Déjà parmi les préfectures les plus affectées par une décennie de conflits et de problèmes structurels, le Haut-Mbomou a vu sa situation sécuritaire et humanitaire se détériorer progressivement depuis mars 2023. Deux groupes armés s’y affrontent sur fonds de conflits communautaires et de de contrôle de ressources, causant des effets dévastateurs pour les populations. Déjà au début de cette année, près de 80% d’habitants de la Préfecture avaient urgemment besoin d’assistance humanitaire et de protection.
Un lourd tribut pour les civils
En mai, suite aux affrontements entre ces groupes armés, plusieurs civils dont le nombre demeure inconnu ont été tués, des maisons brûlées et plus de 7 500 personnes se sont déplacées de Bambouti, Kadjemah et Mboki et se réfugient actuellement dans les régions de Zémio, Mboki et Bangassou dans la préfecture voisine du Mbomou.
Parmi ces personnes, 2 500 auraient traversé la frontière pour se réfugier en République Démocratique du Congo. A Kitessa et Maboussou sur l’axe Zémio-Mboki, des civils voulant fuir l’insécurité ne parviennent pas à se déplacer librement suite aux multiples barrières érigées par des hommes armés.
Une trentaine de civils ont été enlevés par un des groupes armés sur fonds de reconstitution de ses rangs et de contestation d’initiatives de consolidation de paix entre les communautés. Même si une partie d’entre eux a depuis été libérée, des risques similaires planent sur la population et restreint leur liberté de mouvement. Suite à l’insécurité persistante, l’accès aux marchés et services de base comme la santé est actuellement très limité pour les populations dont la sévérité des besoins humanitaires demeure parmi les plus élevées dans le pays, notamment en sécurité alimentaire. A cela s’ajoutent des problèmes d’accès physique à plusieurs villages qui s’observent durant la saison des pluies en cours (avril à octobre), en raison des inondations et des risques élevés de mouvements de population associés.
La santé particulièrement affectée
La base et la pharmacie de l’ONG qui fournissait les soins de santé à Mboki ont été pillées par des hommes armés en mai, entrainant une rupture totale en médicaments de première nécessité. Le poste de santé de Kadjemah a également été pillé et détruit. Suite à l’insécurité qui en a résulté, les équipes de l’ONG ont été évacuées de Mboki. Actuellement, il n’y a aucune présence humanitaire physique à Mboki. Cette insécurité a également provoqué une baisse de fréquentation des services de santé, y compris dans les zones de refuge, notamment à Zémio et Mboki. Les services de santé de la reproduction et les activités de vaccination sont particulièrement affectés, tandis que les risques de résurgence d’épidémies de rougeole et pics des cas de paludisme sont élevés.
Le recours aux accouchements assistés a baissé de plus de 55%, dans un pays avec le taux de mortalité maternelle le cinquième plus élevé au monde (829 décès pour 100 000 naissances vivantes). Des hommes armés ont également proféré des menaces de mort contre le personnel de santé et les acteurs humanitaires. Une sage-femme a été tuée en mai pour un prétendu soutien qu’elle aurait apporté à une des parties au conflit.
Une réponse humanitaire d’urgence
Les organisations humanitaires fournissent depuis fin mai des soins de santé aux personnes déplacées se trouvant à Zémio, notamment en santé primaire et de reproduction. Elles ont, entre autres, remis au centre de santé de Zémio des intrants médicaux permettant de répondre aux besoins d’environ 1 400 personnes pour une durée de trois mois, notamment pour le traitement des infections sexuellement transmissibles et lors des situations post-viol.
Les humanitaires ont également distribué du cash à 845 familles déplacées à Mboki, afin de leur permettre de se procurer des articles ménagers essentiels de leur choix.
11 forages et puits ont été à réhabilités pour permettre aux personnes déplacées d’accéder à l’eau potable.
300 personnes déplacées du site de l’Eglise CEEC à Mboki manquent de latrines et douches, et 230 familles déplacées à Zémio nécessitent une assistance en articles ménagers essentiels.
Face à l’ampleur de besoins au niveau national et au contexte qui subit des nouveaux développements, notamment avec l’impact de la crise du Soudan dans le nord du pays, celle à la région frontalière avec le Tchad à l’ouest du pays et celle sur l’axe Bria-Yalinga au centre, les capacités d’absorption des besoins supplémentaires deviennent de plus en plus limitées.
Une protection fragile
Malgré l’assistance en cours, la protection demeure la principale priorité des populations qui ne savent plus accéder à leurs champs, source principale de leur survie. Le retour des personnes actuellement en situation de déplacement continue de faire face à plusieurs problèmes de protection en particulier liés à la liberté de mouvement, y compris le risque de servir de bouclier humain aux parties au conflit, et à l’accès aux moyens de subsistance. Aussi, les civils continuent-ils de subir des représailles, notamment des tueries, pour un prétendu soutien à l’une ou l’autre des parties au conflit.
UNOCHA
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