La question sécuritaire demeure très préoccupante en Centrafrique. Malgré les efforts considérables du gouvernement avec l’appui des alliés et de la Minusca, le défi reste majeur. Chaque jour, le centrafricain se questionne sur sa sécurité. Si l’inquiétude est grandissante ces derniers temps dans la capitale suite à des bruits de bottes à l’intérieur du pays, cette situation se justifie puisque certaines de nos frontières sont poreuses.

C’est le cas de la frontière qui relie le Centrafrique, le Congo Démocratique et Brazzaville qui se trouve à Mongoumba au Sud-Ouest du pays. Cette ville sert d’entrée et de sortie avec accès direct à travers le fleuve Oubangui.  Par des bateaux baleinière ou Hors-Bords, des milliers de personnes y font le va-et-vient et surtout en transportant des tonnes des marchandises. Si cette situation est un véritable atout économique, elle se présente aussi comme une véritable position stratégique militaire, vue son positionnement géographique.

Certes, surplace, le gouvernement a déployé toutes les corporations militaires à savoir : la Gendarmerie, la Police de frontière, la Douane et les FACA (Bataillon Amphibie). Hélas, sur le terrain, il se présente que toutes ces forces n’assument que 50% de leur rôle.

Pourquoi ? Parce qu’elles n’arrivent pas à assurer le contrôle fluvial faute de moyen logistique. Imaginez que pour tous les corps armés que nous avions susmentionnée, ils ne disposent d’aucun moyen de transport fluvial entre autres : une pirogue, un mini hors-bord, un zodiaque ou charrette pour les permettre de faire la navette et assurer le contrôle sur le fleuve.

« Sur 10 bateaux, baleinières ou hors-bords qui quittent Bétou et autres villes riveraines transfrontalières depuis Brazzaville à destination de Bangui, nous pouvons avoir la chance de contrôler seulement un seul bateau. Sachant que nous ne disposons pas de moyen logistique fluvial pour les pourchasser, les transporteurs fluviaux refusent volontiers d’accoster et ceci devant nous qui regardons impuissamment  en grand spectateur. Souvent, ils accostent sur les iles jusqu’à la nuit tombante, échappent ainsi même au poste de contrôle de Zinga et entrent tranquillement à Bangui  », a relaté une autorité militaire présente à Mongoumba.

«Parfois, si un bateau refuse d’accoster au port de Mongoumba, nous contactons nos frères d’armes au niveau du poste militaire de Zinga afin de le devancer et l’arrêter. Nous sollicitons alors la pirogue d’un particulier pour aller mettre la main sur eux. Cette triste réalité fait que nous ne pouvons pas contrôler l’identité des passagers, leurs bagages et les marchandises qui entrent sur notre territoire » a regretté la même source sous l’anonymat.

Du coup, cette malheureuse situation ouvre la voie à un véritable circuit de contrebande et d’infiltration des personnes à moralité douteuse sur le territoire centrafricain. Un fait déplorable qui fait perdre beaucoup d’économie et met la vie de la République en danger du moment où le pays traverse encore une crise militaro-politique. Même si c’était en  période de paix, le principe de défense territoriale oblige à ce que toutes les frontières soient les plus sécurisées avec des bases militaires disposant des moyens logistiques conséquents.

Que peut-on faire pour résoudre ce problème qui nourrit la peur et met le centrafricain dans une position de course de vitesse ? Seul le ministère de la défense nationale, celui de la sécurité publique et de l’intérieure et l’État-major des armées pourront donner la réponse à cette problématique. Attendons voir…

Brice Ledoux Saramalet