27 mars 2022 au 27 mars 2023, il fait une année que le Dialogue Républicain a pris fin. Ce dialogue convoqué suite à la crise post-électorale de 2021 et boycotté par une partie de l’opposition démocratique était ultime pour apaiser les esprits. Un an après, quel est le niveau de mise en œuvre des recommandations ?

La Centrafrique avait connu une période sombre de 2020 à 2021 avec l’avènement de la Rébellion de la Coalition des Patriotes pour la Paix (CPC) de l’ancien président François Bozizé, couplée avec la tension politique post-électorale de 2021. Dans la foulée, le gouvernement convoque un Dialogue Républicain afin de désamorcer les tensions qui ont aussi engendré la tension de trésorerie, suite à la suspension de l’aide budgétaire par certains partenaires techniques et financiers de taille comme le Fonds Monétaire International, la Banque Mondiale, l’Union Européenne et la France.

Ce dialogue réclamé par les forces vives de la Nation s’était tenu sans l’opposition réunie aujourd’hui au sein du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution du 30 mars 2016 (BRDC). Mais la société civile, les leaders religieux et un grand nombre des partis politiques alliés au pouvoir ou de l’opposition avait participé à ce grand rendez-vous qui a aujourd’hui une année. Plusieurs centaines de recommandations, englobant celles encore non exécutés des précédents foras et dialogues ont été émises par les participants.

Niveau lente de mise en œuvre de certaines recommandations

L’on retient que depuis la fin du Dialogue Républicain, le Président de la République a créé le comité de suivi des recommandations ainsi qu’a procédé à la mise en place des membres de ce Comité.  Ce comité n’a pas la charge de mettre en œuvre les recommandations mais d’assurer le suivi auprès du gouvernement et d’autres entités.

L’une des recommandations phares était d’observer l’application […] des dispositions des articles 13 et 16 de la Convention de Vienne de 1961 relative au décanat entre la République française et la République Centrafricaine. Sur ce, le gouvernement avait retiré le titre de Doyen des Ambassadeurs réservé exclusivement aux diplomates français. Même si cela avait été interprété sous l’angle des brouilles diplomatiques entre la France et la Centrafrique, ce retrait faisant suite à cette recommandation du dialogue Républicain.

Sur la question de la sécurité, le Dialogue avait recommandé la solution militaire aux problèmes d’insécurité dans le pays et la poursuite de la politique de l’armée de garnison. Aujourd’hui, l’armée s’installe sur tout le territoire. 

Le Dialogue Républicain avait recommandé au gouvernement d’encourager et soutenir le retour des réfugiés et déplacés dans leurs lieux de vie d’origine. A ce jour, plusieurs centaines de réfugiés sont rentrés au pays grâce à l’appui du HCR. La majeure partie vient du Cameroun et du Congo Brazzaville.

Aussi, le Dialogue avait recommandé au gouvernement de procéder à l’harmonisation des procédures d’établissement des actes d’Etat civil et de certificat de nationalité octroyés durant les dix dernières années. Sur la question de délivrance d’acte de naissance, le partenaire Union Européenne soutient le projet de modernisation de l’Etat civil. Ce projet pilote est à pied d’œuvre pour l’adoption de la politique nationale d’Etat civil et déroule une campagne de sensibilisation dans les écoles de Bangui, Bimbo et Begoua dans le but de permettre aux enfants scolarisés sans acte de naissance de disposer de ce document.

Il était aussi question de décentraliser la délivrance des cartes nationales d’identité sur toute l’étendue du territoire et appliquer le taux prévu par la loi des finances (4.500 FCFA). Selon les services compétents, ce service se décentralise progressivement afin de désengorger le centre d’établissement de ce document.

Encourager et poursuivre l’adoption du projet de loi relative au statut des chefferies traditionnelles fait partie des recommandations du dialogue Républicain. Ce projet de loi date de 2018 et devrait redonner l’autorité traditionnelle aux chefs.

La modernisation et mécanisation de l’agriculture ainsi que la promotion des filières les plus rentables ont connu une avancée significative à travers la création des sociétés de coopératives agricoles, la mise en œuvre du projet PAREUR_R qui fournit une assistance technique et matérielle aux agriculteurs proches de Bangui.

En effet, de nombreuses recommandations attendent d’être mises en œuvre à ce jour. La communication circule très peu sur le niveau de mise en œuvre de ces recommandations. Même si certaines recommandations nécessitent la mobilisation importante des moyens financiers, d’autres demandent juste la volonté et le courage.

Fridolin Ngoulou