La Plateforme des Acteurs pour la Défense des Droits Numériques en Centrafrique ( PADDNC) a tenu une conférence de presse le mercredi 10 mai 2023 dans la salle de conférence du Réseau des Médias Communautaires de Centrafrique ( RMCC), en vue de faire le bilan des premières actions entreprises face aux différents désagréments causés par les sociétés de téléphonie mobile en République Centrafricaine.
Cette conférence faut-il le signaler, a connu la présence de -Fridolin Ngoulou, coordonnateur de cette Plateforme, de Fabien-Innocent Zemoniako journaliste-artiste-humoriste président de l’association INFOZEM et Idylle Mamba artiste chanteuse, promotrice de Ti-i festival qui ont expliqué à tour de rôle, le mobile de ce mouvement tout en demandant aux journalistes présents de faire passer les messages de mouvement qui seront envisagés aux populations afin de contraindre les sociétés à revenir à la raison. Ils en ont profité pour montrer le bilan des actions menées antérieurement.
Selon le coordonnateur de cette Plateforme, c’est depuis presque trois semaines que ce mouvement est lancé pour exprimer les mécontentements par rapport aux tarifications de télécommunication en République Centrafricaine et notamment les taxes de 7% que le gouvernement a imposé aux consommateurs des services des sociétés de téléphonie mobile. Il a aussi déploré plusieurs désagréments dans la fourniture des services au niveau des télécoms d’une manière générale.
« Nous avons lancé des actions de boycott que nous voulons effectivement poursuivre c’est pourquoi, nous avons convié les journalistes pour leur expliquer le mobile de ce mouvement. C’est-à-dire nous demandons aux usagers de mettre leurs téléphones en mode avion tous les jours de 12 heures à 14 heures. Nous voulons également montrer aux populations centrafricaines que les télécommunications en RCA sont encore trop chères ainsi que les données mobiles. L’Internet qui doit être un outil de travail demeure un luxe en Centrafrique », a-t-il regretté.
Selon le coordonnateur Fridolin Ngoulou, les données mobiles se vendent trop chers. « En plus, nous ne les consommons pas effectivement ce que nous achetons. Nous assistons à la disparition des datas et le service client ne rembourse pas. C’est pourquoi nous annonçons qu’il y aura une manifestation le vendredi 12 mai 2023 devant toutes les sociétés de téléphonie mobile à partir de 07 heures 30 minutes. J’appelle les centrafricains engagés et qui veulent à ce que le gouvernement puisse harmoniser les prix de télécommunication en Centrafrique de se joindre à nous ce vendredi pour faire un sit-in qui est une manifestation pacifique devant lesdites sociétés et l’Autorité de Régulation des Télécommunications Électroniques et de la Poste (ARCEP) et la prochaine fois, nous irons à l’Assemblée Nationale pour un plaidoyer car c’est l’assemblée qui a accepté voter les 7% des taxes», a lancé le Coordonnateur.
Pour lui, la plateforme a compris que l’ARCEP ne fait pas convenablement son travail pour contraindre ces sociétés à bien gérer leurs consommateurs. « Nous avons saisi le gouvernement c’est-à-dire le Ministre de l’intérieur depuis le 24 avril 2023 pour demander l’autorisation de cette manifestation et jusqu’aujourd’hui, nous n’avons reçu aucune réponse. Même seulement nous appeler pour nous dire tout simplement que nous vous autorisons ou pas. C’est un manque de sérieux. C’est pourquoi nous allons manifester sans même leur autorisation parce que nous n’avons pas de réponse de leur part. Et cela veut dire que le gouvernement accepte de facto ce que nous voulons faire », a-t-il poursuivi.
Pour Fabien-Innocent Zemoniako l’inquiétude n’est pas seulement cette taxe mais plutôt cet abus vis-à-vis des usagers de la téléphonie mobile et du numérique. « Nous avons constaté ces hausses des prix au niveau des forfaits internet raison pour laquelle, nous avons entrepris ces mouvements et surtout concernant les taxes de 7% qui ont été votées par notre Assemblée Nationale. Ces Elus de la nation n’ont pas vu la situation, le coût de vie du citoyen centrafricain lambda pour nous imposer cette taxe que nous considérons comme une affliction. Donc, nous voulons une amélioration. C’est-à-dire l’annulation pure et simple parce que le citoyen paie déjà les impôts et à quoi bon sert-elle encore cette taxe?» s’interroge-t-il.
Quant à Idylle Mamba, elle est venue pour apporter son soutien à cette lutte: « je suis là aujourd’hui pour soutenir les confrères qui ont initié ce mouvement qui est un sujet qui concerne tous les centrafricains parce que nous sommes à l’ère du numérique. Et pour être vu par le monde entier, il faut que nous ayons le coût d’Internet plus bas afin permette à tous les centrafricains de se connecter, de s’ouvrir à d’autres horizons. Les artistes doivent mieux se vendre à l’international. Et donc il est important pour moi en tant qu’artiste de venir dire oui, je soutiens ce mouvement. En tant que promotrice également parce que j’ai remarqué que lors de la deuxième édition du festival de l’an dernier, nous avons eu du mal à trouver les œuvres des artistes sur internet. C’est juste parce qu’ils n’ont pas assez de moyens pour s’offrir une connexion de luxe. C’est un mouvement qui est très important et que chaque centrafricain doit prendre conscience que c’est pour lui que le présent mouvement existe », a-t-il souligné.
Il faut rappeler que lors de la coupure du ruban du réseau fibre optique le 06 février dernier, le Président de la République Faustin Archange Touadera avait notifié que toute la population aura progressivement accès à Internet d’ici un à deux mois au maximum à travers les sociétés de la place. Mais force est de constater que la réalisation reste utopique.
Aux dernières nouvelles, la Plateforme des Acteurs pour la Défense des Droits Numériques en Centrafrique vient de retirer la note du ministère de l’intérieur, chargé de la sécurité publique qui INTERDIT la manifestation du Vendredi 12 mai devant les sociétés de télécoms et de l’ARCEP. Elle a annulé la manifestation.
Alexis Ngbodo
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