A quoi s’attendre des positions de Joe Biden, le président américain qui, comme a annoncé le journal Africa Intelligent,  exige du président centrafricain Pr Faustin Archange Touadera de résilier tous les contrats avec la Russie ?

Longtemps fragilisée par des crises militaro-politiques, la République Centrafricaine a toujours de la peine à se relever sur tous les plans et demeure le plus vulnérable parmi tous les pays de la sous-région.  Toutes les grandes puissances qui sont censées lui prêter main forte dans les moments difficiles lui ont tourné le dos quand le président Touadera était dans un besoin pressant d’aide pour sécuriser le pays qui était envahis à 80% par les rebelles, avant de progresser aux portes de la capitale Bangui en janvier 2021 pour déstabiliser le régime actuel.

Le partenaire traditionnel de la Centrafrique qui est la France, à cause de la présence russe avait décidé de suspendre ses appuis à la Centrafrique. Dès l’année 2020, la France a retiré les aides budgétaires qui étaient destinées à la Centrafrique pour paralyser le chef de l’Etat, chambouler son allure, juste après avoir compris que ce dernier a noué officiellement un partenariat avec la Russie.

Une aide qui représente beaucoup pour le pays.

Pensant peut être que la suspension des aides pouvait le faire revenir en arrière mais, le chef de l’Etat était sceptique dans sa décision. Il est resté catégorique avec les hauts et les bas pour conduire le pays malgré les failles qui se font remarquer dans cette mission aussi difficile que complexe.  Avec l’appui des partenaires russes, le gouvernement a réussi  à rétablir petit à petit la sécurité à Bangui et progressivement dans les arrières pays. Les 80% du territoire occupés par les rebelles reviennent entre les mains des Forces Armées Centrafricaines (FACA) et de leurs alliés. Et ce, avec le concours des forces onusiennes de la Minusca.

Même si les russes sont vus de mauvais œil, il faut quand même avouer que grâce à leur présence, on a bel et bien échappé à une crise aigue en 2021 où la CPC de l’ancien président François Bozizé avait tenté un coup de force pour prendre le pouvoir par les armes. Si le forfait avait réussi, on serait ce jour dans un chaos total mais fort heureusement que cela n’a  pas été le cas.

La pandémie de la Covid 19 et la crise ukrainienne, deux crises qui ont affecté le monde entier ont également  eu des répercussions sur la Centrafrique qui regorge une majorité des personnes, exprimant des besoins humanitaires.

La suspension des aides extérieures est un coup fatal que le régime actuel. La situation économique du pays est encore instable et des efforts sont en train d’être faits pour combler les déficits dus aux  suspensions des aides internationales.

En un mot, beaucoup reste à faire pour que le pays retrouve une santé normale afin d’aller véritablement vers un « ETAT SOUVERAIN ». 

Et c’est dans ce contexte que les grandes puissances comme leur nom l’indique, viennent donner des ultimatums, demandant au chef de l’Etat de résilier tous les contrats avec les russes qui lui ont prêté main forte dans ses moments de détresse.

A quoi devons-nous nous attendre face à ce genre d’ultimatum ? 

En effet, nombreux observateurs pensent que les Etats–Unis, en donnant cet ultimatum ne font que porter haut une position jugée commune des pays qui combattent la Russie sur tous les fronts. 

Parlons des Etats-Unis. Ce pays qui contribue énormément dans les actions humanitaires, la justice et la sécurité à travers les forces onusiennes n’a cependant pas une odeur de sainteté en ce qui concerne la sécurité.

L’opinion retient que les Etats-Unis ont échoué à ne pas capturer Joseph Kony de l’Est de la Centrafrique. De 2011 à 2017, aucun chef de l’Armée de Résistance du Seigneur de Joseph Kony n’a été arrêté par les américains, qui d’ailleurs ont déclaré ce groupe de mouvement terroriste. La ville d’OBO et les autres régions de l’Est de la Centrafrique occupées pendant plusieurs années par les soldats américains ne connaissent pas la stabilité à ce jour et le peuple centrafricain garde encore un mauvais souvenir de cette mission.

Car, non seulement, ils n’ont pas réussi la mission d’arrestation de ce seigneur de guerre mais, ils n’ont pas réussi à mettre la main sur ne serait-ce qu’un seul haut gradé de Joseph Kony qui apparait presque visiblement dans la région. C’est le 3 janvier 2015 que les ex-rebelles de la Séléka parviennent à arrêter Dominique Ongwen, commandant de la LRA dans la Haute-Kotto avant de le remettre aux autorités pour son transfert à la Haye, à la Cour Pénale Internationale.

Nous pensons qu’on reconnait un ami dans le malheur. La Centrafrique était attaquée par des mercenaires et les américains n’ont jamais songé intervenir ou former l’armée nationale afin de faire face aux tensions sécuritaires dans le pays.

Les Centrafricains auraient souhaité que les Etats-Unis interviennent dans la formation de son armée comme ils ont fait pour l’armée rwandaise aujourd’hui admirée dans le pays. Mais hélas, leurs appuis s’arrêtent au niveau des dons de quelques matériels roulants aux Forces de défense et de sécurité.

Un autre fait qui choque plus d’un est l’implication des Etats-Unis dans le traitement du dossier de François Bozizé, ancien chef d’Etat devenu chef de la rébellion coalition des patriotes pour le changement (CPC). Depuis son exil au Tchad en 2021, ce dernier constitue une réelle menace pour la Centrafrique.  Normalement, il doit être mis à l’écart c’est à dire loin de la Centrafrique afin d’éviter d’éventuelles crises dans le pays. C’est ce qui est contenu dans la feuille de route de Luanda signée en 2021. Mais les Etats-Unis exigent que François Bozizé soit logé en Afrique centrale précisément à Brazzaville au Congo, frontalier avec la Centrafrique ou en Guinée.

Etant tout proche, il peut toujours continuer à œuvrer pour rassembler des éléments afin de mieux alimenter la crise en Centrafrique. Face à ces positions exprimées par les étasuniens, l’on a droit de se poser la question suivante : Quel est le projet américain qui se cache derrière cet ultimatum?

S’il s’agit d’une guerre de puissance. La Centrafrique est très loin d’être un terrain d’affrontement de ces puissances. Etant un pays souverain, il est dans ses droits de diversifier ses partenaires stratégiques pour le développement de son peuple.

Cet impérialisme ne pouvait marcher que si les Etats–Unis avaient sauvé la Centrafrique du chaos qu’elle a connu depuis 2012 avec le phénomène de la Séléka puis de la CPC.

La Centrafrique a été abandonnée à son triste sort au moment où elle avait besoin de plus d’appui pour reformer son armée. Cette position des étasuniens apparait comme un médecin après la mort, un sapeur-pompier qui vient verser de l’eau alors que les civils ont utilisé le sable pour éteindre un feu. Le gouvernement doit donner une position claire sur cette affaire.

Belvia Espérance Refeibona