Doki Warou Mahamat : « Nous devons accompagner la transition, la page de la rébellion est tournée»

Doki Warou Mahamat est un membre du groupe politico-militaire dénommée : Union des Forces des Républicains (UFR). Ce groupe est signataire de l’accord de paix de Doha. Les leaders de ce groupe sont rentrés au pays en aout 2021, après 14 ans passés à l’extérieur et dans le maquis.

« J’ai  un sentiment de joie car notre pays vient de très loin. Aujourd’hui, toutes les sensibilités se sont réunies pour parler de la paix et de la refondation du Tchad. A un moment donné, on avait pris des armes. Aujourd’hui, le président Mahamat Deby Itno a tendu la main à tout le monde et nous étions les premiers à mettre pieds ici, nous de l’Union des Forces des Républicains (UFR) dont je suis le porte-parole. Ce qu’on avait reproché au défunt Marechal c’était sa méthode de travail. Aujourd’hui, la page de la rébellion est tournée.  Si on est là, c’est pour que le Tchad aille mieux car nous ne devons pas rester toujours en guerre. C’est pourquoi, nous avons signé l’accord de Doha. Je suis optimiste et l’avenir est brillant. Nous ne sommes pas fatigués pour dialoguer. Nous lançons un vibrant appel à ceux qui sont à extérieur de revenir car la porte reste ouverte. Notre objectif, c’est d’accompagner cette transition qui appartient désormais à tous les tchadiens ». 


Abdelmanane Khatab : « Ce dialogue est une réussite »

Abdelmanane Khatab est le Président du Front pour le Salut de la République (FSR), un groupe politico-militaire signataire de l’accord de paix de Doha. Il est un charismatique opposant politico-militaire devenu la cheville ouvrière du dialogue de paix depuis les pourparlers de Doha à Qatar en mars 2022.

« Ce dialogue est différent des précédents dialogues. Il y avait la conférence nationale souveraine, beaucoup de fora mais celui-là, nous avons travaillé d’arrache-pied avec nos compatriotes de la diaspora. Je fais partie des politico-militaires qui ont signé l’accord à Doha. Aujourd’hui, nous avons une feuille de route pour la transition et ce qui est encore important c’est le mécanisme de suivi des résolutions. Le dialogue est une réussite et c’est à nous de mettre des institutions fortes pour sortir ce pays de l’ornière ».


Saleh Kebzabo : « Les absents ont tort »

Saleh Kebzabo, ancien ministre, ancien candidat à la l’élection présidentielle et président de l’Union Nationale pour le Développement et le Renouveau (UNDR), ancien député est l’opposant farouche du régime du défunt Maréchal Idriss Deby Itno. Il était deux fois au second tour en 2011 et 2016 avant de retirer sa candidature en 2021. Il apporte son soutien à l’actuelle transition.

« Le plus important est que 1.500 tchadiens se soient réunis dans une salle pour se dire pratiquement tout ce qu’ils avaient à se dire. Nous avons demandé l’organisation de ce dialogue pour permettre aux Tchadiens de s’exprimer librement. Nous nous sommes exprimés librement. Cependant, il faut déplorer que d’autres tchadiens ne soient pas venus mais sont restés pour crier à la fenêtre. Ils n’ont pas raisons d’être absents parce que la parole n’a jamais été refusé à qui que ce soit. Toutes les voix tchadiennes devraient se faire entendre ici. Ceux qui sont restés en dehors et qui prétendent que nous sommes en train de pérorer ici ou que nous faisons un dialogue monologue constant ont tort. Il ne s’agit pas d’un monologue et la parole n’a pas été refusé à qui que ce soit ».


Me Jean Bernard Padaré : « Les apôtres des hécatombes ont échoué »

Me Jean Bernard Padaré est un ancien ministre d’Etat, secrétaire général d’adjoint N°2, chargé de la communication et de la mobilisation et porte-parole du Mouvement Patriotique du Saut (MPS)

« Depuis le 20 aout, nous avons pris part à un évènement très important et mes impressions sont bonnes. Beaucoup avait prédit que le dialogue passera très mal mais les gens ont privilégié l’intérêt supérieur de la national au lieu de l’intérêt particulier. Nous avons des résolutions qui vont vers l’amélioration du quotidien du tchadien. Pour moi, c’est un succès parce que tous les éléments ont été mis en place pour pouvoir véritablement refonder notre pays. Les apôtres des hécatombes ont échoué. Notre pays sort de loin, de très loin avec la disparition du Maréchal du Tchad. Nul ne pouvait s’attendre à ce que les tchadiens se retrouvent pour discuter sereinement de cette manière et qu’ils décident ensemble de ce que le Tchad sera. C’est ça qui est important. Ce dialogue est une démonstration. Maintenant, si on veut réellement que le gouvernement de transition réussisse, il lui fallait un minimum de 24 mois pour poser des actes forts, organiser les élections, régler le problème de l’énergie, passer à la phase concrète de la réconciliation, réhabiliter les routes pour faciliter la campagne électorale et les élections ».


Thérèse : « L’important est d’appliquer les recommandations »

Thérèse est une femme politique. Elle représente le parti Union pour la Démocratie et le Renouveau (URD)

« Nous voulons voir toutes nos recommandations et résolutions en application. Si les conclusions ne sont pas appliquées, ça sera comme si on venait de prêcher dans le désert. Le fait de reprendre un autre dialogue pour dire les mêmes choses, ne nous amènera nulle part. L’important est d’appliquer les recommandations. Mais, je suis optimiste qu’avec la mise en place du mécanisme de suivi, on pourra avoir des bons résultats. Les femmes se sont retrouvées dans ce dialogue car, nous avions eu un quartier général pour les femmes. Pour nos doléances, ça sera un combat de longue à laine  car les solutions ne vont pas être décrétées du jour au lendemain. Le combat continue pour l’application de 30% de participation des femmes dans toutes les instances. Les femmes sont la majorité de la population tchadienne. C’est pourquoi, nous attendons tout de ce dialogue au profit de la femme ».


Brahim Mahamat Zene : « Les éleveurs et agriculteurs n’attendent que vivre en paix et en sécurité »

Brahim Mahamat Zene représente les producteurs, notamment les éleveurs et les agriculteurs au dialogue national inclusif et souverain.

« Ce dialogue est vraiment national inclusif et souverain. C’est pourquoi, nous éleveurs et agriculteurs, nous attendons vivre en paix et en sécurité. Les tchadiens en général doivent vivre en harmonie, accepter de vivre ensemble malgré les divergences. Bien avant, les éleveurs et agriculteurs vivaient en harmonie. Mais depuis au moins quatre ans, la situation a changé, les conflits se multiplient entre ces deux groupes et ce phénomène est en train de se répandre dans tout le pays. C’est un grand risque pour la sécurité si le gouvernement ne fait pas attention. Ce dialogue est une occasion important pour prévenir ces conflits. Chacun a amené une pierre de construction pour la paix. C’est ça la force de ce dialogue ».


Mahamat Seid: « Les politico-militaires doivent enterrer leurs armes

Mahamat Seid est l’un des délégués de provinces. Sa région vit dans l’insécurité .

« Je veux que les politico-militaires entrèrent définitivement leurs armes. Le Tchad est un pays qui connait toujours l’insécurité.  Ce dialogue a été un cadre idéal pour que les filles et les fils du pays discutent afin de trouver la solution à la crise qui gangrènent notre pays. Notre vœu le plus ardent est sortir de l’insécurité. Les armes doivent cesser, la vie doit reprendre, les tchadiens ont droit de vivre en paix. Toute une génération ne doit pas être contraints à vivre dans la psychose et le calvaire.


Amina Priscille Longoh : « Les femmes se sont accordées sur les priorités du nouveau Tchad »

Amina Priscille Longoh, 31 ans est une humanitaire et femme politique tchadienne. Elle sert au sein du gouvernement tchadien en tant que ministre de la Femme et de la Protection de la petite enfance depuis juillet 2020.

« C’est pour moi un sentiment de reconnaissance au Dieu tout Puissant qui a disposé les cœurs des Tchadiens afin qu’ils puissent tous s’accorder sur les priorités de développement de ce nouveau Tchad que nous voulons. Ensuite, c’est un sentiment aussi de satisfaction parce que nous nous sommes beaucoup battus et les femmes voulaient voir un Tchad dans lequel elles pourront librement s’épanouir, librement exprimer leurs plaintes quotidiennes, un Tchad dans lequel les femmes pourront participer aux questions de sécurité. Tous les participants étaient très contents de voir le dialogue s’achever dans les meilleures conditions. L’un des défis qui reste c’est la mise en œuvre des recommandations mais aussi de voir les femmes être impliquées dans tout le processus de la transition, mais aussi au-delà de la transition parce qu’il y aura des élections générales. Là aussi, nous voulons avoir une forte participation des femmes ».

Fridolin Ngoulou, depuis Ndjamena