Le médiateur de la République El Hadji Laurent Ngon Baba a échangé, le jeudi 7 juillet 2022 en la salle de conférence du Conseil National de la Médiation (CNM) à Bangui avec les leaders des organisations de la société civile, à savoir la plateforme Galaxie Nationale, le réseau des organisations des droits de l’homme, la CIONCA, le GSTC. Le but de cette rencontre est d’échanger avec ces leaders sur la situation qui prévaut actuellement dans le pays afin de créer un climat apaisé garantissant la paix et la cohésion sociale entre ces leaders.

Ce dernier temps les messages de l’incitation à la haine font rage sur les réseaux sociaux entre, les organisations de la société civile au sujet de la modification de la Constitution du 30 mars 2016. Les uns sont pour et les autres sont contre cette modification. C’est pourquoi le médiateur de la République les a interpellé pour voir comment positiver cette situation en considération de son rôle consistant à améliorer les relations entre les citoyens et l’Administration, en vue de protéger et promouvoir les droits des citoyens, de recevoir les réclamations des citoyens et de proposer des solutions en matière de prévention, gestion et résolution des conflits.

La RCA est un état de droit où les rapports entre les citoyens et l’administration sont clairement définis, les droits et les devoirs bien légiférés. C’est ainsi que l’art.15 de la Constitution du 30 mars 2016, dispose que : la liberté d’expression, d’information et de diffuser ses opinions par la parole, la plume, l’image et tout autre moyen de communication, sous réserve du respect des droits d’autrui, est garantie individuellement ». Aussi, l’art. 14 al.2 précise que « les associations, les groupements, les sociétés et les partis politiques dont les activités sont contraires à l’ordre publique ainsi qu’à l’unité et à la cohésion du peuple centrafricain sont prohibés ».

El hadji Laurent Ngon Baba, Médiateur de la République donne son point de vue : « Nous avons voulu échanger avec ces leaders sur la situation qui prévaut actuellement dans notre pays que nous avons en partage. En effet, au sortir du dialogue Républicain, le peuple Centrafricain aspirait au retour définitif de la paix, de la quiétude et à la cohésion sociale. Force hélas est de constater que d’autres scenarii sont offerts au peuple. Dans notre contexte de retour progressif à la paix et à la sécurité, des discours et déclarations incendiaires à caractère haineux, menaces proférées, la désinformation circulant généralement en ligne prennent place ».

Des messages à la haine qui inondent les réseaux sociaux et qui sont de nature à troubler l’ordre public contribue à aggraver la situation du pays alors que le pays se trouve dans une reprise progressive de la paix. Malheureusement, ces multiples messages perturbent le moral des centrafricains. C’est pourquoi, le médiateur a jugé mieux de rencontrer les leaders pour échanger avec eux afin de les amener à aimer leurs pays et pour qu’ils contribuent aussi au retour de paix en RCA.

Didatien Kossimatchi, le coordonnateur de la plateforme Galaxie a, pour sa part, déclaré que cette initiative est très louable et il va faire le recul : « ces derniers temps, nous assistons à un véritable jeu de Ping pong sur les réseaux sociaux et cela a pris une autre tournure. Mais, pour l’intérêt général du peuple, pour la paix en République Centrafricaine, nous irons dans nos bases respectives pour leurs expliquer qu’à partir de maintenant, on va faire le recul. La balle est maintenant dans la base de nos frères de changer. S’ils ne changent pas, de toutes les manières, la justice va faire son travail ».

Selon maitre Bruno Hyacinthe Gbiegba, l’un des leaders des organisations de défense des droits de l’homme, ils sont tous d’accord pour que le CNM continu dans ce sens et il suffit qu’on leur laisse le temps de s’expliquer. Mais malheureusement, ils ont déploré le fait que les médias d’Etat n’accordent de passage qu’a certains leaders socio politiques qui se réclament de la société civile pour aller insulter une bonne partie de la population et les autorités du pays ne s’avisent pas.

Il faudrait aussi que les autorités garantissent l’accès de toute les sensibilités aux médias d’Etat et que tous interviennent dans le respect mutuel : « Nous sommes tous d’accord pour que le Conseil National de la Médiation continue de faire ce travail pour qu’après cette rencontre avec la société civile, le médiateur appelle aussi les partis politiques pour les rencontrer afin d’échanger avec eux. Pourquoi pas un jour, inviter conjointement la société civile et les partis politiques à s’assoir ensemble pour échanger, parce que nous n’avons qu’une seule richesse qui est la RCA. Donc, quand il y a ces genres d’appel à la haine et à la violence, cela nous fragilise. Nous devons tous nous battre chacun selon son option pour nôtre pays. Nous devons éviter la violence et les appels à la haine », a dit Maitre Gbiegba.

La Centrafrique est un pays fragile. C’est dans ce sens qu’en vertu de l’article 134 de la Constitution et des articles 21 et 22 de la loi Organique portant composition, organisation et fonctionnement du CNM, ce dernier a cette mission pour de chercher des voies et moyens pour que la concorde revienne entre les citoyens et les autorités administratives.

La prolifération des discours de haine et de la désinformation a fragilisé le tissu social et a rendu électrique les tensions politiques et diplomatiques dans le pays. Si certains acteurs s’impliquent dans la lutte, d’autres tirent profit de ces désinformations, dans ce pays où tout est à reconstruire dans un esprit apaisé.

Dorcas Bangui Yabanga