Une génération passe, une autre vient. C’est la réalité de toute civilisation et nous ne pouvons envisager l’avenir du pays sans prendre ce fait en compte. D’ici 20 à 40 ans, la génération de nos pères, que nous aimons tant, aura pris de l’âge et sera fatiguée. Il nous faut préparer une nouvelle génération.

Dieu travaille avec les générations. Le Psaumes 102.18 dit « Que cela soit écrit pour la génération future, et le peuple qui sera créé louera l’Éternel ! » D’Éden à nos jours, il est un Dieu de générations.

Sachez que Dieu donne une vision pour un temps précis et choisit une génération précise pour accomplir celle-ci.

En tant que pasteur, je réalise que cette question est fondamentale et je prépare déjà la prochaine génération. D’ici quelques années, je n’aurai peut-être pas autant d’énergie et je devrais déléguer. Il y a peu, nous avons organisé un culte spécial au cours duquel avons confié la totale direction du culte aux jeunes. Ils ont prêché, conduit la louange, prié, tenu la cène, fait les annonces.

J’ai cependant remarqué qu’en Centrafrique la précédente génération ne veut pas céder sa place à la suivante.

De nombreux jeunes sont allés à l’université, ont obtenu des diplômes, travaillé dur, mais ils ont du mal à trouver une place au sein de la société. Lorsqu’ils tentent leur chance, on leur rétorque qu’ils n’ont aucune expérience. Or, si on ne leur laisse pas la possibilité de faire leur propre expérience, ils ne pourront jamais devenir forts.

Dieu nous donne une jeunesse formidable pourtant, même dans les églises, ils ont du mal à se voir confier des responsabilités et développer les talents que le Seigneur leur a donné.

Nous parvenons difficilement à utiliser les puissantes potentialités que le Seigneur nous donne.

En France, où je vis, je vois des jeunes occuper des responsabilités dans le gouvernement, gérer les portefeuilles, être ministres. La société leur offre la possibilité de démontrer ce dont ils sont capables.

N’avons-nous pas lu dans la Bible, alors que Dieu donne aux hébreux la Terre promise, qu’il a utilisé les jeunes pour explorer le pays ? Il sait que la jeunesse est forte et pleine de vigueur. De même, nous pouvons utiliser celle-ci de manière positive.

Plutôt que de lui donner des machettes pour couper des gens, nous pouvons la mettre au service de la nation. Combien de jeunes sont-ils diplômés aujourd’hui dans notre pays sans être utilisés ? Combien de jeunes sont-ils capables de réaliser de grandes choses sans que nous ne parvenions à leur faire confiance ?

Cette crise de confiance entraîne la rébellion et la colère. J’avais mentionné dans un précédent article le fait qu’une multitude d’églises se créaient en raison du désordre ambiant, mais beaucoup de jeunes m’ont confié « C’est parce qu’on ne nous fait pas confiance, croit en ce que Dieu a déposé en nous. Nous avons décidé de prendre notre destin en main ».

Voici quelques années, j’étais encore un adolescent. Aujourd’hui, je ne suis pas si vieux, mais je constate que des cheveux blancs commencent à pousser, et je réalise que la vie est une question de saison. Lors de la création, il y eut un matin et un soir. Il y a toujours un matin et un soir. Alors si vous êtes un soir, vous devrez préparer le matin qui arrive. Cela consiste à préparer la jeunesse, investir en elle et lui faire confiance.

Dans les administrations, certains se croient tout-puissants et sont comme des forteresses imprenables. Lorsqu’un jeune fraîchement diplômé arrive, on lui dit « Pour qui te prends-tu ? Demande à ceux qui t’ont précédé et vois s’ils sont parvenus à changer quoi que ce soit ». Un tel langage ne peut encourager la jeunesse.

Alors que je séjournais au Bénin, j’ai échangé avec un aîné. J’avais beaucoup d’énergie à revendre mais il m’a confié « Cyriaque, après avoir terminé mes études en France, alors que la plupart de mes amis restaient, j’ai souhaité regagner la Centrafrique pour contribuer à son développement, mais j’ai rencontré tellement d’opposition que j’ai préféré partir ».

Il arrivait avant tout le monde sur son lieu de travail et travaillait au-delà des horaires contractuels, mais il a été cassé par ceux qui étaient là avant lui. « Penses-tu changer le système ? Celui-ci existait bien avant toi. Si tu veux vivre longtemps, ferme ta bouche » lui ont-ils dit. Ce jeune a finalement plié bagage. Une intelligence venait de partir.

A cause des excuses de ceux qui ont solidement pris racine dans le vieux système, essoufflé et apathique, on ne laisse pas sa place à la génération qui suit. C’est un véritable problème qui détruit notre société.

Si nous voulons voir notre pays prospérer et de nouvelles idées émerger, alors cédons la place à la jeunesse.                                 Cyriaque Ndickini