Pourtant très saluées par la population centrafricaine, les rafles organisées par les forces de défense et de sécurité deviennent de plus en plus un business, un véritable fonds de commerce qui met à mal la sécurité dans le pays.

Depuis plusieurs mois, Bangui et ses environs vivent au rythme des rafles. Des secteurs sont bouclés, des matériels de guerres et des armes blanches jugées dangereuses ont été saisis par les forces de défense et de sécurité.

Ces fouilles de papiers, en même temps d’armes ont permis de dissuader les bandes armées et des braqueurs qui opéraient dans la capitale et ses environs. Depuis les tentatives d’incursion des rebelles de la Coalition des Patriotes pour la Paix (CPC) de François Bozizé, l’insécurité s’est installée dans la capitale. Des mesures fortes ont été prises : Un couvre-feu, la restriction de circulation des taxis-motos et un Etat d’urgence. A cela, il faut ajouter les opérations de rafle dans la ville de Bangui et ses environs ainsi que le désarmement volontaire initié dans la capitale.

Forces est de constater que dans plusieurs secteurs, surtout dans les zones jugées vertes, notamment dans les 2ème et 6ème arrondissements de Bangui, ces opérations de police se transforment en business.

Comment ?

Il y’a plus d’une semaine dans le secteur du quartier Saint Jean dans le 2ème arrondissement de Bangui, les portes à portes des forces de défense et de sécurité étaient vivement critiquées. « J’avais mes papiers, malgré cela, les gendarmes m’ont demandé 2000 FCFA si, ils allaient m’embarquer. Par peur qu’on me jette encore un motif, mes parents ont payé la somme», a témoigné une victime.

Ce cas, est aussi arrivé à un sujet de nationalité camerounaise dans le secteur. « Il avait tous ces papiers, c’est un commerçant mais il a été arrêté. Ses frères ont payé 10.000 FCFA avant sa libération », a témoigné un témoin des faits à Oubangui Médias.

Dans ce secteur comme dans plusieurs autres, que tu sois en règle ou pas, tu dois payer pour éviter les ennuis. Un jeune du secteur Yapélé s’est retrouvé en prison, malgré ses papiers. C’est juste parce qu’il a résisté à la corruption. « J’ai un passeport qui expire en décembre 2021. En plus de cela, j’ai ma carte d’électeur. Quand ils ont arrivés, je leur ai tout présenté. Ils m’ont demandé la Carte Nationale d’Identité, j’ai répondu que n’en ait pas, j’ai mon passeport. Voilà la raison pour qu’on m’embarque. De là, je voyais comment les parents passaient pour payer et obtenir la libération des siens. J’ai passé une nuit. Le lendemain, mes parents sont arrivés pour expliquer à leur chef et j’ai été libéré. Sauf que depuis lundi, je ne retrouve pas mes pièces », a expliqué un jeune, victime de la rafle.

« La rafle est à saluer. C’est pour notre sécurité. Mais faire de cela un fonds de commerce, nous regrettons et nous appelons les autorités à revoir leur copie », a lancé Gislain, retrouvé dans le 8ème arrondissement de Bangui.

Cette opération, créé plus de frustration au sein de la population centrafricaine. Même si les autorités ont décentralisé la confection de la Carte Nationale d’Identité dans certains arrondissements de Bangui, toute la population n’a pas pu bénéficier de ces pièces.

Que ça soit le passeport, la Carte d’électeur et autres pièces reconnues, tout se fait à base des Actes de Naissance. Mais se focaliser sur la CNI, Hermann, un étudiant à l’Université de Bangui pense à une stratégie. « Je pense que refuser les autres pièces et demander seulement la CNI semble être une stratégie pour contraindre les gens à aller payer. Ce dossier, nous savons qui est derrière. La société a sa part et certaines autorités aussi. Car déjà, la loi fixe un prix, la société impose un autre et les autorités de disent rien. Cela ne sent pas bon», a souligné cet étudiant.

Où va l’argent rançonné ?

Ce qui est regrettable, si l’Etat avait établi une amande à payer en cas de non possession des pièces, la population devrait être au courant, par le truchement des médias. Mais aucun document officiel n’autorise les forces de l’ordre à prélever des amandes sur ceux qui possèdent pas des papiers en règles, ni encore sur ceux qui sont en règle et qui qui se voient spolier de quelques billets de banque.

Le gouvernement effectivement communiquer sur ces rafles, diligenter des enquêtes en vue de sanctionner les brebis galeuses qui rackettent la population. Billet de banque avant de libérer les détenus est une pratique qui ne contribue pas à la sécurité dans le pays.

Jean Ngbandi