les engagements qu’ils ont pris, tant que Mr Bouba, n’est pas remis à la CPS, le gouvernement se verrait reprocher cette contradiction qui apparaît dans leur discours d’une part comme quoi qu’ils sont engagés et résolus pour résoudre les questions d’impunité et quelque part retenir une personne qui a des affaires à la justice, ou sur qui pèse des allégations de crimes de guerres, crimes contre l’humanité ».

En effet, selon des informations de l’Oubangui Médias, des discussions sont en cours et le gouvernement prévoyait des mesures pour que le sieur Hassan Bouba soit traduit devant la CPS  afin de répondre aux allégations à son encontre.

                                         Zarambaud Mamadou