Depuis un mois, une queue interminable en attente des heures devant les stations de Total, Tradex et Sarpoil pour remplir les réservoirs, jerrycans, futs et les bidons en essence à cause d’une pénurie.  Cette pénurie est provoquée par la fermeture de l’axe Douala-Bangui suite à la crise politico-militaire entre décembre 2020 et février 2021.

Le prix de l’essence à la pompe n’a point changé,  mais les stations d’essence dans la capitale centrafricaine n’arrivent plus à satisfaire la demande de leur clientèle. En raison de couvre-feu à 20 heures, on imagine que la demande reste pourtant inférieure à celle que l’on connaissait avant la crise.

Outre la demande, les prix sont également tirés vers le haut par les revendeurs. Un litre est vendu à 1200 FCFA. La crise grandissante du carburant a stimulé un marché noir de l’essence à Bangui. Les habitants de Bangui commencent à se plaindre. Certains accusent les autorités, les pompistes, les superviseurs et les revendeurs d’être responsables des pénuries. D’autres évoquent la théorie du complot contre le pouvoir, qui visiblement n’est pas en odeurs de sainteté avec certaines puissances qui détiennent le monopole de distribution de carburant.

Dans les ménages, les femmes ne parviennent pas à moudre le manioc avec les machines à essence. Pour se déplacer au marché, elles font de longue distance en moto qui leur coutent cher.

Sur les marchés, les prix des marchandises sont à la hausse à cause de la cherté de carburant. Certains centrafricains ont garé leurs véhicules ou motocyclettes, les travailleurs du secteur public et privé ont des difficultés pour se rendre à leur lieu de travail. Tout simplement, le mouvement de transport n’est plus fluide à cause de la pénurie de carburant.

En faisant le tour de la ville, on constate que quelques stations-service sont à l’arrêt. Cette situation provoque de longues files d’attente de cinq, six, ou sept heures de temps pour obtenir, par exemple, 10 bidons de 20 litres devant les rares stations qui restent ouvertes, tandis que les vendeurs à la criée de friperie de sacs et habits voire les chargeurs de bus et taxi aux terminaux des gares rejoignent par des dizaines de petits vendeurs de carburant au marché noir qui proposent des bouteilles en plastique contenant 10 litres de carburant.

La plupart d’entre eux facturent environ 1200 F CFA par litre d’essence. Des prix bien supérieurs à la tarification officielle du ministère de l’Énergie, soit 885 F CFA. Pourtant, un petit vendeur sur le bord de la route dans le 9ème arrondissement (Bimbo) assure faire beaucoup de bénéfices, s’il arrive à vendre 200 litres de carburant.

Comment eux, les revendeurs se procurent du carburant au détriment des passagers ?

Oubangui Médias, a échangé avec beaucoup de vendeurs dans les marchés noirs. Pour certains, ils se réveillent tôt à la recherche de carburant. Mais pour d’autres, on comprendrait une complicité entre eux et les pompistes, qui profitent de cette pénurie pour se faire de l’argent. « Il y’a des pompistes corrompus qui vendent à leurs clients préférés. Mais d’autres ont recruté des jeunes qui vendent pour eux. Donc ceux-là, font semblant de vendre aux clients alors que c’est pour eux-mêmes », a raconté un vendeur visiblement en colère contre les pompistes dans le 4em arrondissement de Bangui.

Quelques pompistes rapprochés, n’admettent pas l’idée de corruption ou de vente par fanatique.

Presque toutes les stations-service limitent les quantités d’essence à vendre dans la journée. Si les stations-service sont ouvertes dans la journée, c’est seulement peut-être pour une ou deux heures de temps.

L’essence est devenue une denrée rare depuis plusieurs jours. La capitale qui compte une vingtaine de stations-service, moins de dix distribuent encore du carburant dans la ville de Bangui. Et pour les banguissois, cette situation devient insupportable car la plupart ne peut plus travailler de leurs métiers journaliers. 

Assimbi Komodou