L’Affaire Procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) contre Joseph Kony reste pendante après l’ouverture des procédures par contumace. Cependant, en Centrafrique, le gouvernement n’a pas saisi la CPI sur le sort des victimes centrafricaines. Le journal Oubangui Médias, dans le cadre de la journée nationale des Victimes a tendu son micro à Maître Isabelle Kessel qui exige à ce que les victimes centrafricaines prennent part aux procès.

Oubangui Médias : Bonjour Maître Isabelle Kessel, vous êtes l’Avocat de l’Association des Victimes de la LRA en Centrafrique. Pouvez-vous nous en dire plus sur la procédure judiciaire actuellement devant la CPI ?

Maître Isabelle Kessel : Bonjour Monsieur le journaliste. J’ai saisi le Procureur de la CPI d’une plainte pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité contre les éléments de la LRA et contre Joseph Kony pour mes clients à savoir les 1470 victimes centrafricaines de la LRA. 

Oubangui Médias : Vous parlez de 1470 victimes déjà recensées. Reste-t-il encore des victimes à identifier ?

Maître Isabelle Kessel : Nous avons d’ores et déjà recensé et identifié 1470 victimes de la LRA dans le Haut Mbomou, le Mbomou et la Haute KOTTO grâce au concours de la division droits de l’homme de la Minusca. De nombreuses victimes restent encore à identifier et les victimes sont abandonnées à leur sort et ne bénéficient d’aucune prise en charge médicale et psychologique. Ce qui est préoccupant.

Oubangui Médias : Maître Isabelle Kessel, parlez-nous de la requête du Procureur de la CPI de novembre 2022 demandant un procès par contumace de Joseph Kony. Où en est-on actuellement ?

Maître Isabelle Kessel : Le Procureur de la CPI a adressé une requête au juge de la CPI en novembre 2022 afin de demander un procès par contumace de Joseph Kony. Un mandat d’arrêt a été délivré contre Joseph Kony en 2005. La LRA a commencé ses exactions en Centrafrique depuis 2008. Jusqu’à présent Joseph Kony n’a toujours pas été arrêté. Les victimes ont trop souffert et attendent que la justice se fasse. Mes clients attendent la décision du juge de la chambre préliminaire de la CPI quant à la tenue de ce procès par contumace de Joseph Kony.

Oubangui Médias : Maître avez-vous un message à l’endroit de la CPI  et des autorités Centrafricaines?

Maître Isabelle Kessel : Les victimes centrafricaines de la CPI par ma voix, demandent à ce que la CPI ne les oublie pas. Les victimes centrafricaines veulent participer au procès Kony aux côtés des victimes ougandaises. Pour le moment, l’affaire Kony ne concerne que les victimes ougandaises car l’État ougandais avait saisi la CPI des exactions commises sur son sol.

Pour la Centrafrique, l’État centrafricain n’a pas encore saisi la CPI. C’est ainsi que nous avons saisi le Procureur de la CPI pour participer à cette procédure. Les victimes centrafricaines de la LRA sont des victimes à part entière et entendent bien faire valoir leur droit à réparation. Il y a trois modalités pour saisir la CPI ; tout d’abord l’État sur lequel sont commis les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, peut saisir la CPI. Ensuite le Conseil de sécurité des Nations Unies peut saisir la CPI sous chapitre 7 de la Charte des Nations Unies et enfin le Procureur de la CPI peut engager des poursuites dans une affaire.

Les victimes centrafricaines attendent d’être soutenues par le gouvernement centrafricain et que les autorités centrafricaines saisissent la CPI pour que leur situation soit évoquée au sein de l’affaire Kony pendante devant la Cour.

Oubangui Médias : Maître Isabelle Kessel, nous vous remercions

Maître Isabelle Kessel: C’est à moi de vous remercier.

Interview réalisée par Fridolin Ngoulou