Le ministre Conseiller en Communication, porte-parole de la Présidence de la République Mokpem Yaloke Albert s’est prononcé sur l’actualité brulante de la République Centrafricaine. De la volonté d’avoir une nouvelle constitution, en passant par l’avenir de Sango Coin, la monnaie numérique du pays et la situation sécuritaire dans le pays, le ministre Mokpem s’est livré à la presse vendredi dernier. Il a donné à Oubangui Médias un certain nombre d’éclaircissement sur ces points.

Oubangui Médias : Bonjour monsieur le ministre conseiller. La machine pour la nouvelle constitution est engagée. Le Président a pris acte avant de créer le comité de rédaction. Cependant, l’opposition attaque le décret devant la Cour Constitutionnelle. Ce projet a-t-il de l’avenir ?

Mokpem Yaloke Albert : Bonjour. La modification de la Constitution est prévue par la Constitution elle-même. C’est pourquoi le président dans son discours du 12 aout 2022 a déclaré avoir pris acte des manifestations populaires demandant la nouvelle constitution. Puisque l’initiative d’une révision de la Constitution vient concurremment de l’Assemblée Nationale ou du Président de la République, le Président s’est lancé sur cette voie. Justement, la souveraineté nationale appartient au peuple. Puisque que cela a été le cas à travers les manifestations et pétitions, le président de la République prend acte de cette volonté populaire.

Nous devons aussi retenir que l’assemblée nationale avait saisi le gouvernement pour déclencher le processus d’une nouvelle constitution qui sera soumise au référendum pour que la volonté du peuple puisque être à nouveau manifestée. Si le référendum approuve la réécriture, nous aurons une nouvelle Constitution qui prendra effet à partir de ce moment-là.

Nous observons que quand on parle d’une nouvelle constitution, ceux qui s’y opposent voient tout de suite l’histoire d’un troisième mandat. Non, la réalité est que tout le monde veut l’adaptation de la Constitution mais ils sortent l’idée souvent pendant les élections. Mais, l’occasion est bien-là pour parler et adapter cette constitution.

Une Constitution n’est pas une loi biblique. Dans les pays du monde, il y a les modifications pour adapter la constitution à une génération donnée. Pourquoi la République centrafricaine ne réfléchirait-elle pas pour avoir une constitution adaptée à la génération actuelle ? Non pas tailler la constitution à la mesure de quelqu’un mais avoir un texte sur la durée. C’est ça le fondement. Malheureusement, les gens cherchent à polluer avec l’idée du troisième mandat. La seule personne qui pourra dire c’est le chef de l’Etat. Mais, il ne l’a jamais dit. Le pays est porté par une volonté populaire qui se manifeste à travers l’idée de la Nouvelle Constitution. Rien ne dit qu’il s’agit d’imposer le Présidant Touadera éternellement au pouvoir, puisque rien n’est éternel sous le soleil.

Il y a une politique de deux poids, deux mesures si on parcourt l’actualité africaine ou même mondiale. On veut nous faire copier certaines choses sans réfléchir et si nous voulons faire le contraire, c’est-à-dire copier ce que le peuple veut, on s’attire une campagne de dénigrement. Il y a longtemps, nous avons laissé les gens écrire notre histoire et cette fois-ci, nous allons nous même écrire notre propre histoire. Nous devons nous réapproprier notre histoire.

Oubangui Médias : Mais monsieur le ministre conseiller, le décret créant le comité de rédaction d’une nouvelle constitution est attaqué par l’opposition. Que répondez-vous ?

Mokpem Yaloke Albert : Le Président de la République appelle des centrafricains à réfléchir sur une nouvelle Constitution, chacun est libre de prendre une position. Vous vous souvenez, nous sortons d’un dialogue Républicain, il y a des gens qui ont refusé de participer mais cela n’a pas enlève la crédibilité de ce dialogue dont le président vient d’installer le comité de suivi.

La majorité des centrafricains est d’accord et dit que nous devons prendre un temps pour réfléchir sur notre constitution car il y a des manquements à combler. On ne doit pas les priver de ce droit à cause d’une minorité.

Imaginez même la manière de la composition de la Cour Constitutionnelle. Cela donne matière à réflexion. La Cour suprême aux Etats-Unis est constituée que des juges professionnels. En France, le Conseil Constitutionnel est composé de neuf membres dont 3 nommés par le Président de la République qui est un élu du peuple, 3 autres par le président de l’Assemblée Nationale, un autre élu du peuple qui est élu par ses pairs et les 3 autres nommés par le président du SENAT, un élu indirect du peuple. Donc, c’est l’émanation totale du peuple. Quand on dit Cour Constitutionnelle, elle ne doit être constituée que des juges. Ce n’est pas le cas chez nous. Le mode de désignation, la composition, ce n’est le cas. Donc, pour cela, le pays peut harmoniser ou changer l’appellation. Ce sont là des idées qui me viennent en tête.

Les lois sont faites par des hommes pour les hommes. Nous évoluons dans le temps et s’il y a des manquements, il faut combler. Travaillons pour la durée.

Maintenant, s’il y a des gens qui ne veulent pas prendre part, ce que ce ne sont pas des vrais leaders. La politique de la chaise vide n’est pas bonne. Il faut être là, il faut participer aux débats.

Oubangui Médias : Parlons Sango Coin, la Cour Constitutionnelle a annulé l’acquisition de nationalité, de résidence, de terrain avec cette monnaie numérique par ceux qui la détiennent à travers le monde. Quel sera l’avenir de cette monnaie numérique en Centrafrique ?

Mokpem Yaloke Albert : On ne discute pas la décision de la Cour Constitutionnelle.  Sauf que les juges se sont prononcés sur un acte qui n’existe pas. Il n’a pas une loi sur ça, ni un décret qui met en vente ces trois composantes du projet Sango Coin. Même dans la loi sur la cryptomonnaie, cela n’existe pas. C’est juste un projet mis sur une plateforme en ligne et qui n’a été encore développé puisque nous sommes encore sur Sango Coin. Voilà pourquoi certaines personnes ont qualifié de « forfaiture » la décision de la Cour Constitutionnelle.

Dans le communiqué de presse qui a été produit par le ministre d’Etat, Directeur de Cabinet de la Présidence de la République Obed Namsio, il le dit clairement que la Cour Constitutionnelle s’est prononcée sur une décision que nous n’avons pas encore prise.

Il y a une loi qui régit les cryptomonnaie et cette loi attend le décret d’application ainsi que les arrêtés d’application. Je ne me prononce pas dessus mais vous voyez qu’on met la charrue avant les bœufs.

La loi sur la cryptomonnaie qui crée Sango Coin n’a pas été mise en cause ni annulée par la Cour Constitutionnelle.  Nous avons des démarches légales pour obtenir la nationalité centrafricaine, comme dans tous les pays du monde.

Vous savez, Sango Coin vise à drainer des investisseurs qui ont des cryptomonnaie. C’est un projet de l’Etat, contrairement à d’autres cryptomonnaie qui sont portées par des individus. C’est ça l’innovation.  C’est ainsi que notre projet est sécurisé par la loi, et sécurisé par l’Etat qui en est le garant.

Là, le gouvernement soumet un projet à des bailleurs qui ont des cryptomonnaie. Ils deviennent des actionnaires.  Ceux qui investissement des milliards dans ce projet et qui remplissent des conditions pour devenir Centrafricains, ils ont le droit. Il n’est pas question de vendre les nationalités sur les marchés virtuels. Et si ce projet ne marche pas bien, l’Etat sera à mesure de justifier devant les actionnaires, contrairement aux autres cryptos où les individus disparaissent où bien se retrouvent en prison après la chute. C’est sur ce cas que les détracteurs utilisent pour mener des campagnes contre notre monnaie numérique.

Notre projet numérique a bouleversé le monde et nous sommes sûrs d’avoir des détracteurs car un pays pauvre comme la Centrafrique ne devrait pas porter cette innovation. Notre projet, c’est la construction d’une cité lumière et moderne sur l’ile des signes. C’est ça la réalité qui fait trembler les gens.

Oubangui Médias : Pour finir, monsieur le ministre Conseiller, la situation sécuritaire semble être calme ces derniers temps. Comment expliquez-vous cela?

Mokpem Yaloke Albert : Oui, le niveau de réponse de nos forces aux agressions a nettement augmenté. Aujourd’hui, nos forces sont à l’offensive et les groupes armés ne peuvent plus hasarder reprendre les mêmes exactions comme par le passé. On ne transige plus. Les agressions des groupes armés sont en baisse. Il ne reste que les bandits dispersés qui tentent toujours des attaques pour leur survie. Un travail se fait au ministère de la défense et l’Etat-major des armées. On ne laisse plus passer les exactions. Avec la levée du verrou de l’embargo, plusieurs pays ont manifesté leurs appuis à la Centrafrique. Le rapport des forces va changer définitivement.

Nous comprenons aussi que l’ennemie change de posture et nous devons nous adapter à cela. Il y a quelques poches à l’intérieur du pays que le gouvernement cherche à combattre. Nous avons réduit considérablement les capacités de nuisance des groupes armés dans le pays.

Aussi, le gouvernement le laisse plus passer les dérives de certaines forces de défense et de sécurité qui à un moment donné ont brillé par des violations des droits de l’homme. Il en a qui ont organisé des braquages en main armée. Le ministère de la défense vient de radier plusieurs FACA indisciplinés et rétrograder certains. Si nous voulons une armée forte, la discipline doit régner.

Oubangui Médias : Monsieur le ministre conseiller, porte-parole de la Présidence de la République, Oubangui Médias vous remercie.

Mokpem Yaloke Albert : Merci pour l’occasion.

Interview réalisée par Fridolin Ngoulou