Chaque année, le pays assiste à une pénurie de carburant entre les mois de mars à mai. Comme pour l’année dernière, le manque de l’essence va encore causer une pénurie en cette saison sèche où le niveau des eaux de l’Oubangui ne favorise pas le ravitaillement du pays en carburant par voie fluviale.

La RCA, pays encore non pétrolier se ravitaille en carburant à travers les pays voisins. Par la voie fluviale à travers les deux Congo et par la route via le corridor Bangui-Douala au Cameroun. Mais, ce pays est encore loin de faire une réelle prévision pour éviter les crises récurrentes pendant les périodes de décrues du fleuve Oubangui.

En effet, jusqu’aujourd’hui, il semble que les instances en charge de la prévision pétrolière ne maitrisent pas encore le niveau de consommation en carburant. Alors que la population s’agrandie, l’utilisation des engins ne fait qu’augmenter à travers le pays. Une réelle prévision issue d’une étude globale de consommation de carburant doit être lancée afin de permettre au pays d’augmenter son réserve en carburant.

On assiste véritablement à une croissance des besoins du pays en carburant mais, le pays n’a pas su mettre sur pieds une politique d’augmentation des capacités de stockage. Dans un passé un peu lointain, le pays disposait d’une prévision de six mois, couvrant toute la période de la saison sèche.

En Juillet 2019, le pays inaugure le 15e BAC à carburant

Le gouvernement avait pourtant mis au moins 1,4 milliards de FCFA sur ses fonds propres pour la construction du 15e bac à carburant au dépôt de Kolongo à Bangui. Ce réservoir dispose d’une capacité de 5.500 m3 soit 5 millions de litres du gasoil. Il peut ravitailler jusqu’à 150  camions citerne.

En effet, le dépôt de Kolongo, construit en 1969 disposait de 14 réservoirs et ce 15e réservoir était accueillis avec satisfaction, car il vient renforcer les capacités de stockage des produits pétroliers qui dépend des pays voisins à travers l’importation par la voie fluviale et routier. Ceci devrait éviter à la Centrafrique les crises récurrentes de carburant pendant la saison sèche, à cause du tarissement du niveau de fleuve l’Oubangui.

Mais malgré l’augmentation de cette capacité, le pays a connu en 2020 et en 2021 une crise de carburant qui a affecté l’économie qui souffrait déjà à cause de la pandémie de la Covid et du blocus de la route commercial Bangui-Douala par les rebelles de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) de François Bozizé.

Quid de la construction du dépôt de relais de Zinga et de la réhabilitation de Salo à Nola ?

Le jour même de l’inauguration du 15e bac de Kolongo, le chef de l’Etat Faustin Archange Touadera dans son interview avait annoncé la construction prochaine d’un dépôt de relais à Zinga dans la Lobaye et la réhabilitation du dépôt de Salo dans la préfecture de la Sangha-Mbaéré.

En effet, les crises récurrentes dans le pays avaient conduit au sabotage des installations pétrolières dans le pays. Le dépôt pétrolier de Salo, situé à au moins 424 kilomètres au sud-ouest du pays était remis en état en 2008 après huit ans d’abandon par les autorités du pays. Le gouvernement de l’époque avait mis 120 millions de FCFA pour sa réhabilitation.

Les dernières crises de 2013 ont à nouveau mis à plat ce site de réserve pétrolière qui ravitaillait les préfectures environnant et Bangui.

A ce jour, le gouvernement doit mobiliser 100 millions de FCFA depuis 2017 pour la remise en état de cette réserve national en matière d’hydrocarbure.

Après l’annonce du président de la République en 2019, une mission a été conduite à Salo pour procéder à l’évaluation de ce site. Des autorités locales contactées par Oubangui Médias ont confié qu’après le passage de cette mission, rien n’a été fait. Elles ont indiqué que l’un des défis de taille reste l’impraticabilité de la route depuis Salo jusqu’à Bangui.

Le dépôt de Salo d’une capacité de 3.500 m3 avait l’avantage d’être approvisionné par voie navigable en temps de crue à partir de Kinshasa le Congo, alors que celui de Kolongo peut être approvisionné tant par la voie fluviale en saison des pluies que par la route en saison sèche, à partir du port de Douala au Cameroun.

Augmentation des prix pendant la saison sèche

En plus des perturbations d’approvisionnement, les prix du carburant ne cessent d’augmenter en période de la saison sèche. Un boulanger à Bimbo a témoigné à Oubangui en ces termes : « A Bangui, c’est ce rituel. Parfois le litre de gasoil monte jusqu’à 1.200 FCFA au lieu de 650 FCFA. En temps normal, j’achète un fût de 200 litres à 130.000 FCFA entre les mois de mai jusqu’en février. Mais, en mars et avril, je paie les 200 litres à 200.000 FCFA. Ce qui pousse tous les boulangers à baisser leur production et le pain devient aussi rare sur les marchés ».

Certes les crises liées à la Covid-19 et la récente crise ukrainienne ont des retombés sur l’économie mondiale et celle de la RCA, la crise de carburant à Bangui et l’augmentation des prix des produits pétroliers n’ont pas encore un lien direct comme commentent déjà des internautes.

Même si à la pompe le prix n’est pas à la hausse, trouver du carburant et surtout l’essence devient un parcours du combattant. Déjà au bord des routes et à côté des stations services, le prix d’essence à galopé à 1.500 FCFA le litre.

 Le pays doit doubler d’effort pour disposer des dépôts secondaires comme prévu à Zinga et Bambari ainsi qu’il doit tout faire pour rendre à nouveau opérationnel le site de stockage pétrolier de Salo afin de couvrir la zone sud-ouest du pays.

Fridolin Ngoulou