Lors de son traditionnel discours à la Nation le 31 décembre dernier sur les ondes de la radio nationale, le Chef de l’Etat Faustin Archange Touadéra a salué la détermination des ministères de la défense et de la sécurité publique qui ont déployés des efforts au péril des vies de leurs hommes pour ramener la sécurité et la paix dans le pays, tout en déplorant l’utilisation de certains engins non conventionnels par les rebelles de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC) comme les drones et les mines antipersonnel.

Malgré la signature d’un accord entre le gouvernement et les 14 groupes armés en 2019, le pays fait face toujours au défi sécuritaire.

Même s’il y a une avancée significative dans ce processus qui selon les autorités centrafricaines, a permis le désarmement et la démobilisation de plus de 4.884 ex-combattants, l’intégration de 1.000 autres dans les forces de défense et de sécurité et d’obtenir la dissolution de 9 groupes armés, sur le terrain, des attaques sporadiques continuent à être enregistrées.

Le Chef de l’Etat a souligné aussi que, le Projet de Réintégration des Ex-Combattants, financé par la Banque Mondiale, a permis de former et réinsérer dans leur communauté 2.819 ex-combattants, d’assurer la réinsertion socio-économique de plus de 1000 jeunes à risque et la réalisation de 70 infrastructures socio-économiques telles que les forages, les écoles, les maternités et les magasins de stockage de semences. Mais le défi reste énorme.

En marge des activités du DDRR, 140 ex-combattants de la LRA et leurs familles ont été rapatriés, après une quinzaine d’années de présence sur notre territoire, en collaboration avec le Gouvernement ougandais, et grâce au soutien logistique de la MINUSCA, permettant ainsi à nos concitoyens du Haut-Mbomou de recouvrer progressivement la liberté.

Plus de 7430 compatriotes réfugiés sont rentrés en 2023 au bénéfice de la paix.

Il s’est félicité des actions menées par des forces de sécurité intérieure (FSI) et les Forces Armées Centrafricaines (FACA) pour la conquête de l’ensemble du territoire national. 

 Une victoire qui selon le président centrafricain a été remportée grâce aux efforts des FSI, des FACA et avec l’appui des alliés russes, rwandais ainsi que la Minusca, qui ont ménagé aucun effort dans le rétablissement de la sécurité et la paix dans le pays : « En 2023, la capacité de nuisance des ennemis de la Nation a été considérablement réduite, en dépit des moyens non conventionnels utilisés par ces bandits de grand chemin. Notamment les mines antichar et antipersonnel, les aéronefs et les renseignements fournis par des commanditaires étrangers sur les positions de nos soldats et alliés.», a décrié le Président de la République.

Il est important de souligner que dans cette guerre de libération, des FSI et FACA sans oublier les alliés sont tombés au champ de batail.

Une situation qui doit interpeller les autorités centrafricaines sur la qualité de la formation de ces forces qui sont déployées sur les fronts après deux ou trois mois de formations.

Le numéro 1 centrafricain n’a pas hésité de rendre hommage à ceux ou celles dont leur sang a été coulé pour la noble cause :

« En ces moments de retrouvailles familiales, je voudrais rendre un hommage appuyé de la Nation à ces héros de la  paix. Puisse leur sang être une semence de fraternité entre les peuples de notre pays. Exorciser notre pays des démons de la violence aveugle, de la division, de la haine et de l’autodestruction», a souligné le président Faustin Archange Touadéra.  

Ce discours du Chef de l’Etat intervient 8 jours après le massacre de Nzakoundou situé dans la Préfecture de Ngaoundaye, perpétré par des éléments des 3R qui sévissent dans la partie Nord et Sud-ouest de la RCA. Cette attaque a occasionné la mort d’une vingtaine de civils et plusieurs maisons incendiées. Même si la Minusca a annoncé une assistance de l’aide humanitaire aux populations de cette ville, il faut souligner que le besoin reste énorme en termes de sécurisation du pays.

Selon le Chef de l’Etat le processus d’opérationnalisation des zones de défense a été renforcé par la mise en place de leurs Etats-majors et la création de trois (3) Bataillons d’Infanterie Territoriale supplémentaires et d’un premier Bataillon d’Intervention Rapide.

Pour répondre aux besoins persistants de la population sur la représentativité des FACA sur l’ensemble du territoire national, le chef de l’Etat a annoncé la réouverture de l’école militaire des enfants de troupe (EMET) qui a été fermée sous le régime de feu Ange Félix Patassé suite aux multiples mutineries contre son régime. Aussi la poursuite de la réhabilitation des casernes pour l’opérationnalisation de l’armée de garnison et les recrutements des jeunes dans l’Armée, la Gendarme et la Police,  ce qui permettra, dans quelques années, d’établir un maillage territorial pour mettre fin à l’insécurité.

Ces annonces, très peu commentées reviennent dans les discours du président si l’occasion se présence. Cependant, nombreux sont des observateurs qui attendent réellement la sécurisation totale du pays, le désarmement et dissolution de tous les groupes armés ainsi que la traduction devant les juridictions nationales et internationales des responsables des groupes armés et auteurs des crimes graves commis contre la population civile.

Christian-Stève SINGA