Contrairement à la loi des finances de l’année 2022 qui était de 298 milliards de FCFA  celle de l’année 2023 est fixée à plus de 280 milliards de FCFA. Elle permettra au gouvernement centrafricain de poursuivre son programme de relance économique et la consolidation de la paix en RCA. Après plusieurs débats entre le ministre de la Finance et du Budget et les Honorables députés, cette loi a été finalement adoptée par acclamation le mardi 27 décembre. Une satisfaction pour Hervé Ndoba, ministre des Finances et du Budget qui promet poursuivre le dialogue avec les partenaires afin de combler le gap qui concerne des ressources extérieures.

Convoqué en session ordinaire du 03 octobre au 29 décembre prochain, la commission finances de l’Assemblée nationale s’est réunie durant un mois, du 14 novembre au 14 décembre dernier sur le projet de la Loi des finances 2023.

Ce projet de Loi qui a été élaboré dans un contexte particulier et difficile a permis à ladite commission de revoir en baisse certaines lignes allouées à la Présidence de la République, à la Primature et certains départements ministériels. Cette réduction s’explique par le fait de la tension de la trésorerie découlant de la suspension des aides budgétaires par des partenaires techniques et financiers de la République Centrafricaine (RCA).

Dans la lecture du rapport final de la Commission Finances, son rapporteur général, l’Honorable Thierry Ndoyo a expliqué que l’élaboration de ce projet de plus de 45 pages s’est inscrite dans une logique participative à travers l’implication bien sur des acteurs de haut niveau de responsabilité. Toujours selon ce dernier, le gouvernement centrafricain doit déployer des efforts pour accroître des ressources domestiques. Et pour y parvenir, le gouvernement doit renforcer la discipline budgétaire en vue de lutter contre la corruption aussi de soutenir la croissance économique prévue dans cette Loi de finances.

Lors de ces assises, la Commission, conformément au règlement intérieur de l’Assemblée nationale, a procédé à l’audition de certaines sociétés installées en RCA, à l’exemple du Groupement interprofessionnel de Centrafrique (GICA) en vue d’avoir le point de vue de cette organisation sur les taxes instituées dans cette Loi des finances. Dans les lots des audiences, la Commission a eu à rencontrer certains ministres dont le Premier Ministre Félix Moloua qui est en même temps ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération Internationale. Cette audience, a pour but,  à en croire Thierry Ndoyo, de mettre à la disposition de ladite Commission le plan de l’élaboration de l’étude prospective RCA-2050 afin de s’enquérir de l’appui  des partenaires pour le développement économique du pays.

Précisions que le rapport général de cette Loi des finances a omis le rapport du département de la Défense et celui de la santé. Les raisons de cette omission n’ont pas été dévoilées aux élus de la Nation. Un acte qui rend perplexe certains députés.

Le document prévoit le total de recette propre de l’État à plus de 120 milliards de FCFA et même si, les partenaires techniques et financiers maintiennent leur position en ce qui concerne leur non-appui aux autorités centrafricaines, la Loi de la finance 2023 a prévu néanmoins les ressources extérieures à plus de 130 milliards de FCFA.

Alors comment faire pour combler le gap ?

Dans sa costume noire, chemise blanche cravaté et entouré de ses proches collaborateurs du département des Finances et du Budget, Hervé Ndoba qui, après l’intervention d’au moins quatre groupes parlementaires et l’intervention individuelle des élus de la nation dont certains ont posé des pertinentes questions sur cette Loi, le membre du gouvernement a répondu aux préoccupations des élus de la Nation,  parmi lesquelles la dissolution de l’ASRP, le mécanisme permettant de convaincre les partenaires à revenir sur leurs décisions. Ces élus de la Nation ont formulé le vœu de la reconduction de l’ASRP, qui selon eux permettra de veiller sur la traçabilité des produits pétroliers.

L’honorable Mathurin Massikini a plaidé pour une tête à tête entre le gouvernement et les marqueteurs en vue d’augmenter le prix du carburant à la pompe. Une proposition qui n’est pas du tout appréciée par son collègue de Bouar Fleury Junior Pabandji qui a souligné que cette proposition est inadmissible pour la simple raison que le salaire des fonctionnaires de l’État n’a pas bougé depuis des années.

En prenant la parole comme ses collègues, le député d’Obo Ernest Mizidjo est revenu sur ce jeu de ping-pong entre le ministre des Finances qui dans une note de service a tiré sur la sonnette d’alarme sur la tension de la trésorerie mais quelques jours plus tard son collègue de la communication et des médias porte-parole du gouvernement, Serge Ghislain Djorie a contredit la note de service de son collègue et parle d’un piège.

Le patron des Finances a pris la parole en vue de justifier cette Loi qui a été soumise à la Commission finances de l’Assemblée Nationale. Dans sa réponse aux différentes préoccupations des élus de la Nation, Hervé Ndoba a d’abord remercié le bureau de l’Assemblée Nationale qui a accepté ce projet de Loi malgré que le délai fixé par la Constitution du dépôt n’ait pas été respecté.

En ce qui concerne la suspension de l’ASRP, le ministre des Finances a martelé que les missions assignées à cette institution n’étaient pas aperçues par des partenaires et marqueteurs qui en commun accord avec le gouvernement avaient souhaité mettre fin aux activités de cette agence de la stabilisation et de régulation des prix des produits pétroliers.

Il croit et compte d’abord sur les recettes fiscalo-douanières et les menues-recettes de l’État en vue de supporter les charges régaliennes de l’État.

Il est important de souligner que la RCA dispose des potentialités naturelles qui devrait permettre à ce pays qui a tant souffert de se prendre en charge elle-même. Mais ces ressources sont parfois exploitées de manière anarchique au détriment du gouvernement centrafricain. Et suite aux situations d’insécurité à l’intérieure du pays, l’État centrafricain n’arrive pas à avoir un œil sur l’importation des produits pétroliers, de première nécessité et l’exportation des bois et du diamant qui échappent parfois à son contrôle.

Christian Steve SINGA