La décision d’invalidation des candidatures à la députation du 27 décembre 2020 est un message fort, lancé aux prétendants candidats à la présidentielle. Pour avoir détourné des fonds publics, incité à la haine et pour cause de corruption, d’appartenance aux groupes armés ainsi que des problèmes  en justice, plusieurs  candidats ont été virés de la course aux législatives. Quid des candidats à la présidentielle ?

Trois candidats à la présidentielle ont vu leur dossiers invalidés pour la députation. D’abord Guele-Gongassoua Ada Kiocka et ses 14 députés ont été tous invalidés. La Cour Constitution parle de caution non payée, car, l’intéressé a déposé un chèque sans provision. Cette information a été confirmée à la Cour par un message porté du ministère des finances du 11 novembre 2020. Ce prétendant candidat à la présidentielle n’aura plus la chance de poursuivre sa course.

Le deuxième candidat à la fois à la députation et à l’élection présidentielle est Jean Michel Mandaba,  actuel député de Bamingui.  Son dossier a été invalidé aux législatives pour « corruption passive avérée reconnue par l’intéressé pendant la 6ème législature en relation avec un dossier lié aux prérogatives de l’Assemblée Nationale. L’intéressé étant Président de Commission à l’Assemblée Nationale », a fait savoir la Cour Constitutionnelle.

Le troisième candidat est Armel Sayo Ningatoloum, actuel ministre de la modernisation de l’administration. En sa qualité de chef d’un groupe armé, la Cour Constitutionnelle a invalidé son dossier à la députation. Selon la Cour, il est « Chef du Groupe Armé « Révolution-Justice -Aile Sayo ». Dans son dossier figure aussi des « investigations du Parquet Général de Bangui pour Association de malfaiteurs et un avis de recherche » et les « investigations menées par la Haute Autorité Chargée de la Bonne Gouvernance, le 12 octobre 2020, sous le N° 234 /HABG/P/VP/RG.20 pour fortes présomptions de détournement d’une somme de 18.000.000 FCFA ».

Les chefs rebelles ainsi que les membres des groupes armés sont visés par l’article 28 alinéa 1 de la Constitution qui dispose : « l’usurpation de la souveraineté par coup d’Etat, rébellion mutinerie ou tout autre procédé non démocratique constitue un crime imprescriptible contre le peuple centrafricain… ».

Et les candidats en danger ?

Des indiscrétions parlent des candidats à la présidentielle, visés par plusieurs affaires. Si Mme Dekono née Dakandji Agnès virée pour une affaire de détournement à l’Assemblée Nationale, il y a de craindre pour l’honorable Abdou Karim Méckassoua, président de l’Assemblée Nationale pendant cette période. Cette affaire de détournement de 322 millions de FCFA  ne risque pas, d’après des sources proches de Méckassoua, « de jouer sur sa candidature car la Cour des Comptes l’avait déclaré innocent ».

Mais d’autres indiscrétions évoquent la question de sa santé comme l’un des motifs qui conduiraient la Cour à invalider sa candidature, de même que celle de Désiré Nzanga Bilal Kolingba toujours pour question de santé.

L’affaire du don angolais risque de jouer sur la candidature de Catherine Samba-Panza. Mais déjà, sa candidature a été validée pour la députation dans le 7e arrondissement de Bangui. La gestion de ce fonds a fait couler de l’encre jusqu’au rapport de la Cour des Comptes qui n’est pas rendu public à ce jour.

Le dossier de l’ancien président François Bozizé semble être un dossier à plus de problème. Le certificat de résidence qui ne serait pas conforme, le mandat d’arrêt international de 2013, la plainte des victimes de la crise et de la famille Massi…et peut-être des plaintes déposées à la Cour Pénale Spéciale et à la Cour Pénale Internationale risqueraient de l’obliger à quitter le navire. Déjà, nombreux sont ses proches, du moins candidats au nom de son parti KNK à être recalés pour appartenance aux groupes armés.

Mais pour ces partisans,  aucune preuve ne pourra empêcher la candidature de Bozizé qui doit reprendre le pouvoir le 27 décembre 2020 à l’issue des prochaines élections.  

Comme pensent certains observateurs, ça sera une hécatombe si la candidature de l’actuel président Faustin Archange Touadera est recalée. Hécatombe pour lui et sa formation politique mais une première dans l’histoire de la Centrafrique et de la Cour Constitutionnelle. Certains politiques qui soutiennent cette thèse parlent « de détournement des fonds sous sa mandature ». Ces fonds auraient fabriqué « des nouveaux riches  et sa convergence avec les groupes armés qu’il a accepté la candidature de certains au nom de son parti MCU».

Une spéculation en a croire les proches de Touadera car, aucune preuve n’est avérée et aucune plainte n’a été déposée pour détournement des fonds et rien ne prouve qu’il est complice des groupes armés.

La décision de la Cour Constitutionnelle est attendue jeudi 3 décembre pour rétablir la vérité sur le dossier de chaque candidat. Mais en attendant, rien ne prouve encore d’une quelconque disqualification à la présidentielle avant la décision souveraine de la Cour Constitutionnelle.

Fridolin Ngoulou