Les dernières pluies diluviennes du samedi 7 aout 2021 ont une fois de plus replongé plusieurs familles dans la désolation. Le comité national de prévention de catastrophes naturelles évalue encore les dégâts majoritairement causés dans les quartiers du sud-est de la capitale centrafricaine. Une solution durable et intégrée s’impose afin d’atténuer les conséquences de ce phénomène saisonnier en Centrafrique.

Maisons écroulées, voies routières impraticables, les populations des quartiers du Sud-Est de Bangui en cette matinée du dimanche 8 août 2021, se sont réveillées pied dans l’eau. Les pluies diluviennes qui ont arrosé toute la capitale centrafricaine à partir de 16h jusqu’à tard dans la nuit du samedi 7 aout a causé d’énormes dégâts matériels dans ces localités longeant les rivières Oubangui et M’poko.

Déjà, quelles que heures après les premières pluies, les médias ont commencé à lancer des alertes et signaler des inondations un peu partout dans la ville de Bangui. A l’heure actuelle, aucun bilan provisoire n’est encore établi, et les yeux sont tournés actuellement vers l’équipe du comité national de prévention catastrophe naturelle qui est déployée sur le terrain. 

Les victimes des dernières inondations d’octobre 2020 et du débordement de la rivière Oubangui de son lit sont pour la plus part encore sur les sites des déplacées, d’autres chez les proches et connaissances. Le phénomène du samedi 7 aout vient encore augmenter le nombre des ménages sinistrés également la charge de l’état centrafricain. Il faut donc apporter une solution d’urgence en ce qui concerne l’eau, l’hygiène et l’assainissement, au niveau des puits, latrines inondés, décontamination des maisons inondées et procéder à l’évacuation des déchets après les décrus afin d’éviter le risque d’une épidémie.          

Le phénomène des inondations en République Centrafrique en générale et à Bangui en particulier ne date pas d’aujourd’hui, et ce, malgré la répétition de ce phénomène, aucune solution durable et intégrée n’a jamais été entreprise par les autorités compétences afin d’atténuer cette situation.  Un phénomène qui s’explique d’abord par le manque d’une planification urbaine intégrée de la capitale, les constructions anarchiques et l’absence de sensibilisation de la population sur la construction des maisons dans les zones à risque. A cela, il faut ajouter le changement climatique qui a chamboulé  les saisons en Centrafrique. Les cycles saisonniers en Centrafrique sont devenus tellement instables au point qu’on ne  maitrise plus rien.

Signalons qu’en début du mois de septembre, l’ONG REACH a produit une étude de susceptibilité face aux inondations dans des zones habitées, afin d’améliorer la préparation des décideurs à la réponse. Pour développer un score de risque d’inondations, les résultats de cette étude financée par le Fonds humanitaire pour la République centrafricaine (RCA) ont été par la suite croisés avec ceux des évaluations multisectorielles des besoins conduites en 2019.

Les données de cette étude, également partagées avec les autorités, ont par exemple révélé que les Préfectures de l’Ouham et de la Kemo affichent les risques les plus élevés face aux inondations (plus de 203 000 personnes à haut risque), tandis que celles de la Nana-Mambéré et de l’Ouham-Pendé affichent des scores de risque faibles.

Cette étude a également montré que la plupart d’agglomérations centrafricaines se trouvent à côté des cours d’eau et de leurs bassins versants, autour desquels se développent des moyens de subsistance des habitants. Les berges de ces cours d’eau ont tendance à déborder face à la quantité croissante des précipitations collectées dans ces bassins versants. Ainsi, si aucune adaptation des infrastructures et une planification de contingence ne sont envisagées, les interventions en aval ne suffiront pas pour des populations déjà meurtries par plus d’une décennie de conflits et plusieurs autres chocs.

Toutefois, suite au débordement de la rivière Oubangui de son lit en 2019, un Comité technique opérationnel a été mis en place sous l’égide du Ministère de l’action humanitaire et de la réconciliation nationale avec la participation du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), la Direction générale de la protection civile de la Centrafrique (DGPC), la Croix rouge centrafricaine (CRCA), la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et la Mairie de Bangui, afin d’assurer une préparation optimale face au risque d’inondation. Mais l’inondation de ce samedi et ses conséquences prouvent à suffisant que beaucoup reste à faire afin de prévenir et réduire durablement le risque des catastrophes naturelles en Centrafrique. 

Même si le ministre de l’Action Humanitaire Virginie Baïkoua avec son équipe a immédiatement démarré l’évaluation dans les quartiers inondés, les premiers constats restent la construction anarchique des maisons et le manque des canalisations.

Jean Ngbandi