Les conducteurs des mototaxis se plaignent du comportement des membres de leur bureau en ce qui concerne des taxes de stationnement qu’ils jugent illégales ainsi que des frais destinés à la caisse noire, sans oublier le rackets de la gendarmerie.

Les conducteurs des mototaxis de Bimbo à la sortie Sud-Ouest de la ville de Bangui n’en peuvent plus du comportement des membres de leur bureau et de la gendarmerie. Ils ont dénoncé au micro de l’Oubangui Médias plusieurs irrégularités que leur bureau rejette.

Francis, conducteur de mototaxi dénonce le fait que le bureau impose des taxes illégales : « Parfois, pour un mauvais stationnement, ce sont les membres du bureau qui viennent t’imposer de payer. Or, leur rôle est de nous défendre en face du pouvoir public. En plus, chaque jour, tu leur dois obligatoirement 100 FCFA. Imaginer le nombre des mototaxis sur lesquels le bureau prélève cette somme au quotidien. Tu es abonné à l’association ou pas, tu dois seulement payer. C’est déplorable », a-t-il dénoncé en faisant aussi allusion aux actes de brutalité que les membres exercent contre ceux qui ne veulent pas obtempérer à leurs décisions.

De son côté, Roger estime que c’est juste par escroquerie que les membres du bureau collectent les 100 FCFA chez les motocyclistes prétextant qu’ils le font pour soutenir ceux qui sont accidentés ou soutenir les familles de ceux qui sont décédés, pourtant c’est faux : « Avant, je payais tous les jours mes caisses noires mais lorsque j’ai eu un accident, aucun membre du bureau ne m’a apporté de l’aide. Quand j’ai repris mon travail après avoir passé plusieurs semaines dans un hôpital, j’ai décidé de ne plus payer la caisse noire. Je pense que l’argent que nous versons ne sont pas utilisés pour la cause, soit c’est juste quelques copains qui en bénéficient», fulmine ce dernier.

Plusieurs d’entre eux n’ont pas manqué de pointer le doigt accusateur les forces de l’ordre, notamment la gendarmerie de Bimbo qui leur impose de payer 2000 FCFA de « formalité » au niveau de Nzila avant de circuler. « Même si tu as tous les papiers, ils t’imposent 1000 FCFA. Nous avons crié mais le gouvernement fait sourde oreille. Le jour où nous allons agir, le gouvernement viendra nous traiter des rebelles. Nous sommes en train de souffrir en silence. A la sortie nord, notamment sur la route de Damara, c’est 500 FCFA que les conducteurs versent. Ici c’est 2000 FCFA, C’est quel pays ça ? », s’est interrogé Edgard, un conducteur de mototaxi à Bimbo.

« Nous travaillons pour la plupart avec les motos des particuliers. Certains n’ont pas toutes les pièces demandées par la police, mais ils nous imposent seulement leur versement de 5000 FCFA par jour. De l’autre côté, il y a plus de carburant dans le pays. Si nous cumulons toutes ces tracasseries, c’est un poids quotidien sur nous », s’est plaint Edgard.

Cette question de tracasserie passionne les conducteurs de mototaxi qui veulent se défouler à travers le micro de l’Oubangui Médias. Innocent, un autre conducteur demande tout simplement aux autorités de dissoudre le bureau des mototaxis, car pour lui, en ce qui concerne les taxes de stationnement, c’est la Mairie de Bimbo qui devrait s’en charger. « Au moins là, nous seront sûr que l’argent va dans la caisse de la commune et de l’Etat. Que les autorités s’intéressent à ce secteur».

Par contre, Norris-Clavel Mabessimo, délégué des mototaxis de Bimbo ne soutient pas les propos des conducteurs de mototaxis : « Notre association a un règlement intérieur et les statuts qui régissent son fonctionnement. Les 100 FCFA que nous collectons, c’est pour notre caisse noire. Le but est d’assister ceux auront des accidents ou un cas de malheur. Le bureau des mototaxis vient en assistance à un conducteur de moto dans le cas où il s’est adhéré à l’association, mais la plupart ne sont pas adhérés à l’association ».

Mabessimo a indiqué qu’à Bimbo, il y a plus de 4000 milles conducteurs de mototaxi. Mais seulement 2000 ont formalisé leur adhésion à l’association : « L’histoire de collecte de 100 FCFA n’est pas une obligation, c’est volontaire. Et si le bureau saisi une moto des conducteurs, c’est dans le cadre du contrôle des badges et des gilets mais nous ne saisissons pas des motos à cause de la caisse noire », a-t-il relevé.

En 2021, le gouvernement avait commencé la règlementation des mototaxis suite à l’incursion des rebelles dans la capitale. Mais, les mesures prises souffrent de plusieurs carences. Dans les périphéries comme Bimbo, même ceux qui ont des pièces appropriées continuent de subir les rackets de la gendarmerie vers Nzila.

Ce secteur économique doit être mieux règlementé afin d’éviter des tracasseries. Une grande rencontre nationale est primordiale pour réfléchir sur ce secteur économique mais miné par plusieurs maux.

Milca Bissidi