Président Touadera, dans son adresse à la Nation à l’occasion du nouvel An a fait une rétrospection sur la situation sécuritaire. Voici l’extrait de son discours.

« Au seuil du nouvel an 2023, je voudrais, en ma qualité de Père de la Nation, rendre grâce à Dieu Tout-Puissant qui, dans son amour, a guidé toutes nos actions, protégé notre pays, et surtout demander, dans une attitude de foi et d’humilité, sa miséricorde et sa bonté pour l’année qui s’ouvre.

C’est l’occasion pour moi de vous féliciter et de formuler, du fond du cœur, les vœux de santé, de prospérité, de bonheur et de paix à l’endroit de chacune et chacun d’entre vous, où que vous soyez, et pour notre pays.

J’associe à ces vœux tous les hôtes étrangers vivant parmi nous dans le cadre des missions diplomatiques, de partenariat ou simplement comme des résidents.

J’adresse également mes vœux de bonne année à toutes nos forces de défense et de sécurité, à la MINUSCA et aux forces alliées bilatérales russes et rwandaises qui passent le réveillon dans la solitude, loin de leurs proches.

Je leur témoigne toute mon estime et ma confiance et salue leur bravoure et leur sens de sacrifice dans l’accomplissement de leur noble mission de protection des populations et de défense de l’intégrité du territoire national.

Ce soir, ma première pensée, une pensée chaleureuse, va vers toutes celles et tous ceux d’entre vous qui sont victimes d’une maladie ou de la détresse.

J’ai une pensée particulière pour tous les Militaires, Policiers, Gendarmes, Casques bleus et soldats alliés, tombés au champ d’honneur pour la défense de la patrie ainsi que pour tous les êtres chers qui nous ont quittés.

Je renouvelle mes condoléances et ma compassion à toutes leurs familles.

Mes Chers Compatriotes ;

Le nouvel An n’est pas seulement une occasion de réjouissance ou de faire le bilan des actions de l’année écoulée, mais aussi et surtout d’établir des perspectives pour l’année nouvelle en indiquant les axes prioritaires pour y parvenir.

Ce soir, je ne vais pas m’appesantir sur la rétrospective, mais j’évoquerai quelques faits qui ont marqué l’année 2022, tant sur le plan international que national.

Sur le plan mondial, l’année 2022 a été particulièrement marquée par des chocs climatiques, des tensions géopolitiques et des défis financiers, énergétiques et alimentaires sans précédent.

La persistance du COVID-19 et le changement climatique ont provoqué un ralentissement généralisé de l’activité économique mondiale avec une inflation qui atteint des niveaux inégalés.

Les inondations provoquées par le changement climatique ont causé d’énormes pertes en vies humaines, des dommages matériels et économiques inestimables, des déplacements de populations avec des implications importantes pour la paix, la sécurité et le développement, particulièrement dans notre continent.

La guerre en Ukraine a provoqué le bouleversement de l’ordre mondial, la chute des économies fragiles comme la nôtre, la flambée des prix des produits de première nécessité, l’inflation, la pénurie des carburants, l’insécurité alimentaire.

Les efforts déployés, même à l’échelle mondiale, se sont révélés terriblement insignifiants, face à l’ampleur des défis.

Chaque pays a été obligé de revoir ses ambitions en baisse.

Au niveau national, outre ces défis mondiaux, complexes et difficiles, notre pays a particulièrement été la cible d’attaques diaboliques:

– lâches assassinats des éléments des forces de défense et de sécurité ainsi que des civils, par la prétendue « Coalition des Patriotes pour le Changement » (CPC);

– poses des mines anti-personnel et anti-char par la CPC ayant entraîné la mort de plusieurs personnes ;

– prises d’otage des experts nationaux et étrangers à Birao et Niem-Yéléwa par la CPC;

– complots de déstabilisation orchestrés par la CPC, le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC) et le Conseil de Résistance pour la Transition (CRT);

– appels à la suspension des appuis budgétaires et de l’aide humanitaire par le BRDC et le CRT pour soutenir des luttes géopolitiques et géostratégiques de certains partenaires ;

– attentats terroristes par l’emploi d’explosifs et colis piégés, ayant visé la population civile à Bossangoa et la Maison de la Russie à Bangui.

A ce stade de mon message, je voudrais réitérer ma ferme condamnation de ces lâches et ignobles attaques terroristes, indépendamment de leurs motifs et de leurs auteurs.

La Justice a ouvert une enquête aux fins de déterminer les origines de l’aéronef ayant servi à l’attaque de Bossangoa ainsi que du colis piégé, l’implication des intermédiaires et les auteurs, coauteurs et complices de ces actes terroristes et de prononcer les peines encourues.

Face à ces adversités, nous avons prouvé que nous sommes un peuple uni, résilient, respectable ; que notre sentiment d’appartenance à une seule Nation est vivace et que nous sommes capables de préserver notre souveraineté nationale.

Mes Chers Compatriotes;

En dépit de la conjoncture économique difficile, nous poursuivons, avec le concours de chacune et chacun de vous, le patient travail de reconstruction de notre pays.

Sur le plan sécuritaire, je tiens à vous rassurer que nos forces de défense et de sécurité sont déterminées à contrer toutes les velléités de déstabilisation des institutions démocratiques, comme elles l’ont d’ailleurs démontré en décembre 2020 et janvier 2021.

Elles sont efficacement appuyées par la MINUSCA dont je salue le changement de posture et les forces alliées bilatérales russes et rwandaises.

Aujourd’hui, plus rien ne sera comme avant. Je vous exhorte donc à ne pas avoir peur, à vaquer librement à vos occupations quotidiennes, à ne pas vous laisser effrayés par de folles rumeurs véhiculées par les ennemis de la paix pour créer la psychose et le doute au sein de la population.

Année après année, nous renforçons la capacité opérationnelle de notre outil de défense et de sécurité par d’importants recrutements et la formation des jeunes recrues dans l’Armée, la Police et la Gendarme afin de mettre définitivement fin à l’insécurité.

Nous continuerons d’augmenter le budget de la défense afin de nous permettre, à la faveur de la levée de l’embargo, de doter notre outil de défense et de sécurité de moyens adéquats pour assurer la défense de notre souveraineté nationale.

Sur le plan politique, en poursuivant la réalisation de notre vision commune d’un pays définitivement uni, sécurisé, pacifié et réconcilié, nous avons organisé, en mars 2022, un Dialogue républicain inclusif qui a connu un succès éclatant.

La poursuite de l’exécution des engagements pris dans l’Accord Politique pour la Paix et la Réconciliation du 6 février 2019 a permis le désarmement et la démobilisation de 4.597 ex-combattants sur l’ensemble du territoire national.

Le Projet de Réintégration des Ex-Combattants (PREC), financé par la Banque Mondiale, a permis de former et réinsérer dans leur communauté 1.992 ex-combattants ; 995 autres sont en formation.

Le PREC a également permis la réalisation des infrastructures socio-économiques tels que les forages, marchés, écoles, maternités, aires de séchage, ponts, maisons des jeunes, magasins de stockage de semences et l’éclairage public solaire, à la grande satisfaction des communautés bénéficiaires.

La mise en œuvre de l’APPR a généré cette année d’importants acquis et dividendes, notamment le redéploiement des forces de défense et de sécurité sur l’ensemble du territoire ; l’intégration de 1.000 ex-combattants dans les forces de défense et de sécurité et la dissolution de 4 groupes armés signataires de l’APPR.

Dans le cadre de la mise en œuvre de la Feuille de Route Conjointe de Luanda, des opérations spéciales ont permis de désarmer et démobiliser 1.574 ex-combattants dissidents de la CPC qui seront pris en charge par un programme de réintégration.

Le Comité interministériel mis en place examine la problématique des combattants de la LRA, encore présents dans le Haut-Mbomou.

En 2023, le Gouvernement poursuivra les efforts de mobilisation des ressources nécessaires et l’élaboration d’une stratégie d’engagement des leaders des groupes armés membres de la CPC dans le processus de paix.

La vie politique nationale a également été rythmée par des manifestations grandioses tant à Bangui qu’à l’intérieur du pays, appelant à un référendum constitutionnel.

Sur décision de la Cour Constitutionnelle, le Gouvernement a élaboré le projet de loi relatif à la procédure référendaire qui vient d’être adopté par l’Assemblée Nationale.

En ce jour de l’An, je réaffirme ma volonté de respecter la Constitution et la volonté du peuple titulaire de la souveraineté nationale (…) ». FIN