Une position exprimée lors d’une conférence de presse animée ce mercredi au siège de la Ligue Centrafricaine pour le Droit de l’Homme (LCDH) à Bangui relative à la 32 anniversaire de cette organisation de défense des droits de l’homme en RCA. Contrairement aux arguments soutenus par les initiateurs du changement de cette loi Fondamentale qui estiment que la Constitution du 30 mars a été rédigée sous pression de la communauté internationale et que certaines dispositions ne répondent plus aux réalités de l’heure, Joseph Bindoumi pense pour sa part que cette Constitution est le fruit d’une large consultation à la base.

Le président de la LCDH Joseph Bindoumi n’est pas passé par le dos de la cuillère pour qualifier ce projet du changement de la Constitution d’une volonté manifeste du régime en place pour s’éterniser au pouvoir.

Il a par ailleurs tiré la sonnette d’alarme sur les conséquences d’un tel projet qui selon lui ne répond pas aux aspirations du peuple centrafricain qui a connu des moments de turbulences de 2012 à ce jour.

Ce conflit militaro-politique soldé par la prise  du pouvoir de la coalition Séléka le 24 mars 2013 mais qui n’a pas fait long feu et s’est plié bagages le 10 janvier 2014 c’est-à-dire dix mois après ce coup d’état.

Et une transition de deux ans a été gérée par Catherine Samba-Panza et malgré tout, elle a abouti à sa mission qui est celle de conduire le pays vers le retour à l’ordre constitutionnel et c’est ce qui a été fait pour que le Pr Faustin Archange Touadera puisse être élu et investi le 30 mars 2016.

L’une des missions assignées aux autorités transitionnelles à l’époque était de pacifier le pays, c’est ainsi qu’après la consultation populaire à la base, organisée sur toute l’étendue du territoire national et auprès des Centrafricains de la Diaspora, un forum national dit  « Forum de Bangui » a été organisé du 4 au 11 mai 2015 regroupant toutes les forces vives de la nation en vue de trouver une solution définitive aux multiples crises que traversent le pays.

Pour ce faire, « le gouvernement a travaillé sur une nouvelle Constitution qui a pris toutes les aspirations du peuple afin que la paix revienne définitivement en RCA », a souligné Joseph Bindoumi président de la LCDH qui a par ailleurs regretté les multiples violations de cette loi Fondamentale par le Chef de l’État Faustin-Archange Touadera depuis son accession à la tête de ce pays :

 « Beaucoup de manœuvre ont été faites pour modifier certaines dispositions de la constitution en 2020 sous prétexte de COVID 19 pour permettre au Président Touadera de proroger son mandat. Cela s’est concrétisé par la mise en place  d’un comité de rédaction d’une nouvelle Constitution, l’éviction de certains membres de la Cour Constitutionnelle, la promulgation de la loi référendaire et aujourd’hui la convocation du corps électoral par le Président Touadera démontre à suffisance sa volonté à s’éterniser au pouvoir », a martelé Joseph Bindoumi.

Des journalistes locaux en cette conférence de presse ont posé des séries de questions sur la motivation de la LCDH sur l’enjeu du prochain référendum et la position de cette organisation concernant les multiples déclarations de l’ancien président de la transition Alexandre Ferdinand Nguendet qui a ouvertement déclaré une guerre à l’Etat centrafricain.

Dans sa réponse pour la première préoccupation, Joseph Bindoumi a indiqué que la question de la modification où changement de la Constitution a été toujours source de conflit et de déstabilisation dans ce pays : « Le président Patassé avait tenté à l’époque de changer la Constitution, il était aussitôt chassé du pouvoir. Pareille pour Bozizé et le dernier candidat qui a d’ailleurs imposé la terreur pour se maintenir au pouvoir était Michel Djotodia mais est finalement bouté hors du territoire national ».

Pour sa part, il n’y a que le dialogue qui peut résoudre le problème centrafricain et non la violence où la prise des armes.

Le président Touadera a convoqué pour le 30 juillet 2023 une élection référendaire. Cette convocation a suscité déjà une vive réaction d’une partie de l’opposition, de la société civile et des groupes armés. Ce qui est sûr, cette convocation ouvre la boite en pandore pour les contestations.

Christian Steve SINGA