Peace and Development Watch (PDW) est un cabinet spécialisé dans le domaine de l’analyse prospective en matière de paix et de développement en République Centrafricaine. Fort de son expertise en matière d’étude de perception, l’ONG URU, organisation spécialisé dans la promotion de la jeunesse, lui a fait appel pour mener une enquête d’opinions auprès de la jeunesse sur la thématique de l’espace civique.

En provenance des 10 Arrondissements de Bangui, cette rencontre a réunis  une vingtaine de jeunes, de chefs de quartiers et de chefs de groupes avec pour objectif de leur présenter les premiers résultats de la collecte de données effectuées auprès de 1743 jeunes âgés de 18-35.

Quelques résultats du sondage

Le sondage met en avant le fait que 50% des jeunes interrogés estiment que la priorité nationale est la paix, suivi de la sécurité (30%) et de la réhabilitation des infrastructures (10%).

Paradoxalement, 68 % des jeunes estiment qu’ils disposent d’une grande liberté pour exprimer leurs opinions au sein de leurs associations et lors de rencontres informelles au quartier. Ils estiment cependant que l’espace civique doit se matérialiser à travers la mise en place de mécanisme sécurisés pour dénoncer les violations des droits fondamentaux des populations (49%). Ainsi en ayant le sentiment qu’il n’existe pas de protection de la jeunesse face à leurs propres opinions, les jeunes soulignent qu’ils ont peur de représailles de la part des alliés russes (48%) et des Forces de sécurité intérieur ainsi que des FACA (32%).

Selon les jeunes les principaux garants de l’espace civique centrafricain sont : l’Etat (49%), les ONG Internationales (31%) et enfin les ONG nationales (16%).

En réponse à ces premiers résultats, Albert Ngako, chef de groupe du 7ème arrondissement souligne «  Les jeunes doivent se réapproprier l’engagement en faveur d’un espace civique sain et il est urgent de créer des cadres où ils se sentent en sécurité pour parler et échanger avec les autorités locales et nationales ». 

Du point de vue d’une autre participante «  les jeunes semblent ne pas comprendre le rôle important que joue la société civile dans la promotion et la protection de l’espace civique. Cela veut aussi dire qu’il faut recréer le dialogue entre la société civile et les populations pour que ça aille au-delà de l’aide humanitaire ou des projets : il faut qu’ils puissent se mettre ensemble pour agir pour la protection de l’espace civique ».

« L’enquête d’opinion va se poursuivre dans différentes villes de provinces et débouchera sur une note analytique et des recommandations qui seront portées par l’ONG URU auprès du gouvernement et des partenaires techniques et financiers » selon Vivien Lagui, Chef de projet au sein de l’ONG URU.

Pour le cabinet Peace and Development Watch, les enquêtes d’opinions de ce type permettent d’informer les décideurs sur les besoins et aspirations des populations  comme le souligne Marina Yidong du cabinet PDW « Nous sommes comme des alliés de la population lors de ces enquêtes d’opinions car nous collectons leurs avis puis nous les analysons pour les rendre intelligibles et transformables en projet pour les décideurs. C’est exactement cet accompagnement que nous apportons à l’ONG URU aujourd’hui ».

Loïc Mbombo